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Halloween Ends

Après un premier volet pas si mal, un second qui ne savait pas exploiter un propos fort intéressant, voici le troisième et ultime volet de cette trilogie bouclant l’arc Mickael Myers. Est-il à la hauteur de l’ambition affichée ?

Pour recontextualiser un peu, Halloween Ends se doit de conclure une trilogie qui, à défaut d’être réussie, essaie de faire bouger les lignes d’un genre moribond depuis bien longtemps, à savoir le slasher. Pour ma part, je situerais le début de la fin à l’arrivée de Scream (le premier). Autant dire une éternité pour notre époque.

Derrière toi !

Quand la franchise Halloween décide de repartir pour un tour en 2018 avec le retour de Jamie Lee Curtis en Laurie Strode, j’étais plus que dubitatif. Les deux premiers films ont réussi à me faire croire que ce troisième serait le film qui retrouverait le côté profondément politique du genre avec de la tripaille pour enrober le tout. Malheureusement, Halloween Ends échoue dans les grandes largeurs malgré de bonnes idées.

Halloween Kills invoquait déjà l’idée d’un mal s’infusant dans la ville. Ends reprend cette idée en osant faire disparaître Mickael Myers de l’équation. Parce que le boogeyman fera un temps d’écran extrêmement faible et la boucherie ne sera jamais vraiment ouverte. Tout juste trouvera t-on un début marqué par l’existence du mal à travers un certain nombre de morts en tout genre et une introduction très réussie, bien que prévisible.

Aimons nous sous les néons.

Ensuite, le film déroule sa partition en mode « le mal se nourrit du mal », « Le mal a besoin d’être personnifié ». L’idée est excellente, mais le traitement est beaucoup trop basique pour être intéressant. Constat identique pour Laurie Strode qui passe de la guerrière en quête de vengeance à « j’ai trouvé la voie du zen » en seulement quelques années. En faisant une ellipse de plusieurs années, Ends n’ose pas prendre à bras le corps son sujet sur le mal qui s’infuse.

Il le traite en seulement quelques minutes au début du film puis le met de côté pour nous sortir une histoire d’amour tragique entre deux âmes perdues traumatisées par le mal. Et pourquoi pas ? L’amour impossible entre une fille traumatisée par la mort de sa mère et un jeune homme qui aura un passé tragique (tout est dans l’intro) était une bonne idée, si l’ambition du film avait infusée son scénario.

L’une des bonnes idées du film est d’avoir mis Mickael Myers en retrait. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. Cela fonctionne plutôt pas mal sauf qu’en évacuant la quasi totalité des morts au début et à la fin du film, ainsi que d’abuser du hors champ dans ce cadre, les spectateurs se retrouvent devant un film qui n’assume pas son genre. Au point même de faire de la confrontation finale et attendue, un moment tout sauf inventif et décevant.

Pan !

Ne vous méprenez pas, chers lecteurs et lectrices, je n’attendais pas de Halloween Ends une réflexion profonde sur le mal et le fait qu’il n’a plus de visage. Je m’attendais à un bon slasher avec des tripes et un traitement plus en profondeur des idées lancées dans le précédent volet. Que nenni. Selon moi, David Gordon Green a voulu expurger son film de tout artifice gore pour laisser toute la place à son propos.

Ce qui est un pari audacieux quand on a un scénario solide et les compétences pour le faire. L’exécution est trop moyenne pour ne pas finir par s’ennuyer malgré une durée mesurée. La fin étant bien moins réussie que celle du premier volet même si elle conclut de façon intéressante l’arc développé depuis trois films. Mickael Myers n’est plus.

En résumé, Halloween Ends ose et en cela, il mérite le visionnage. Par contre, il ne faut pas s’attendre à un grand film parce qu’à aucun moment, les moyens sont à la hauteur de l’ambition. Il a aussi le mérite de mettre fin à l’arc Mickael Myers et Laurie Strode après plus de quarante ans à errer.

Genre : slasher sans cadavres

Réalisation : David Gordon Green

Scénario : David Gordon Green, Danny Mc Bride, Paul Brad Logan et Chris Bernier.

Casting : Jamie Lee Curtis et les autres.

Musique : John Carpenter et les autres.

Année de sortie : 2022

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.