Star Wars IX : l’Ascension descendante de Skywalker
Dire que Star Wars m’accompagne depuis que je suis tout petit est une réalité dont je ne me cache pas. Je ne compte pas le nombre de visionnages de la première trilogie, de mon amour immodéré pour l’Empire Contre-Attaque, de mon impatience quand la prélogie a été annoncée. J’ai vu tous les Star wars numérotés au cinéma en famille et le dernier n’a pas fait exception. Attention spoilers !
Un héritage bien lourd à porter.
Quand Disney a racheté Star Wars, la firme a annoncé une nouvelle trilogie avec un réalisateur différent pour chaque film. JJ Abrams pour le premier, Rian Johnson pour le second et Colin Trevorrow pour le troisième avec chacun pour mission d’apporter leur pierre à l’édifice légué par George Lucas.
La première trilogie est intouchable (mais critiquable) et la prélogie a été largement réévaluée au fil des années (je l’ai toujours appréciée). La postlogie était handicapée par son héritage et elle n’avait que deux solutions viables : tirer un trait sur le passé ou lui rendre hommage. Malheureusement, la seconde solution a été retenue au point de faire un épisode VII qui ressemblait étrangement à un reboot à peine déguisé d’Un Nouvel Espoir. En soi, le film est loin d’être une daube infâme, mais il n’est pas au niveau des attentes placées en lui. L’épisode VIII décide de prendre la solution un en voulant déconstruire l’hommage et en balayant tout ce qui fait Star Wars pour le réinventer, sauf que c’est le second épisode d’une trilogie, qu’il est bourré de défauts (Léïa dans l’espace sérieusement ?) et qu’il oublie parfois sa place dans une trilogie. Il faut reconnaître un climax réussi avec des plans de toute beauté dans le désert de sel et une fin magnifique pour Luke Skywalker.
Le IX a la lourde tâche de clôturer une trilogie et l’histoire des Skywalker avec un épisode VII qui a peiné à convaincre, un épisode VIII qui a décidé de tout casser et des fans prêts à se déchaîner sur la toile.
Entre frénésie et trou d’air
Ce qui frappe dans cet opus IX, c’est l’introduction (passons le texte d’une grande nullité) qui se déroule à une vitesse telle que cela en devient pénible de suivre tout ce que l’on veut nous raconter en un laps de temps si court. Pour faire simple, Kylo Ren cherche à buter Palpatine, la résistance cherche à survivre et Rey suit son entraînement. Passé cette introduction, le film se pose tellement qu’il ne se passe quasiment rien d’intéressant pendant le milieu du film. La menace est là (Palpatine veut reprendre sa place), chacun vaque à ses petites occupations et on sort une petite révélation sur la filiation de Rey pour faire plaisir. Je m’ennuyais franchement jusqu’à la dernière partie qui passe la seconde et reprend un rythme plus agréable.
Une histoire qui se prend les pieds dans la Force
Les films Star Wars n’ont jamais été ambitieux sur le plan scénaristique. L’histoire racontée est simple sans être simpliste. La postlogie a voulu capitaliser sur l’aura de la franchise sans vraiment chercher à comprendre ce qui fait le succès de la trilogie originale et la prélogie. Suffit de voir le besoin maladif de l’épisode IX d’avoir des choses à raconter tout en démontant le peu qui avait été apporté à côté. Et que dire de l’arrivée opportuniste d’un Palpatine pour clôturer l’ensemble. Si son arrivée était vraiment prévue, il aurait fallu la préparer avant ou du moins, donner de la matière pour justifier sa présence autre que « on a pas de méchant : prenons Palpatine, il fera l’affaire ». Le film se permet même de convoquer des vieilles figures alors qu’elles n’ont rien à faire là (Lando, sérieusement ?), des nouveaux personnages pour agrémenter les rayons jouets et des anciens personnages totalement sacrifiés (Rose, on t’aimait bien, mais pas assez).
Je veux bien reconnaître que la série se clôture de façon prévisible (comme à peu près tout ce qui se passe dans le film), mais satisfaisante si l’on est pas trop regardant.
Star Wars IX : ton univers pitoyable
Pour moi, l’une des plus grandes qualités de Star Wars est le soin apporté à l’univers. Lucas et son équipe n’ont jamais été aussi bons que dans la création de l’univers Star Wars. Ils ont toujours pris soin de rendre crédible l’ensemble avec des créatures différentes, des dialectes et des environnements marqués. La postlogie n’a touché du doigt cette crédibilité que dans le désert de sel pour moi et cet épisode IX n’échappe pas à la règle alors qu’il fourmille d’environnements différents, fait du swap color avec les stormtroopers et convoque pas mal de créatures différentes sauf que ça dissone en permanence. A croire que personne ne croit à l’univers dans lequel les personnages sont censés évoluer et le film, avec son rythme alternant la frénésie et la mollesse, ne prend jamais le temps de se poser réellement pour faire vivre le monde dans lequel il évolue.
Les effets spéciaux sont réussis et les environnement aussi, mais comme le film ne prend pas le temps de laisser le spectateur les apprécier, ils ont tôt fait d’être oubliés. Et qui a eu l’idée des chevaux déguisés ? Personne ne s’est dit à un moment que ce n’était juste pas possible de l’inclure dans le film ? Que c’était juste une idée à chier ?
Le bon moment, la brute musique et le truand Abrams
Le bon moment se situe quand Rey va dans l’épave de l’Etoile de la Mort. Le film convoque le Retour du Jedi et même l’Empire Contre-Attaque quand elle s’affronte elle-même. Ce moment est peut être le seul où le film se pose vraiment pendant quelques précieuses minutes. J’ai eu le sentiment de me retrouver dans un Star Wars. C’était fugace, mais intense.
La musique a une place importante dans la franchise et force est de reconnaître que la postlogie n’a pas réussi à faire ressortir de thème fort ou inoubliable. Le recyclage des thèmes précédents n’est pas toujours heureux et je ressors globalement déçu sur ce point.
JJ Abrams ne sait pas poser sa caméra pour capter les moments, ou il a un très mauvais monteur. Pourquoi l’avoir fait revenir pour clôturer cette trilogie bancale ? Il n’est pas mauvais, mais le mouvement pour le mouvement a fini de me fatiguer à la fin du film et sa volonté de sacraliser Star Wars au point de ne pas oser s’en extraire rend le film profondément bancal, sans âme.
Star Wars, c’est fini ?
On se disait que le Retour du Jedi signait la fin de Star Wars et la prélogie est arrivée, que la Revanche des Sith était le dernier et la postlogie est arrivée avec série, spin off et compagnie donc la réponse sera non.
La famille Skywalker a fait son temps et j’espère que Disney ne se décidera pas à réveiller des fantômes. L’épisode IX conclut tant bien que mal une saga qui aura duré près de 42 ans. Il fait clairement partie des plus faibles de l’ensemble par ses choix pas toujours très heureux et la démonstration que cette postlogie n’a pas été construite sur des bases suffisamment solides pour se tenir d’un seul tenant. Est ce que la saga Skywalker méritait cette fin ? A mon avis, non.
Sur ce, je vais attendre la saison 2 de The Mandalorian qui m’a rappelé que Star Wars peut être encore bon quand l’histoire est simple et l’univers respecté.