Series Monthly
Loin de dévorer les séries de manière aussi rapide que mon collègue Machiavel, je vais essayer de m’atteler à un petit récap mensuel.
Ragnareuk, comme il disent là haut dans le Nord, est une série Netflix norvégienne qui se déroule dans une petite ville fictive du nom d’Edda. Un jeune homme/ado, Magne, y retourne après une longue absence suite au décès de son père. Lors de son arrivée, il aide une personne âgée, une vieille femme le complimente alors sur son geste et on comprend vite qu’elle lui a passé des pouvoirs. Magne a des difficultés scolaires et peine à s’intégrer, il se lie d’amitié avec la jeune Isolde, l’activiste environnementale de la classe. Elle prétend que l’employeur principal de la ville, la famille Jutul, pollue les eaux et confronte assez régulièrement les enfants de la famille.
Ragnarök est clairement une série orientée pour les adolescents avec des paysages norvégiens superbes et un thème fort axé sur le changement climatique, la pollution, le contrôle des entreprises sur la démocratie. Bref assez rafraîchissant pour une série grand public. Si le voyage initiatique de Magne avec ses nouveaux pouvoirs n’est pas vraiment une surprise, le fait de suivre un élève pas spécialement brillant ou socialement apte confronté à ceux-ci et à l’incrédulité de son entourage change un peu des habitudes, même si c’est parfois un peu frustrant lorsque la logique du téléspectateur dépasse celle du personnage. Il y a aussi des moments un peu ridicules lorsque les géants (les adversaires ancestraux des dieux Nordiques) se baladent torse nu pour faire plus bad-ass ou font des bagarres à la Twilight qui ne font que faire lever le sourcil. Mais de manière générale la série est une bonne surprise avec un scénario pas aussi convenu qu’il n’y parait au premier abord. Tous les acteurs ne sont pas au même niveau mais les ados principaux devraient facilement arriver à faire leur nid.
Dehli Crime est une série indienne de 2019 qui suit les événements du viol collectif à Dehli en 2012, acte d’une très grande violence par ailleurs. Cette affaire sordide avait alors défrayé la chronique dans le monde entier. La série suit de manière assez précise les événements, même si les noms ont été changés et qu’elle ne prétend pas être un documentaire. On s’en rapproche pourtant parfois avec des côtés de la ville de Dehli et de la vie des habitants qu’on ne voit pas régulièrement. Visuellement on est face au filtre Netflix habituel (je ne comprends toujours pas pourquoi les Français sont les seuls à se planter à ce niveau), toujours très efficace de nuit.
Le sujet est difficile mais abordé de manière assez intelligente, on est pas ici dans le voyeurisme gratuit ou la glorification des suspects, on se focalise sur l’enquête, les efforts mis en place pour capturer ceux-ci au plus vite, l’impact de l’opinion publique et des politiciens sur l’enquête, les différentes classes sociales et l’impact que ça peut avoir sur la vision que les policiers ont du monde. On est surpris des moyens dérisoires dont dispose la police. On sent que celle-ci est un peu mise à l’honneur, avec un personnage féminin fort, bien campé par Shefali Shah, mais au vu de la rapidité avec laquelle la vraie enquête s’est déroulée, il est difficile de blâmer le réalisateur à ce sujet. Après avoir été bluffé par Sacred Games qui montrait, entre autre, l’utilisation politique des tensions religieuses, je dois dire que je suis assez curieux de tout ce que Netflix India pourra nous sortir comme séries policières. Si elles sont toutes du même acabit ça promet du bon.
J’arrive un peu après la guerre, mais mes collègues ne s’étant pas dévoués, je me lance. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, The Witcher, la série, n’est pas une tentative de faire un nouveau Game of Thrones (certains s’en réjouissent vu le flop final de celui-ci). The Witcher c’est plutôt de la Fantasy à l’ancienne remise au goût du jour. On suit un héros, invincible on s’en doute, qui va d’épisode en épisode vivre des aventures (souvent avec des monstres) tout en faisant petit à petit avancer une intrigue principale. Il n’y a donc pas des centaines de personnages, ni de tentative de rendre le tout plus réaliste et sombre.
Pour quelqu’un qui n’a pas joué aux jeux ou lu les livres (pour ma part ceux-ci sont forts lointains vu que je les avais découverts avant les jeux), le plus perturbant risque d’être la manière qu’a la série d’aborder le « gap » temporel. Le passé et le présent sont mélangés sans spécialement prévenir le spectateur. Il faut accepter de se laisser porter, comme il faut accepter certains postulats spécifiques à la fantasy et au monde de Sapkowski. A part ça, le visuel est assez réussi dans son ensemble, la série met directement la barre assez haut avec une scène de combat d’anthologie (et assez crédible) dans le premier épisode. Au fil des épisodes, on prend grand plaisir à suivre Geralt of Rivia, le bouffon de service Jaskier et la belle Yennefer superbement campée par Anya Chalotra. On sait tous que Henri Cavill est fan des jeux et des livres et malgré le mutisme parfois un peu trop marqué du personnage, il fait un bel effort pour plaire aux fans.
The Witcher est pour moi une série événement mais aussi une série pop corn. On y passe un bon moment, on prend plaisir à retourner un peu en enfance, un temps où la fantasy était plus courante même si moins prise au sérieux. Bref un genre qui a été complètement éclipsé par Game of Thrones, j’espère voir plus de séries de ce genre et de cette qualité dans le futur mais quoi qu’il en soit, le personnage de Geralt et le monde auront toujours une place un peu spéciale dans le cœur de nombreux gamers.
Pour the witcher, j’ai juste une critique, l’acteur jouant geralt joue comme une moule avariée et manque de sombritude, il fait beaucoup trop jeune et propret aussi. Sinon, pour le reste c’est assez nickel et je n’ai pas été déçu.