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Dead Island 2

 S’il y a une chose dont on peut être sûrs avant même de le lancer, c’est que Dead Island 2 n’a pas eu une enfance heureuse. Abandonné à la naissance, passé de famille d’accueil en famille d’accueil, il a erré pendant dix longues années ici et là, regardant avec envie son grand-oncle prendre toute la place – et la gloire – alors qu’il devait se contenter de rares news. Fort heureusement, recueilli par un studio aimant, notre ami a enfin atteint les boutiques – celle d’Epic en l’occurrence – et on va pouvoir découper à nouveau du zombie en rigolant.

Quoi, en rigolant ? Dans un jeu de zombies ? Alors que Dying Light 2 – le grand-oncle – est si sérieux et propre sur lui ? Oui, c’est le parti pris de la franchise Dead Island : proposer un jeu de lattage de zombies avec tous les potards de l’humour poussés sur potache et beauf. Vous êtes donc partis pour une aventure dégoulinante de viscères et de sang, mais dans la joie et la bonne humeur. Le pitch ?

Les zombies envahissent Los Angeles – Hell-A, oh oh oh qu’est-ce qu’on se marre ! – et vous dirigez un(e) survivant(e) qui doit s’en sortir, si possible avec tous ses membres. Mais attention, super twist : vous êtes en fait immunisé au virus, ce qui fait de vous une « Person of Interest » ! Vous ne l’aviez pas vu venir, hein ? Classique et efficace !

Ces basses considérations d’histoires mises de côté (non sérieusement, vous n’allez pas jouer à Dead Island 2 pour son scénario), place aux choses sérieuses : la baston et le craft, qui sont un peu la marque de fabrique de la série.

Niveau cassage de bouches, c’est du solide, on tranche, on broie, on pousse, on glisse et court dans tous les sens, les sensations sont bonnes malgré quelques approximations dans la prise en main. On est parfois un peu à côté pour taper ou on se cogne de manière pas très réaliste au décor.

Les fenêtres pour esquiver ou parer (ce qui permet d’enchaîner avec une riposte dévastatrice) une attaque par exemple sont très larges, permettant à des gens aussi peu doués que Cekter ou moi de se croire bons et d’enchaîner les mises à mort comme des maestros.

Un léger manque de finition de ce côté-là, qui était déjà présent dans le premier opus et qui nous amène loin des séquences folles de parkour de Dying Light 2. Par contre, les armes sont très variées et la possibilité de les personnaliser avec les mods rendent l’arsenal extrêmement conséquent.

Concernant le craft donc, pas de souci tout est à nouveau reconduit : armes classées par rareté, dégâts tranchants, contondants ou autres, mods à rajouter pour électrifier ou empoisonner, possibilité de booster l’arme pour qu’elle colle au niveau du héros, tout l’arsenal du petit psychopathe sanguinaire est là pour vous aider.

Les armes de contact volent bien entendu la vedette – comment faire gicler l’hémoglobine sinon ? – mais il est possible de sortir les flingues en cas de nécessité, mais c’est aussi peu gratifiant que dans le premier épisode.

Ce qui n’arrive pas très souvent tant Dead Island 2 n’offre pas un grand challenge dans sa composante survie. Les débuts sont d’ailleurs trompeurs : on ramasse des tuyaux tordus pour se défendre, on galère un peu à trouver le bon timing pour les esquives, on prend beaucoup de baffes…

On se jette sur le moindre morceau de métal pour l’empocher, on fouille tous les placards comme dans tout bon survival avant de se rendre compte que ça n’est pas vraiment la peine : il y a de tout partout et on ne tombe jamais à court de quoi que ce soit, ou alors vraiment très ponctuellement.

Et surtout le loot réapparaît au bout d’un moment… On perd donc le côté survie pour ne se focaliser que sur l’action, certains de toujours trouver de quoi faire évoluer son équipement. Le bon côté c’est que cela permet de se faire plaisir et de vraiment exploiter son arsenal sans économiser.

La question de la difficulté s’applique aussi aux hostiles qui, s’ils sont variés par leur type (walkers, runners, gros bills, zombies balançant des abeilles, zombies enflammés ou électrifiés…), souffrent d’offrir un challenge fluctuant. Lorsqu’ils sont en petits paquets, tout se passe facilement, on tape, pare et on les gère individuellement, surtout que votre héro gagnera très vite de nouvelles compétences dévastatrices qui accélèrent les choses.

