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Early Access: Death Roads: Tournament

Ce qui est bien dans les jeux vidéo, c’est qu’on peut y vivre des expériences nouvelles, impossibles ou interdites dans la vie réelle. Alors vivement le futur post-apo de Death Roads: Tournament : j’aurais le droit d’y conduire sans permis.

Dans les années 60, on imaginait le futur avec des voitures volantes. Dans les années 80, Mad Max voyait ça bien plus crasseux, mais on y avait toujours de l’essence pour faire vrombir de gros moteurs dans le désert.

Death Roads: Tournament s’inscrit dans cette continuité, avec des véhicules équipés par l’Agence Tous Risques qui traversent des USA post-apo d’Ouest en Est vers East Coast City, un Eden réservé à une élite. Pour prouver que vous y avez votre place, il vous faudra survivre à une compétition sauvage et être le seul à l’atteindre en un seul morceau.

Un monde post-apo sans panne d’essence

J’espère que vous n’êtes pas allergiques aux mélanges : Death Roads: Tournament est un roguelike deckbuilder tactique en tour par tour dans lequel on choisit sa route entre plusieurs itinéraires comme dans FTL.

Chaque voie est composée de plusieurs étapes qui peuvent être de deux natures : un combat contre d’autres véhicules hostiles, ou un évènement aléatoire. C’est l’équivalent des cartes Chance au Monopoly, on peut en ressortir plus riche ou y perdre des ressources. On atteint ensuite des checkpoints où on pourra acheter et vendre de l’équipement ou réparer les dégâts que l’on ne manquera pas de subir.

Le côté deckbuilding est plutôt bien pensé ; notre bagnole est constituée d’un moteur, de roues, et de divers emplacements pour y installer des armes. Chaque élément nous octroie des cartes qui constitueront donc notre deck dans lequel on piochera à chaque tour pour remplir notre main.

Notre configuration sera mise à l’épreuve lors des combats tactiques. Ici, la route fait office de cases d’échiquier ; freinages, accélérations et coups de volants nous permettront de nous positionner au mieux pour exploiter les capacités de notre équipement.

Le lance-missile au contrôle technique

Vous avez une boule de chantier à l’arrière ? Dépassez vos adversaires pour leur écraser sur le capot. Une grosse gatling à l’avant ? Restez derrière eux pour les cribler de balles. Des jantes avec des piques ? Restez à leur hauteur pour les percuter sur le côté et les faire valser dans les murs.

Vos points d’action sont symbolisés par votre score de conduite. Gardez-en toujours un peu en stock, sous peine de partir en dérapages qui pourraient vous mener au game over si la chaussée se rétrécit au mauvais moment.

Faites confiance à vos adversaires pour vous tamponner allègrement pour réduire ce total à zéro. Si vous en sortez victorieux, vous ramasserez de la thune (qui vous servira à réparer et / ou acheter du matos) et vous aurez le choix entre plusieurs pièces d’équipement pour faire évoluer votre deck.

Dernière subtilité (le jeu n’en manque pas, malgré l’univers bien bourrin) : certaines cartes verront leurs effets changer en fonction de la position de la boite de vitesse. Vous aurez plus d’options en quatrième qu’en première, mais si vous êtes amenés à déraper, vous danserez bien plus longtemps en cinquième qu’en seconde.

Fallait prendre à droite après la centrale nucléaire en fusion

Tout est question d’équilibre. Vous pouvez construire un deck basé sur le contact pour endommager les ennemis, cumuler les armes tirant vers l’avant, l’arrière ou sur les côtés, ou compter sur la mobilité pour rester hors de portée.

Chaque pilote a des compétences exclusives ; si on commence avec un seul personnage jouable, on en débloquera de nouveaux au fil de nos runs. C’est le côté roguelike. Pareil pour les véhicules qui auront une configuration de départ qu’on pourra changer comme on l’a vu, mais aussi un châssis avec plus ou moins de points de vie et de conduite.

Death Roads: Tournament propose donc des combats intéressants. On répand de l’huile sur la route pour faire déraper nos adversaires, on calcule ses déplacements pour maximiser ses dégâts et surtout, surtout, on essaie d’avoir un ou deux coups d’avance pour éviter de prendre trop de dégâts.

Parce que j’ai quand même des reproches à lui faire, principalement qu’il ne nous veut pas du bien. Evidemment, le côté pioche des jeux de cartes fait qu’on n’aura pas toujours à disposition la carte qui nous arrangerait. Cette part d’aléatoire ne serait pas gênante si le jeu était moins difficile, ou plutôt, mieux équilibré.

Jouer au poker avec des cartes routières

Les garages où l’on peut se réparer sont rares et coûtent très cher. Vu qu’on enchaine les rencontres avec des adversaires supérieurs en nombre, on prend beaucoup de dégâts, même au début du run contre des ennemis assez faibles.

Alors quand la difficulté monte d’un cran passé la moitié de la carte, on a peut-être de meilleurs pneus et des armes plus efficaces, mais on est souvent à moitié fracassé et rester en vie devient un exploit.

Sans compter que c’est un tournoi, en compétition contre d’autres pilotes qu’on finira par croiser. Ces boss sont encore plus retors et la meilleure technique que j’ai trouvé pour m’en débarrasser sans y passer toute ma santé reste de les envoyer dans les murs quand la route se rétrécit.

Je n’ai rien à redire à l’ambiance visuelle ; c’est propre, bien dessiné, crasseux et rouillé comme il faut pour rester dans le post-apo. L’interface pourrait être plus lisible, notamment la représentation des effets temporaires, mais je chipote. Quant à la musique, sans être désagréable, elle est très répétitive vu la durée des combats ; je l’ai vite réduite puis remplacée.

Développé par The Knights of Unity, studio polonais qui a beaucoup travaillé sur des portages, optimisation et soutien au développement d’un grand nombre de jeux (Cult of the Lamb, Solasta: Crown of the Magister, SIGNALIS, Disco Elysium…), Death Roads: Tournament est la version informatique de Death Roads: All Stars, leur jeu de plateau dans le même univers.

Death Roads: Tournament fait le plein de mécaniques qui fonctionnent bien si on tolère l’aléatoire, mais il est aussi exigeant, punitif voire même frustrant quand un run bien parti se termine prématurément à cause d’un piochage malheureux.

C’est pas parce que c’est la fin du monde qu’on peut pas rouler en slip

Il est encore en Early Access, ce qui signifie que de nouvelles cartes, pilotes, évènements et véhicules sont à prévoir, mais j’espère aussi que l’équilibrage sera ajusté pour que la victoire – ou la défaite – se joue moins sur un coup de chance.

Un peu moins d’ennemis, plus de récompenses, des armes plus efficaces ? Sans réclamer un jeu plus facile, quelques variables pourraient être ajustées pour moins dépendre de l’aléatoire. Dans l’état, je suis condamné à souffrir, mais cela ne m’empêche pas de prendre beaucoup de plaisir grâce à un système de jeu qui, sans être original, mixe bien ses différents concepts.

D’ailleurs je remets ma ceinture de sécurité et je remets les gaz, j’ai fort envie de tester ce nouveau personnage que je viens de débloquer qui pilote en slip en fumant la pipe.

Genre : Roguelike Deckbuilder / Tactique en tour par tour

Développeur indépendant : The Knights of Unity

Plateforme : Steam

Prix : 14,49€

Date de sortie en Early Access : 28 mars 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.