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Rambo: Last Blood, John n’a pas raté l’avion.

La franchise Rambo et moi avons une histoire particulière puisque j’ai vu le premier film très tôt (je l’ai adoré) dans ma période « faut que je rattrape mes lacunes sur les films parlant du Vietnam » et j’ai totalement zappé les suites pour une raison qui m’échappe encore. A la sortie de John Rambo (2008), j’ai décidé de revoir le premier (que j’ai encore adoré) et les suites (là, c’est plus difficile de les défendre). Quand John Rambo sort, il est évident que le personnage et la franchise font leurs adieux. Le film est excellent et radical avec sa fin tout en symbolisme. Dix ans passent et un nouvel opus est annoncé à base de super soldat, de frontière mexicaine ou autre chose. Beaucoup de tergiversations et enfin la concrétisation avec un Stallone en co-scénariste, un réalisateur inconnu et une histoire ayant éjecté le super soldat (heureusement).

L’inévitable rétrospective de la franchise

Ne pas faire référence aux précédents opus, c’est oublier que la saga Rambo est protéiforme avec des opus très différents les uns des autres. Le premier est un film sur les vétérans oubliés du Vietnam et leur traumatisme, le second et le troisième des versions ultra musclées du personnage (pas inintéressantes, mais en contradiction avec l’original), le quatrième une façon de réunir la trilogie précédente et de clôturer la saga. Il le faisait avec intelligence et ce Last Blood part du mauvais pied puisqu’il apparaît comme l’opus de trop avant même d’être sorti.

Une première partie dramatique

Là est peut être la plus belle idée du film avec cette première partie dramatique. Rambo vit dans son ranch avec une famille de substitution qu’il a certainement découverte en rentrant chez lui à la fin de l’opus précédent. Certain(e)s ont reproché une facilité scénaristique alors que dix ans ont passé et que le monde a continué de tourner pendant que Rambo vivait hors des Etats-Unis. Ce n’est pas inséré de façon grossière, mais comme faisant partie de la vie du personnage au moment où on le retrouve. Cette famille est composée de la grand-mère et la petite-fille. Elle a été abandonnée par son père et sa mère est morte. Cela a dû faire écho quand Rambo les a rencontré. Il traite Gabrielle comme sa fille et la voir partir du ranch le gêne profondément puisqu’il ne pourra pas contrôler ce qu’il se passe en dehors. Il faut dire que Rambo a un passe-temps assez particulier puisque sous son ranch, il y a des tunnels inspectés quotidiennement par Rambo et de quoi survivre quelques temps. Résurgence de son vécu au Vietnam, ils sont l’endroit où le personnage semble le plus en sécurité.

Sauf que tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes et Last Blood n’a pas vocation a être un film dramatique. Gabrielle décide de retrouver son père au Mexique. Elle est tellement bien reçue qu’elle va s’aventurer dans des lieux malfamés et finir enlevée par des proxénètes. Sur ce passage, il y a une mini polémique à base de « les méchants ont dépeint le Mexique comme l’enfer sur Terre » et comme trop souvent, je n’ai pas compris ce besoin de généraliser à tout prix. Il aurait fallu faire une visite touristique du Mexique pour plaire aux détracteurs ?

Pour faire simple, Rambo s’en mêle et la seconde partie arrive.

Une seconde partie en mode Home Alone

Difficile de ne pas faire le rapprochement, même s’il est malvenu tant Home Alone est une comédie et Last Blood passe du côté film de vengeance. Alors oui, Rambo amène les méchants très méchants sur son terrain et c’est son but. S’en suit un déchaînement de violence jouissive avec une scène finale très poétique. Pas aussi exagérée que dans l’opus précédent, la violence est assumée et portée par le propos du film. Rambo ne fait que se contenir et c’est une machine de guerre jusqu’à la fin de sa vie.

Dans la première partie, la réalisation tout en retenue passe plutôt bien, mais dans la seconde, elle n’arrive pas à transcender l’action. Pire, elle est beaucoup trop effacée pour mettre en avant le déchaînement de violence qui éclabousse l’écran, conférant au film un aspect téléfilm du dimanche soir peu flatteur.

Le générique laisse place à une rétrospective de la saga en forme de conclusion. Pourquoi pas, même si je trouve que la scène de fin suffisait largement.

Alors c’est bien ?

En dehors de la saga Rambo, c’est du pur film de vengeance sans grande originalité. Comme opus de la saga Rambo, c’est un film de plus pour une série qui reste à l’image de son acteur principal : encore vaillante pour son âge. Comme opus final, il est décevant, le précédent offrant une conclusion bien plus satisfaisante.

Personnellement, je l’ai plus apprécié comme une histoire de Rambo que sa conclusion. Si je devais conseiller les films à voir de la saga, il n’en ferait pas partie : First Blood et John Rambo suffisent.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.