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Chook & Sosig: Walk the Plank

Lors de pérégrinations sur Itch.io, je tombe régulièrement sur des point&clicks pas chers voire gratuits, assez courts, plus ou moins jolis, mais certains sont de petites pépites narratives et / ou de gameplay. Après avoir testé les deux petits épisodes gratuits de la série Chook & Sosig, j’ai acheté Walk the Plank dans l’espoir d’y retrouver l’ambiance et le côté déjanté de l’univers.

Chook et Sosig sont des personnages improbables, parce que la collaboration entre une poule fantôme et un chat bipède n’est pas franchement attendue. Mais heureusement, leurs potes sont encore plus barrés. On retrouve tout ce petit monde autour d’une table pour une partie de JDR de pirates, et pas ceux qui jouent à kikalaplugross avec Denuvo.

Le jeu alterne donc les moments de narration non-interactifs et les phases de point&click. Les premiers sont l’occasion de profiter des relations grotesques entre les personnages, les secondes de jouer suivant les classiques règles du genre. On dirige Sosig dont la mission est, comme tout bon pirate de fiction, de découvrir un trésor planqué sur une île. On va croiser les autres membres du gang, jouant un rôle différent selon les lieux visités.

Tour à tour vendeurs, barmans, capitaines, vikings ou starlettes, c’est à travers eux que l’on va progresser dans le scénario qui, s’il n’est pas inintéressant, est malgré tout bien bordélique.

La faute à ces successions de lieux et de situations pas toujours liées entre elles scénaristiquement. Il est aisé et rapide de débloquer l’accès à quelques autres îles après avoir arpenté celle de départ, mais celles-ci se révèlent limitées à un ou deux écrans ; l’impression d’évoluer dans un vaste archipel (surtout après avoir découvert les morceaux de carte débloquant des lieux supplémentaires) s’effondre vite, sans nous libérer de la nécessité de noter pas mal d’infos tant les situations passent de la poule morte du coq à l’âne sans prévenir.

Les contrôles sont parfois approximatifs et les zones cliquables pas toujours précisément placées sur les objets ou personnages correspondants n’aident pas. Pourtant le jeu reste agréable, dû au caractère sympathique de l’ensemble du roster. Chook, la poule morte qui sert de pote à Sosig nous offre une aide parfois cryptique mais souvent nécessaire sous la forme d’indices, même s’il faut aller la voir à chaque fois, multipliant les allers-retours parfois pénibles.

J’aime particulièrement les graphismes, qui sans être magnifiques sont tout de même riches en détails. Les musiques de Nathan Cleary sont plutôt discrètes mais sympathiques avec leur ambiance caribéenne à souhait. Les dialogues non doublés nous infligent tout de même une petite voix pour chaque acteur, ce qui finit par lasser. Ça reste une petite production et ça se sent par moments.

Pourtant ce qui m’a finalement le plus déçu, c’est d’avoir trouvé le trésor et donc terminé le jeu avant d’avoir résolu certaines énigmes. Je suis le premier à regretter que la plupart des jeux du genre soient trop linéaires, mais là je ne m’y attendais pas, surtout que certains puzzles semblaient importants pour le scénario.

Vu que l’unique sauvegarde automatique ne permet pas de revenir en arrière, il aurait fallu que je recommence le jeu pour espérer leur trouver une résolution. Je vous résume mon sentiment lorsque je l’ai constaté lors de mon retour à l’écran-titre : plutôt crever. Pas que le jeu soit mauvais, mais j’ai autre chose à faire que de recommencer les mêmes actions pendant quelques heures juste pour ça.

Ce jeu est l’oeuvre de TookiPalooki, un one-woman-studio néo zélandais. Il souffre de sa nature artisanale voire amateur pour proposer une expérience équilibrée ; quand ça fonctionne, c’est du tout bon, mais ça ne suffit pas pour compenser le reste. L’impression d’avoir été foutu dehors alors que la teuf n’était pas finie reste bien présente.

Je le recommande tout de même en saluant l’originalité de l’univers et le nawak profond des personnages, parce que j’ai quand même bien rigolé. Pas très cher de base, ses défauts deviennent plus tolérable en soldes, et j’espère sincèrement que TookiPalooki saura proposer encore plus de folie dans un prochain titre plus maîtrisé.

Genre : Point & Click

Site officiel : Chook&Sosig: Walk The Plank

Développeur : Tooki Palooki

Editeur : Armor Games Studio

Plateforme : SteamGoGItch.io

Prix : environ 8€

Date de sortie : 17 juin 2019

 

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.