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Early Access: Exogate Initiative

Je n’ai jamais trop suivi Stargate SG1. D’une part parce que j’avais trouvé le film très mauvais, et d’autre part parce que je n’avais pas la télévision quand la série passait sur M6. Du coup, je n’ai qu’une vague notion du gloubiboulga interstellaire-pseudo-scientifique qui mêle exploration des mondes lointains, où tout le monde parle anglais, et race extraterrestre dont les casques ressemblent à des dieux égyptiens. Par contre, j’ai toujours été fasciné par les passages dans la base principale, où était installée la porte des étoiles.

Ces souterrains qui semblaient interminables, ces scientifiques en blouse blanche et ces militaires surarmés qui couraient partout, des gens très affairés qui entraient des données obscures sur des ordinateurs qui faisaient blip-bloup. Tout ce petit monde, pour absurde et inconséquent qu’il fût, me donnait envie d’en savoir plus, d’en voir plus. Largement plus en tout cas, que les trois décors moisis construits à la va-vite dans la forêt qui borde Vancouver. Et ça tombe bien parce que c’est exactement le sujet du dernier jeu de Xeno Bits : Exogate Initiative.

J’ai la Gate qui se dilate

Exogate Initiative est un jeu de construction et de gestion. Si vous pensez à Theme Hospital, Evil Genius ou Oxygen Not Included, vous aurez tout à fait raison. Le principe est simple : nous sommes dans le futur proche et une porte permettant de voyager instantanément sur des mondes très lointains vient d’être découverte. C’est pourquoi vous êtes chargé – dans une base souterraine aux dimensions réduites, et dont la fameuse porte (appelée ici Exogate) occupe le centre – de construire et d’entretenir tout le nécessaire en terme d’équipement et de personnel, afin que le programme d’exploration interstellaire se passe au mieux.

Vous avez un budget alloué au départ, vous permettant de creuser et d’équiper vos premières salles. Le principe étant d’envoyer des petites équipes à travers la porte pour qu’ils vous ramènent des tas de choses, que vos scientifiques étudieront puis transformeront en brevets afin de gagner encore plus de fric, dans une explosion orgasmique d’un capitalisme triomphant. Car après tout, pourquoi aller à l’autre bout de l’univers si ce n’est pour gagner encore plus ici ? Je vous le demande.

Le jeu aussi se le demande, puisqu’il aborde avec humour ces questions, au travers des délires d’un multimilliardaire fantasque – qui nous finance – mais aussi d’un comité de décisionnaires qui ne pense qu’à l’argent que tout ceci va lui rapporter. Il s’agira donc de jongler entre les besoins de vos équipes, l’entretien et l’extension des salles, l’étude scientifique, la création de brevets et l’exploration.

Y’a des Exo à faire

Tout tourne donc autour de l’exploration dans Exogate Initiative. Vous devez créer des salles pour l’analyse scientifique des spécimens aliens, des dortoirs, des cantines, des salles de sport, des infirmeries, etc. L’ensemble est souvent un prérequis pour partir en expédition. Les équipes, composées au départ de 3 personnes, vont passer la porte et se retrouver dans un monde étrange. Si au départ vous ne pouvez envoyer que des scientifiques, ce qui vous limite dans vos choix d’action une fois sur place, le jeu va rapidement vous permettre d’engager d’autres spécialistes (soldats, ingénieurs, diplomates, etc.). Ces derniers vous offrant alors la possibilité de réagir autrement face à certaines situations rencontrées sur les différentes planètes.

Présentée sous forme textuelle avec un choix de réponse à donner, la partie exploration fait la part belle à l’imagination puisque nous incarnons le superviseur, destiné à rester dans la base et ne vivant l’aventure qu’à travers ce que ses équipes veulent bien lui communiquer. Une très bonne idée du studio de développement a été de permettre une intégration Twitch du jeu. En effet, les réponses que vous donnez aux explorateurs influençant le déroulement de la mission, vous pouvez demander à votre Chat de faire un choix sous forme de vote. Cette idée rend le jeu encore plus interactif et implique vos viewers, ce qui est une excellente façon de rendre le jeu « twitch-friendly » et d’assurer ainsi une plus large diffusion.

