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Atomicrops

Fallout : New Vegan

En lisant la baseline, Farm, Marry, Kill, on croirait à un simulateur d’agriculture très réaliste. Cultiver. Se marier. Tirer, ivre, sur des animaux sauvages le dimanche. Atomicrops garde l’essence de ce mode de vie, en remplaçant la violence gratuite envers les lapins par de la légitime défense. Oubliés, aussi, les verres de blanc au cul de la camionnette, quand l’aurore darde ses reflets d’argent à travers la brume.

atomicrops
Je suis tombé instantanément amoureux de ces petits pois.

On pourrait résumer Atomicrops à ceci : Stardew Valley a rencontré Nuclear Throne. Comme dans le premier, on y cultive un potager. Comme dans le second, on doit défendre sa peau – et sa récolte – dans un monde post-apocalypse nucléaire. Nos bons produits du terroir feraient exploser n’importe quel compteur Geiger. Heureusement pour le business, les habitants du village sont autant irradiés que nos fruits et légumes. Chaque matin, on quitte le hameau pour aller bêcher un petit coin du wasteland, pour ne rentrer qu’au crépuscule dépenser le fruit de notre labeur en matériel : semences, tracteurs, animaux, armes à feux.

Légume des jours. On passe chaque journée, soit 2 minutes, à vaquer librement, semer et enrichir la terre des cadavres de nos ennemis. Atomicrops se joue à la manette, la gâchette gauche s’utilise pour toute action agricole, dans l’ordre : désherbage, bêchage, semis. Les cases du sol sont sélectionnées automatiquement selon la position de notre avatar. Pas question, donc, d’aligner les oignons en rang : on a pas le temps. On bêche frénétiquement et on balance notre semence à la va-vite, dans le premier trou à proximité. Car l’horloge tourne, et on entend déjà au loin les borborygmes gutturaux de créatures exotiques (NdHarvester : non c’est juste Flad dans le bureau d’à côté !).

L’arrosoir fonctionne tout seul, pourvu qu’il soit plein.

Permaculture, permadeath. La faune et la flore sont hostiles et nous harcèlent en permanence à coup de boulettes. On jardine de la main gauche et on tire de la main droite pour éliminer les lapins roses, les taupes transgéniques et les drosophiles gonflés aux amphétamines. Sans oublier de remplir l’arrosoir et de récolter pour replanter aussitôt. Cette guérilla modérée mais constante se conclut par un assaut de trois vagues plus intenses de 30 secondes chacune, le soir. À la fin d’une saison, qui dure 3 jours, un boss vient s’ajouter à la fête. Et là Atomicrops vire carrément au bullet-hell, de plus en plus corsé au fil des années. Courir partout pour sauver sa peau est un choix intelligent, car la mort arrive vite et nous fait repartir de zéro. Même si cela signifie abandonner ses carottes joufflues aux bons soins de limaces grosses comme des vaches laitières.

Betterave party. La fin d’une saison est synonyme de fête au village. C’est là que la maire nous remercie pour nos services, selon notre productivité. Le barème d’évaluation, très concret, va de “famine” à “excès”. On prie pour obtenir un cheval pour galoper, une vache pour arroser, ou un drone d’attaque. Cette foire, c’est aussi l’occasion d’investir dans de coûteux tracteurs, qui confèrent de grands pouvoirs. Comme celui de faucher de grandes parcelles pour obtenir des graines gratuites. Les améliorations classiques (bonus de stats, rallonge de barre de vie, accessoires) s’obtiennent en offrant nos très précieuses roses à l’élu·e de notre cœur. 

Pomme déter. La vie de fermier, c’est aussi l’exploration. La bande de terre désolée où l’on officie est entourée de quatre zones. Chaque biome est différent, mais toujours survolé par le nuage de Tchernobyl et sponsorisé par Monsanto. En mettant en danger sa vie, on peut partir piller des campements de garennes vicieux, de chats-garous ou de bernard-l’hermite gros comme des sangliers. Au fil des razzias, on est forcé d’aller looter de plus en plus loin, sous réserve d’obtenir de quoi réparer des ponts détruits. Un système de voyage rapide via terrier permet de retourner rapidement au jardin central en cas d’urgence.

Radis to Die. Même bien équipé (arrosage automatique, tourelles), le potager ne peut sortir indemne des attaques de parasites sans nous. On sacrifie donc parfois une journée entière de culture à l’exploration, pour faire le plein de graines et de matériel. Un bon prétexte pour profiter des ambiances visuelles et musicales variées et de la variété du bestiaire. En restant alerte, car les ennemis sont nombreux, rapides et disposent presque tous d’une meilleure portée de feu que nous. Traverser une zone entière en défouraillant au vent n’est donc pas une bonne idée. Mieux vaut nettoyer un feu de camp à la fois, pour ne pas se retrouver poursuivi à travers tout le tableau par l’arche de Noé version La Colline a des Yeux.

En terme de piquant, la difficulté passe très vite du radis au piment.

Atomicrops chatouille le chasseur-cultivateur qui dort au fond de nos gènes, si bien qu’il est difficile de lâcher son lopin de terre une fois la partie commencée. Le croisement génétique des deux gameplays est un succès, et artistiquement tout est savoureux : ça grouille, ça couine et ça frétille à merveille. De quoi pousser les apprentis fermiers en quête de challenge à scorer comme des agriculteurs intensifs.

Site officiel

Développeur : Bird Bath Game (Suède)

Éditeur : Raw Fury

Sortie d’accès anticipé le 28 mai 2020

Plateformes : PC (Epic Game Store), PS4, Xbox One, Switch

Prix : 15€

Bofang

J'écris pour justifier le temps perdu à jouer pendant que d'autres montent des start-up.