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Africana

Lorsque vous demandez un jeu d’initiation (gateway game pour les fans de Justin Bieber, des jeux servant à initier au jeu de société des gens n’ayant touché, au mieux, qu’au Monopoly) à un spécialiste des jeux de société, vous aurez droit aux classiques Les Aventuriers du Rail et autres Pandémie. Si, bien entendu, je vous les recommande (m’étant d’ailleurs servi des Aventuriers du Rail pour initier ma chère et tendre), il y en a un autre dont je veux vous parler : Africana, sorti en 2012. Il n’est pas meilleur que les références en la matière, il ne satisfera certainement pas les adeptes du kubenbois et ne figurera jamais dans un top 10 des jeux les plus populaires. Et pourtant… Acheté à vil prix lors de soldes, principalement à cause de son thème (Madame est fan de l’Afrique et, souvenez-vous, cela compte énormément pour elle), Africana est un jeu à sortir quand la famille vient. Une famille pas trop nombreuse, 4 joueurs étant le nombre maximal, mais motivée pour parcourir l’Afrique dans tous les sens sans être noyée sous des règles trop complexes.

Le plateau (image BGG)

Dans Africana, chaque joueur dirige les explorateurs d’un pays Européen (France, Italie, Allemagne et Angleterre) devant faire fortune. Pour ce faire, ils vont devoir parcourir le plateau représentant les principales cités du continent pour boucler des expéditions et livrer des reliques. Il va donc leur falloir optimiser leurs déplacements pour prendre les autres de vitesse et accumuler les points de victoire que rapportent chaque livraison et expédition. Les déplacements s’effectuent avec des cartes présentant des symboles de couleurs différentes qui se retrouvent à côté de chaque ville. Il faut donc avoir la bonne carte pour aller dans une ville, qui en comporte deux. Heureusement pour eux, les joueurs disposent d’une carte Joker permettant d’aller n’importe où et revenant en main à la fin du tour, contrairement aux cartes lambda. Il faut donc planifier ses déplacements et optimiser sa main pour ne pas se traîner et prendre du retard par rapport aux autres.

Les expéditions

A chaque tour, le joueur dispose de trois actions et ne peut en effectuer qu’une seule. Il peut soit piocher deux cartes qui serviront pour ses déplacements, soit déplacer son explorateur d’autant de cartes qu’il peut ou veut jouer, soit acheter des reliques. Rien de bien compliqué dans l’absolu, et pourtant cela nécessite un minimum de réflexion. Car voyez-vous, l’argent est comme bien souvent au centre du gameplay, tout comme les déplacements. Chaque joueur ne débutant qu’avec une somme insuffisante pour acheter la moindre relique, il va devoir rejoindre des expéditions pour tenter d’en gagner. Une expédition démarre dans une ville et doit être validée en arrivant en premier à destination. Les rejoindre ne coûte rien, il suffit de poser un jeton à sa couleur sur la carte dédiée lorsque l’on passe dans la ville de départ et rapporte doublement : quand vous la rejoignez et quand vous la finissez. Il faut donc participer à un maximum d’expéditions, quitte à ne pas les finir (mais vous avez quand même le gain de départ) pour gagner des points de victoire et de l’argent que vous réinvestirez dans l’achat de reliques. Petite particularité concernant ces dernières : le plateau est divisé en deux hémisphères et une relique achetée au Nord devra obligatoirement être livrée dans une ville du Sud. Vous commencez à saisir la subtilité… Courir plusieurs lièvres à la fois est une nécessité, encore faut-il le faire intelligemment. Il faut donc repérer les expéditions « groupées », avec des points de départ et d’arrivée qui forment un trajet le plus direct possible, mais aussi acheter les reliques livrables en chemin. S’en suit une course de vitesse entre les joueurs pour savoir qui bouclera le premier un maximum d’expéditions.

Quand je parle de course de vitesse, c’est à un rythme de sénateur. Etant donné qu’une fois utilisées, vous perdez les cartes de couleur vous permettant d’atteindre les villes (mis à part votre joker) et qu’il vous faut un tour entier pour en récupérer seulement deux, vous vous doutez bien que vous n’allez pas faire le tour de la carte en un tour. Cela peut sembler frustrant mais cela oblige à faire des choix cruciaux. Quand acheter, quand piocher… Heureusement qu’il est possible, en plus des reliques, d’acheter des jokers (qui reviennent donc dans votre main une fois joués) d’une couleur spécifique. C’est moins intéressant que votre joker de base, surtout que vous aurez des malus si vous en possédez trop, mais ils permettent un peu plus de dynamisme.

Africana repose donc sur des bases simples, trois actions possibles par tour et une seule jouable, et est très vite compris par les joueurs autour de la table. L’équilibrage est bon avec par exemple les expéditions les plus lucratives étant celles obligeant au plus long parcours ou encore le fait qu’il est impossible de posséder simultanément plus de trois reliques en cours de livraison et au bout de quelques parties, chacun trouvera comment optimiser tout en s’amusant.

Une fois la pioche d’expéditions vide, un dernier tour est effectué et les points sont comptés. D’une part ceux de chaque expédition et relique livrée et d’autre part les triplettes et autres doublettes de reliques identiques. Pas de calculs d’apothicaire donc, il est même facile de voir qui est en tête au cours de la partie et de se focaliser sur certains types de reliques pour bénéficier des bonus.

Africana de Michael Schacht est donc un jeu très agréable à jouer, très facile d’accès avec un matériel de bonne qualité (mention spéciale à l’insert qui permet de ranger tout ça proprement), une mise en place très rapide et des parties ne dépassant pas une heure. Le faible nombre d’actions possibles permet aux grands débutants de ne pas être noyés sous un déluge d’informations et il est toujours marrant de boucler en premier une expédition à laquelle tout le monde participait. De l’interaction gentillette donc, qui évitera les disputes mais permettra quand même de taquiner les autres.

Africana fait donc partie d’un de mes Top 10, celui que je réserve à ces journées passées en famille. Mes parents ont très vite accroché et ma femme y joue avec grand plaisir, ce qui me suffit. Le thème original, la qualité et la simplicité globale en font une option sérieuse à considérer pour qui veut initier les débutants au hobby.

 

 

Auteur : Michael Schacht

Artiste : Franz Vohwinkel

Editeur : Filosofia

De 2 à 4 joueurs

60 minutes

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...

Une réflexion sur “Africana

  • Je like.

    Mais on peut y jouer avec Michel Leeb ?

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