Early Access: For The Warp
Critique de For The Warp, roguelite FTL / Slay The Spire par le studio portugais Massive Galaxy Studios sorti en Early Access le 27 mars 2020
Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis dit en explorant les sorties sur Steam : tiens, encore un roguelite avec des cartes, de la construction de deck et des combats en tour par tour. Ce qui n’est pas un problème en soi. For The Warp tombe directement dans cette catégorie tout en mixant tout ça avec le gameplay de FTL. Mais mélanger de bons ingrédients ne suffit pas toujours à faire un plat réussi, alors voyons plus en détail si cette union mérite d’être consommée.
L’espace, dans les jeux vidéo, ressemble souvent au Far West Hollywoodien. Des richesses à amasser, des pillards, des représentants d’une loi très localisée et des armes à foison. On y dépense des fortunes en vaisseaux de haute technologie, on y tue des pilotes et des ingénieurs à la pelle lorsqu’on les éparpille dans le vide infini et on y claque le butin chèrement acquis dans des stations construites un peu partout par des corporations avides.
Dans FTW (oui, même le nom n’est pas anodin), notre épopée commence aux commandes d’un vaisseau chargé de transporter un trésor à l’autre bout de la galaxie. Dans cet univers, un système des portes Warp (terme magique signifiant téléportation) relie les galaxies entre elles. Mais par un truchement scénaristique bien pratique (sinon il n’y aurait pas de jeu), celle qu’on devait emprunter ne fonctionne pas et ça va nous obliger à partir en randonnée à travers des territoires hostiles.
Pour survivre face aux hordes variées bien décidées à nous piquer notre chargement, notre bâtiment possède canons et boucliers. Notre deck de départ est donc limité à quelques cartes et comme dans un certain nombre de jeux de société (Dominion, la série des LEGENDARY…) il va s’étoffer de nouvelles cartes permettant attaques puissantes ou incapacitantes, défenses plus efficaces ou autres gadgets plus ou moins utiles. Sans oublier qu’en début de partie, on choisit entre trois types de vaisseaux qui changeront les cartes avec lesquelles ont commence.
Au début de chaque tour de combat, on pioche de quatre à cinq cartes et on dispose de points d’activation à dépenser pour les jouer, chacune coûtant plus ou moins cher. Il faut donc jongler entre plusieurs petites actions ou un seul effet puissant. On peut par la suite améliorer la structure de notre vaisseau en récupérant de l’équipement apportant bonus permanents : plus de points de vie, une capacité de bouclier plus importante ou des points d’activation supplémentaires.
En face, l’ennemi fonctionne suivant des règles différentes. Déjà, ils peuvent être supérieurs en nombre alors qu’on reste bien seul face au danger. Ensuite ils disposent également de boucliers, qu’il faudra user avant de pouvoir endommager leur coque. Enfin, leur action à venir est connue. On sait donc si tel adversaire va attaquer et quelle fourchette de dégâts il va occasionner, s’il va renforcer ses boucliers ou utiliser une action spéciale (réduction de nos points d’activation pour un tour, de notre capacité de bouclier…).
Toute la gymnastique consiste donc à faire au mieux en fonction de la situation ; si on sait que l’ennemi va attaquer, on essaiera de changer sa prochaine action, de renforcer ses boucliers ou de lui donner le coup de grâce si l’on dispose de cartes qui le permettent. Si on ne risque pas de prendre des dégâts au prochain tour, ce sera plutôt l’occasion de s’octroyer divers bonus pour la suite du combat. Mais tout dépend évidemment des cartes qui composent notre deck et de la « chance » au tirage.
Après chaque victoire (puisque la défaite signifie la fin de la partie, roguelite oblige), on ramasse quelques récompenses et on continue de progresser case par case sur la carte quadrillée du secteur (générée aléatoirement). On peut rusher vers la WarpGate ou explorer le moindre spot de la map pour looter du stuff (ouais, j’ai fait progamer deuxième langue) avec le risque de tomber sur plus fort que soi.
On trouvera aussi des missions secondaires sponsorisées par Fedex, des magasins où acheter nouvelles cartes, équipement et carburant, et parfois même des ruines à explorer (avec pas mal de fric à se faire en échange de dégâts encaissés). Lorsqu’on arrive à la sortie, un « boss » nous attend ; une fois déglingué, on récupère une partie de nos points de vie et on recommence dans le secteur suivant. C’est par définition assez répétitif et malgré tout plutôt varié, en fonction des cartes chopées et des ennemis rencontrés.
Les graphismes en pixel-art n’ont rien à envier à ceux d’un FTL, ils restent lisibles et agréables tout en ayant l’avantage de demander un espace disque minimal et de tourner sur tout ce qui est un peu plus puissant qu’une calculatrice. La musique synthwave soft de Martyn Stonehouse appuie encore ce côté rétro. Le design des vaisseaux est plutôt cool, tout comme les animations ; ce souci du détail rend l’ensemble agréable à parcourir, même si ça reste simple et finalement assez convenu.
J’ai découvert ce jeu parce que j’en suis un autre appelé Massive Galaxy. Développé par le studio éponyme, il nous promet une aventure style point&click avec de l’exploration et du commerce. Situé dans le même univers, For The Warp est un side-project du même studio portugais avec un gameplay complètement différent (mais le même compositeur). Quand je vois la qualité du gamedesign et des finitions de FTW, j’attends avec d’autant plus d’intérêt que Massive Galaxy sorte en 2020.
FTW est toujours en Early Access et des mises à jours viennent régulièrement ajouter de nouvelles cartes et évènements. Le prix demandé n’est pas prohibitif mais il risque d’augmenter d’ici la sortie prévue d’ici un an. Il est intéressant de noter que si vous le prenez sur Itch.io, à l’heure où j’écris ces lignes il vous coûtera moins cher et vous aurez droit à une clé Steam, tout en soutenant le studio en lui apportant un pourcentage plus important.
Si vous appréciez les jeux de cartes, sachez qu’il est moins profond qu’un Slay The Spire mais les mécaniques sont tout de même très fonctionnelles et rendent les parties intéressantes. Si c’est l’ambiance FTL qui vous tente, FTW en copie certains aspects tout en proposant sa propre approche. C’est un petit jeu qui se joue par courtes sessions, que je relance régulièrement pour découvrir les ajouts et essayer, vainement jusqu’ici, de me faire le dernier boss particulièrement violent. Je le conseille vivement, avec toutes les réserves d’usage lorsqu’il s’agit d’un accès anticipé (durant lequel je n’ai rencontré aucun bug ni plantage jusqu’ici).
Genre : FTL croisé avec Slay The Spire
Développeur indépendant : Massive Galaxy Studios
Prix : Environ 13,50€ sur Itch.io – Environ 15€ sur Steam
Date de sortie en version anticipée : 27 mars 2020
Testé sur une version presse fournie par le studio