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Beyond Blue

À corps et à krill

L’interaction rendrait le joueur plus impliqué dans l’œuvre que le spectateur d’un film. Beyond Blue en est un exemple simple et puissant. Simple par son contenu : celui d’un reportage animalier sur Arte. Puissant, car je n’avais jamais eu de frissons en voyant des baleines à bosses sur un écran.

Au sein d’une équipe d’océanographes, Mirai est la plus jeune chercheuse. C’est elle qui plonge effectuer toutes sortes de relevés et d’observations. C’est donc sa combinaison qu’on enfile, dans une série de missions en Mer de Chine. Chaque journée commence par un scan des environs, pour détecter les signatures acoustiques et marquer les points d’intérêt. Nos collègues, via radio, ajoutent au fil de l’eau différents ordres du jour. On part alors en ondulant vers la source du bruit, pour découvrir par exemple Andréa, le bébé cachalot chouchou de la protagoniste. 

Walking swim. Pour ne pas risquer l’hydrocution, jetons un peu d’eau fraîche sur les nuques trop échauffées : Beyond Blue n’est pas un open-world sous-marin. On évolue à travers huit zones, balisées par des murs invisibles. On sort du sous-marin, puis on nage vers les objectifs des 7 plongées de l’histoire. Et ça suffit pour sentir monter l’ivresse des profondeurs.
En somme, imaginez Subnautica réduit au simple scan, nécessaire pour enrichir un Pokédex d’une quarantaine de bestioles à nageoires, tentacules ou pattes (certaines ne rentrent dans aucune de ces catégories, à l’instar de certains membres de la rédaction de Dytopeek). Découvrir une espèce la référence, mais il faut scanner plusieurs spécimens pour glaner des animations de comportement, à visualiser dans la galerie (le jeu du dauphin, le coup de queue de l’orque, etc).

Sonar pleure. Mais l’essence de Beyond Blue n’est pas la collectionnite : c’est la contemplation. La première fois qu’on croise une famille de cachalots, saisi par l’effet d’échelle, on s’arrête pour les regarder tourner à la verticale. Dans le casque, nos collègues partagent l’émoi, et commentent. Les femelles d’un groupe passent leurs vies entières ensemble, réunissant les grands-mères et des petites-filles. Je crois que c’est cette phrase qui m’a mis la première boule dans la gorge d’admiration.

Je suis démangé par l’envie d’énumérer ces instants fugaces qui m’ont scotché, ces rencontres qui m’ont fait ouvrir la bouche en grand, comme celle d’un requin-baleine. Mais Beyond Blue est aussi magnifique que court : comptez trois heures pour l’histoire, avant d’avoir accès au mode libre. Je vais donc m’arrêter là pour simplement vous recommander très vivement le port d’un casque audio. Pour le reste, niveau technique, regardez simplement le trailer : il tient toutes ses promesses graphiques en jeu.

Beyond Blue fait un travail parfait dans son dosage entre jeu-vidéo et documentaire. Il transpire l’amour de son sujet. Il le transmet même au curieux qui venait juste pour profiter d’un jeu calme, grâce à une exécution technique parfaite et à une narration discrète.

beyond blueSite Officiel
Genre : Exploration / swimming sim
Développeur /éditeur : E-Line Media
Parution : 11 juin 2020
PC · PS4 · Xbox · IOS
17€

Bofang

J'écris pour justifier le temps perdu à jouer pendant que d'autres montent des start-up.