Au fur et à mesure de leurs explorations, ils rencontreront une faune de plus en plus développée et intelligente. Cette partie est, pour moi, une des grandes réussites du jeu puisqu’elle place le résultat de nos préparatifs au coeur du gameplay, tout en nous détachant complètement de son accomplissement. On se sent alors réellement dans la peau de cet organisateur de l’ombre qui ne fait que vivre des aventures par procuration et qui n’ira probablement jamais sur le terrain.

On est Gate-hé

La boucle de gameplay principale est classique pour qui est habitué aux jeux du même genre. Créer des pièces dédiées à une ou plusieurs fonctions, faire venir des gens qui les utiliseront, gérer tous les aspects de la santé de ces derniers (physique, mentale, sociale, etc.), gérer l’énergie, faire progresser l’indispensable arbre de talents qui ouvrira d’autres possibilités, le tout en n’oubliant pas d’aller visiter l’univers. Autant vous dire qu’il va falloir faire preuve d’un solide sens de la gestion et de la planification.

Pour un jeu fait avec une si petite équipe – quatre Bordelais dans le vent – la qualité est très appréciable. Les graphismes, même s’ils ne sont pas incroyablement originaux, sont colorés et fourmillent de petits détails bienvenus (zoomez sur les plateaux-repas pour comprendre ce que je veux dire). La musique qui vous accompagne tout le long de votre partie a le bon équilibre entre implication et légèreté – elle n’est jamais intrusive ni entêtante – ce qui est indispensable vu les longues heures que vous allez passer dans le jeu. Le gameplay, quant à lui, est efficace et précis. Il est à noter que le jeu est très peu gourmand. J’ai pu le faire tourner sans ralentissement sur un PC de 2016, sans carte graphique dédiée et avec 8Go de ram.

D’un point de vue global, la lisibilité est très bonne. Les zones et leurs destinations sont clairement identifiables, chaque machine a sa propre touche qui la rend unique, les états de santé de nos employés apparaissent au-dessus d’eux sous forme d’icônes là encore tout à fait compréhensibles (pensez Sims). Seule l’apparence des personnages est un peu répétitive et les rend parfois compliqués à retrouver (surtout quand il commence à y avoir foule). Heureusement des tas de tableaux récapitulatifs sont disponibles pour vous aider à gérer tout ce petit monde.

Une bien belle Initiative

Pour peu que vous aimiez le genre, à savoir la construction de bases, vous ne pourrez qu’apprécier Exogate Initiative. D’abord pour l’originalité de son histoire, ensuite pour toutes ses petites trouvailles qui le parsèment, enfin pour son gameplay efficace et immédiatement compréhensible.

Je suis loin d’être un spécialiste des jeux de gestion, et pourtant à aucun moment je ne me suis senti perdu. Je me suis senti débordé bien sûr, voire même totalement submergé tant les problèmes s’accumulaient pour mes pauvres explorateurs, mais c’était à cause de mes mauvais choix, ou du manque de chance, pas à cause d’une interface cryptique.

À aucun moment je n’ai eu l’impression de devoir me battre avec le jeu pour comprendre ce que je devais faire. Il y a d’ailleurs un tuto très bien fait qui vous guide progressivement à travers tous les aspects importants du jeu.

En résumé, Exogate Initiative est fait avec amour par une équipe indépendante qui s’y connait en jeu de gestion, mais qui sait également se mettre à la place des novices. Un jeu à avoir dans sa ludothèque, et sur lequel vous passerez de longues heures bien remplies.

P.S. Cet article est également disponible sur inn42.fr

Genre : Gestion – Construction – Exploration

Développement : Xeno Bits

Éditeur : Xeno Bits

Date de Parution : 18 avril 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

CekterDown

Fasciné par Sherlock Holmes et le mythe de Cthulhu, j'aime également la science-fiction et tout ce qui s'y rapporte, je ne réponds qu'aux superlatifs et ne désespère pas qu'on me voue un culte un jour. J'aime surtout m'entourer de gens plus talentueux que moi.