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Zack Snyder’s Justice League

Univers étendu de DC Comics est à l’exact opposé de celui de Marvel, c’est à dire une catastrophe industrielle qui ressemble plus à une créature de Frankenstein qu’à un tout cohérent. Pris à l’envers, ne permettant jamais vraiment aux spectateurs de s’attacher aux différents personnages, la Warner a créé un monstre assez incontrôlable. Le pic aura été le film Justice League qui aura subi bien des déboires pour finir entre les mains de Joss Whedon afin de terminer le film suite au départ de Zack Snyder pour une raison largement relayée dans les médias : le suicide de sa fille. Au delà de la tragédie familiale, Justice League est un film qui faisait suite à Man of Steel et Batman vs Superman. Le kryptonien est mort, un méchant de l’espace fracasse tout ce qui est sur son passage pour récupérer des boîtes (c’est comme les pierres d’Infinité, mais il y en a moins) et permettre au super méchant de venir botter les fesses des super héros. Batman n’est pas d’accord et cherche à se faire des amis pour renvoyer Steppenwolf, le méchant pas beau de l’espace dans ses pénates. A la fin, Batman a des copains, le méchant est mort, Superman revient et l’univers étendu de DC est bon pour le cimetière des franchises.

Je t’explique comment faire un bon ralenti.

L’histoire de Justice League aurait pu s’arrêter là, si l’accueil public du film n’avait pas été aussi tiède. Il faut reconnaitre que le film est assez bancal, ne fonctionne pas toujours et que mon souvenir pourrait se résumer à « c’est un peu chiant ». Aquaman ayant réussi à ramener des sous, Wonder Woman ayant reçu un bon accueil (comprendre un joli paquet de billets verts) et une suite pour chacun d’eux étant prévue, les échos d’un retour de Zack Snyder pour une director’s cut se sont fait de plus en plus assourdissants. Le retour de Snyder aux commandes d’une nouvelle version est confirmée avec un gros gros budget (somme à neuf chiffres évoquée) et une durée de vie conséquente puisqu’une sortie en salles n’est pas du tout prévue. Six parties pour en faire une « mini-série » sur HBO Max afin de booster les abonnements de la plateforme de streaming (avec Netflix, Amazon Prime, Disney+ et compagnie, il faut créer l’évènement). La pandémie chamboule pas mal de choses dans le planning initial. Wonder Woman aura eu droit à un second opus sur HBO Max que l’on pourrait qualifier de médiocre pour rester vraiment très poli en début d’année 2021, en grande partie à cause de la pandémie. Justice League revient dans une version longue, toujours en six parties, mais disponible en un seul bloc de 4H environ depuis la fin mars sur différentes plateformes de SVOD.

J’ai tous mes copains avec moi.

Est ce que la version de Zack Snyder est meilleure que la précédente ? Oui et non. Oui, parce que Snyder a repris la main et que le film correspond beaucoup plus à l’image qu’il en avait au départ. Les tics de réalisation sont tous là, le film est bourré de ralentis iconiques dans sa première partie, ça fonctionne bien sur le plan du rythme et on sent que le réalisateur aime ses personnages (Wonder Woman est bien mieux exploitée que dans le dernier film, Darkseid a une vraie gueule et Steppenwolf prend une nouvelle dimension tragique qui le rend beaucoup plus intéressant que dans la précédente version). Si on aime la patte Snyder, elle se retrouve dans le film. Je trouve sa filmographie intéressante (300, excellente adaptation du très bon comics de Frank Miller et l’Armée des Morts en tête pour des raisons différentes), mais sa trilogie DC me laisse assez froid. Non, parce que le film est beaucoup trop long pour ce qu’il raconte. Il est très facilement amputable d’une bonne heure sans que cela ne nuise au film. Cela aurait permis de réduire les longueurs ici et là, tout en conservant un rythme soutenu. Certes, les personnages gagnent en profondeur (Cyborg, Steppenwolf et Flash en particulier), mais il ne faut pas pour autant considérer que si la tartine est plus grosse, elle n’en sera que meilleure. Au bout de quatre heures, je suis ressorti en regrettant un montage raccourcissant l’ensemble, notamment la fin avec un passage inutile et long (Monsieur J., je pense à toi). Les ralentis à outrance du début sont très pénibles par leur durée et le format 4:3, choix assumé par Snyder, est très déconcertant.

Je suis dans le film.

En résumé, la Snyder’s Cut de Justice League est la version qu’il faut privilégier si l’on souhaite conserver un minimum la cohérence d’ensemble des trois films Superman/Batman. Mais de là la considérer comme un chef d’œuvre ou indispensable, il y a un gouffre. Le film fonctionne beaucoup mieux et mérite un visionnage pour ceux qui apprécient le travail de Zack Snyder. Les autres peuvent passer leur chemin sans regret et attendre Aquaman 2.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.