Par contre en cas de gros groupe, qui bien souvent comprend un mini-boss, il vaut mieux réfléchir et préparer le terrain. On va donc préparer amoureusement une kill-zone à base d’électricité ou de flammes (et le jeu vous le rappelle constamment en mettant tous les 3m des bidons d’eau ou d’essence) et attirer les zombies pour les affaiblir.

On jouera ensuite avec les différents effets (électricité, poison, feu…) de nos armes pour exploiter les faiblesses des uns et des autres plutôt que de bêtement taper, même si ça défoule toujours. Le côté gros bourrin est donc présent mais à nuancer, la force brute et aveugle ne fonctionnant pas toujours, surtout que certaines zones nécessitent d’avoir un niveau minimum (et croyez-moi y survivre sans est impossible).

Un challenge en dents de scie donc, surtout lorsqu’on est habitué au genre, mais un plaisir coupable tout du long. Que cela soit lors des missions annexes totalement idiotes – spoiler alert, ça parodie énormément les réseaux sociaux et les stars en général –, des PNJs déjantés se promenant dans des décors de mission aussi variés que possible (studios de cinéma avec monstres en carton côtoyant les vrais zombies) ou des dialogues écrits avec trois grammes dans chaque bras, tout est là pour voir rappeler que non, contrairement à son tonton, Dead Island 2 ne se prend pas au sérieux, loin de là.

On parcourt donc les différents quartiers de Los Angeles le sourire aux lèvres, lootant tout ce qui peut l’être, tranchant, défonçant, heureux comme un enfant dans un parc d’attraction. Les décors ultra-colorés et lumineux des extérieurs contrastent avec les intérieurs aux murs maculés de sang et autres viscères dégoulinantes, les massacres de masse se passent au bord de piscines qui n’attendent qu’un plongeon… C’est presque poétique !

En plus des spécificités liées au héros lui-même (certains sont plus agiles que d’autres qui tapent plus fort…) vous aurez aussi la possibilité de choisir des pouvoirs passifs ou actifs divisés en plusieurs catégories. Certains vont vous faire regagner de la vie en parant, d’autres vous permettront de faire des coups de pied sautés dévastateurs… Ils servent énormément et changeront votre approche en vous faisant vous demander s’il vaut mieux foncer dans le tas ou… foncer dans le tas… Non en fait ils apporteront effectivement des bonus très intéressants en matière de vitesse ou force brute mais ne révolutionneront pas le gameplay, rassurez-vous.

C’est là toute la force et la faiblesse de Dead Island 2 : être un jeu simple dans son approche et ultra-efficace dans sa réalisation pourtant imparfaite. Nous ne sommes pas devant la révolution du FPS, le messie du jeu de survie. On est plutôt devant monsieur Dupont avec un côté Bidochon, le p’tit gars lambda qui sauve la baraque grâce à ses frasques guignolesques et bon enfant. Certes le loot est omniprésent et il y a énormément de pièges environnementaux mais on s’amuse à suivre ce héros idiot, entouré de stars déconnectées et inutiles (comme dans la vraie vie en fait).

Si vous aimez les jolis décors, l‘humour potache et surtout trancher des membres et vous recouvrir d’hémoglobine, alors n’hésitez pas ! Vous n’aurez pas le jeu du siècle mais un divertissement dans sa forme la plus primaire, jouable seul ou en coop (ce que, n’ayant pas d’amis, je n’ai pu tester). Si par contre vous voulez un titre mature ou novateur qui renouvellera votre expérience des jeux de zombies, passez votre chemin et allez voir plutôt Dying Light 2 ou même Days Gone le sous-estimé.

Quoi qu’il en soit, Dead Island 2 ne méritera jamais un Dystoseal, ni même les 60€ demandés. Mais ne pas l’aimer pour ce qu’il est après tout ce qu’il a traversé, ce serait vraiment cruel. Allez, vous reprendrez bien une petite décapitation ?

Genre : FPS gore

Développeur : Deep Silver Dambuster Studios

Éditeur : Deep Silver

Date de sortie : 21/04/2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...