BullerSéries TV

Saint Seiya version Netflix ou…

En guise d’avertissement, je précise que j’ai vu l’intégrale de l’animé, quelques OAV, lu le manga en entier, quelques tomes des différents « spin off » et la série abrégée (qui est à mourir de rire). Autant dire que je connais plutôt bien l’oeuvre alors quand je vois dans mon fil Netflix qu’il existe une nouvelle version, je suis intrigué. Je n’ai pas vu le trailer, je ne connais rien de cette version avant d’avoir lancé le premier épisode.

Pour structurer un minimum ma pensée et ne pas enfoncer le clou trop fort et trop vite, je vais faire quatre chapitres : l’aspect animation, l’histoire, les personnages et le ressenti.

Une animation qui reste dans le ton

T’as quoi contre la 3D au rabais ?

Avant de crier à l’infamie, il faut se souvenir que les chevaliers du zodiaque ont toujours été très pauvres sur ce plan et peu importe le support. J’invite n’importe qui à feuilleter des pages du manga ou revoir l’animé pour se rendre compte que les décors sont très très peu détaillés. L’accent a toujours été mis sur les armures particulièrement bien faites dans le manga.

Sur ce plan, la version Netflix est cohérente avec le traitement de la série. Les armures ont redessinées et elles sont assez réussies dans l’ensemble. On sent la volonté de garder un design proche de l’original tout en apportant une once de modernité. Par contre, l’animation des personnages fait mal aux yeux tellement c’est mal fait. J’ai souvent eu l’impression qu’il manquait des étapes d’animation et ça fait terriblement cheap alors qu’il n’y a que six épisodes. La pauvreté des décors, de la 3D ont fait dire à certains que l’on se croirait devant une cinématique PS2 (oui, ça date) et difficile de leur donner tort sur ce point.

Ouste la mythologie !!! Bienvenue en 2019

Attaque commando ratée des nostalgiques.

Je fais partie de ceux qui n’auraient pas forcément dit non à une version remise au goût du jour du manga sans les longueurs et les digressions de l’animé des années 80, mais les auteurs ont décidé qu’il fallait moderniser tout ça. Pourquoi pas ?

Parce que moderniser ne veut pas dire mettre à la poubelle l’esprit du manga et tout ce qui le rend si particulier. Exit les enfants envoyés aux quatre coins du monde pour subir un entraînement qui les conduira à devenir des chevaliers d’Athéna. Maintenant, ils ont déjà des pouvoirs et ils vont quand même aller s’entraîner pendant des années parce que sinon, ça ne rime à rien.

L’animé mettait de côté une chose très importante dans le manga, à savoir que le grand père adoptif de Saori (réincarnation d’Athéna) sur Terre était le père de tous les enfants envoyés aux quatre coins du monde, sans altérer le reste. Alors que là, on s’en fout de savoir d’où ils viennent tant qu’ils ont une armure. Et s’il n’y avait que ça, mais ça continue de plus belle.

En voulant moderniser à tout prix, les auteurs ajoutent un méchant qui veut retrouver l’armure d’or et pour cela, il débauche Ikki du Phoenix qui perd tout son intérêt en devenant un simple sbire. Et que dire des chevaliers noirs qui deviennent des lambdas en armure assoiffés de vengeance alors qu’ils sont bien plus intéressants. Pire, ils font même d’un personnage secondaire très important pour la suite, un chevalier noir (le choc lors de la révélation).

Des personnages remaniés pour le pire plus que pour le meilleur

Parce que la série live avortée avait osé avant, je laisse cette petite vidéo en guise d’intro :

Concernant les personnages, ils sont globalement respectés même si traités par dessus la jambe parce que pas le temps. Deux traitements de personnages sont problématiques selon moi : Ikki et Shun. Pas de bol, ils sont frère et soeur. Oui, vous avez bien lu, Shun est devenu une femme dans cette version, mais voyons Ikki d’abord.

J’ai la haine.

Ikki est, pour moi, un des personnages les plus intéressants de Saint Seiya parce qu’il est partagé entre son amour indéfectible pour Shun et l’entraînement subi qui a fait de lui le chevalier le plus haineux et le plus agressif qui soit. Son évolution au fil de l’histoire est passionnante et le personnage n’obéit à personne, même pas à Athéna, alors faire de lui le sbire d’un grand méchant trahit l’essence du personnage. Il devient un simple larbin et quand les chevaliers noirs ne sont assimilés qu’à des expériences scientifiques au service du méchant, c’est réduire encore plus le poids du personnage au début de l’histoire. Et puis merde, c’est le phénix pas le chevalier de la licorne !

Les doubleurs français avaient juste de l’avance.

Concernant Shun, je ne pense pas me mouiller en disant que c’était certainement dans le cahier des charges de féminiser un chevalier principal. Pour ma part, j’aurais bien vu Hyoga voire Ikki, mais pas Shun parce que c’est tellement facile et cliché. Alors oui, il représente la constellation d’Andromède qui est une femme, oui il a une voix féminine dans l’animé des années 80, oui il est moins viril que ses camarades. Son refus de se battre, d’user de violence et d’être prêt à se sacrifier en font l’un des chevaliers les plus nobles, pas un archétype féminin. Evidemment, la série prête ainsi le flanc à la polémique et quand l’oeuvre propose des femmes fortes (Athéna, Shina, Marine) ça fait moyen de tomber dans ce travers. Quand les auteurs décident d’enlever le masque de Shina, j’applaudis des deux mains et pas dans ce cas. J’y vois une occasion manquée.

Ressens le cosmos à l’intérieur de toi

Le cosmos, ça brûle ?

Passé la déception du visionnage des six premiers épisodes qui piétinent allègrement l’oeuvre de Kurumada, il faut reconnaître quelques qualités à cette version : des combats très raccourcis et une volonté de modernité. C’est tout. Au rayon des incompréhensions : il sert à quoi le nouveau méchant ? Pourquoi il n’y a plus de sang ? Combattre des hélicoptères et des tanks à coup de boules de couleur, sérieusement ? Elle est où la brûlure du cosmos ?

Pour le reste, je ne peux décemment conseiller le visionnage parce qu’à vouloir moderniser, occidentaliser même l’oeuvre originale, elle est vidée de sa substance. Il faut peut être admettre que Saint Seiya est désuet et n’a plus sa place dans notre monde actuel, sauf à être vu par des vieux cons comme moi dans un moment de nostalgie.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.