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Sweet Smell of Success

Lorsque j’ai commencé à me plonger sérieusement dans le cinéma « classique » plutôt que de juste en regarder comme ci comme ça au petit bonheur la chance, je pensais que ça allait aller assez vite. Certes regarder les grands films du cinéma comme Vertigo, Sunset Boulevard ou le Troisième Homme est assez simple mais lorsque vous tirez sur le fil, au fur et à mesure vous découvrez tel acteur, tel réalisateur et vous êtes vite parti pour découvrir des réalisations moins connues, sans pourtant être obscures pour les initiés, comme Sweet Smell of Success.

Ce contraste lumineux du New York des années 40-50

Il y a des acteurs ou actrices qui m’épateront toujours, Burt Lancaster lui c’est l’inverse. Je le trouve mauvais dans la plupart de ses rôles même si le film est bon, il a tendance à garder la bouche ouverte la plupart du temps. Hors, comme Gene Tierney le narre dans une interview (en se remémorant s’être fait vertement rappeler à l’ordre par Fritz Lang à ce sujet) : « Quand on a rien à dire, on garde la bouche close à moins de s’appeler Marilyn Monroe ». Mais Sweet Smell of Success (Le Grand Chantage en français, ce qui fait perdre un peu de sel au film) est un peu une exception. Déjà c’est un film produit par la société de production de Lancaster, lui -même, et il est tout simplement parfait dans son rôle.

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Sweet Smell of Success est un film noir un peu spécial vu qu’il n’y a ici pas de meurtre, pas de femme fatale, ni d’enquête, pas de détective dur au cœur tendre non plus. Ici on suit l’histoire d’un jeune attaché de presse arriviste et sans scrupules, Sydney Falco joué par Tony Curtis, qui cherche à plaire à l’éditorialiste le plus influent de New York : J.J. Hunsecker joué par Burt Lancaster. Le personnage de Hunsecker sert à critiquer un éditorialiste alors actif à l’époque : Walter Winchell.

Sidney Falco est en perte d’influence auprès de son « patron », n’arrivant plus à lui faire passer ses colonnes dans le journal, alors qu’il utilisait celles-ci pour se faire de l’argent facile en utilisant de son influence. J.J. Hunsecker est un homme détestable, qui sait tout sur tout le monde et n’hésite pas à rabaisser tout ceux qu’il côtoie. S’il est remonté contre Sidney Falco, c’est qu’il lui avait demandé d’exécuter une tâche et que celui-ci n’y est pas arrivé. J.J. Hunsecker tient à sa jeune sœur, une jeune femme peureuse et fragile jouée par Susan Harrison et désire la garder près de lui, hors celle-ci est tombée amoureuse d’un jeune musicien de jazz. Idylle qui est loin de plaire à son frère mais il préférait que sa sœur ne sache rien de ses manigances pour séparer les tourtereaux. Falco s’engage donc à réussir son coup cette fois-ci et décide de calomnier publiquement l’artiste via un journal concurrent afin de le rendre infréquentable.

Cette histoire d’amour sert principalement de prétexte pour montrer la dynamique et les manigances des deux hommes. L’un fait tout pour réussir, l’autre ne supporte pas qu’on ne soit pas complètement à son service. Sans être le film du siècle, Sweet Smell of Success arrive à embarquer le spectateur dans l’atmosphère d’un New York des années 50, vivant mais sans merci. Tous les personnages secondaires sont aussi parfaitement présentés, même ceux que vous ne verrez qu’une fois auront eu leur personnalité dessinée avec leur côté sombre. En fait, c’est un film dont on retient principalement les personnages ainsi que le regard dur de Lancaster, qui dans la vraie vie avait une réputation assez dure, ce qui explique peut-être pourquoi ce rôle lui va à merveille.

Ce n’est clairement pas le film par lequel je conseillerais de commencer, que ce soit pour la filmographie de Lancaster ou les films noirs. Mais pour ceux qui aiment l’atmosphère de New York (avec The Naked City de Jules Dassin c’est probablement l’un des deux films noirs qui représentent le mieux le New York de l’époque), ceux qui ne rechignent pas à un petit air de Jazz (la musique du film est du Chico Hamilton Quintet) et qui aiment le monde impitoyable de la presse, Sweet Smell of Success est un film qui devrait rester dans la mémoire, une sorte d’électron libre du genre.

Réalisateur : Alexander MacKendrick

Acteurs : Burt Lancaster, Tony Curtis

Distributeur : United Artists/MGM

Editeur : Wild Side

Prix : 40€ (édition spéciale)

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.

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