Early Access: New Arc Line
Après avoir regardé un premier trailer, ce New Arc Line m’a sérieusement intrigué avec son mélange d’heroic Fantasy et de technologie façon Trente Glorieuses. Bien évidemment, ce mélange n’est pas tout à fait novateur et l’on pense tout de suite à l’antique et cultissime Arcanum d’Obsidian, à la saga Mistborn de Brandon Sanderson ou encore au récent cycle Age of Madness de Joe Abercrombie, pour n’en citer que quelques-uns. Pour autant, à peine le jeu lancé, c’est du côté d’Arcanum que le regard se porte avec cette 3D Isométrique qui rappelle clairement le vieux classique du RPG. Baldur’s gate 3 n’est, en apparence, pas non plus très loin.
Les premiers échanges avec les PNJ laissent subodorer que l’intelligence artificielle a été mise à contribution pour créer les différents portraits des interlocuteurs et, renseignement pris auprès d’un certain forumeur particulièrement pointilleux (et irritant, faut bien l’avouer), il semblerait que ce soit effectivement le cas. Je ne suis pas du tout fan du recours à l’intelligence artificielle dans quelque domaine que ce soit mais on ne va quand même pas tirer à vue sur un jeu indé pour cette seule et unique raison.

Les premières minutes du jeu vous placent sur le site d’un crash aérien et vous ne mettrez pas très longtemps à comprendre que les autres victimes semblent vous imputer la responsabilité du désastre pour des raisons qui restent encore particulièrement nébuleuses.
Il ressortira des premiers échanges avec les survivants de l’accident que le monde est désormais divisé en deux factions antagonistes avec, d’un côté les magiciens qui voient un très mauvais œil leur mainmise sur le monde s’amenuiser au fur et à mesure des progrès technologiques et, de l’autre côté, les fervents partisans de cette technologie nouvelle (avouez que vous ne l’aviez pas vu venir).

Avant de déflorer l’histoire, penchons-nous un instant sur la technique de ce jeu qui est proposé en early access à l’heure où j’écris ce test. Il n’échappera personne que ce genre de production, sortie en cours de développement, est souvent entachée d’un certain nombre de défaillances techniques et de bugs, plus ou moins manifestes et/ou problématiques.
Dans le cas présent, le jeu m’a semblé assez propre (en dehors de l’optimisation mais on y reviendra avec les plus courageux) avec aucun bug à signaler au cours de la première heure de jeu et des décors très agréables à regarder, en dépit un léger manque de netteté.

En ayant poussé le jeu en 2160p avec la majeure partie des options graphiques à fond sans que cela n’occasionne d’ailleurs de ralentissements majeurs dans la première grande zone de jeu, j’ai néanmoins eu la nette sensation qu’un procédé de résolution dynamique était à l’œuvre.
En bref, les détails des personnages semblent moins faciles à discerner qu’ils ne devraient l’être avec ce type de résolution. Après un rapide passage du côté des options graphiques, les choses sont rentrées dans l’ordre après avoir réajusté le paramètre de mise à l’échelle. Bien évidemment, cette netteté retrouvée a eu un coût puisque le framerate s’est gentiment cassé la figure, plus ou moins violemment selon les zones visitées.

Etrangement, le manque d’optimisation de cette version en développement s’est plus fait sentir dans des zones qui semblaient, à priori, les moins chargées en décors et en PNJ. Pour le reste, les textures sont très propres, la modélisation des personnages est tout à fait satisfaisante et les décors sont très jolis et font parfois penser à un Bioshock Infinite vu de haut, ce qui n’est pas le moindre des compliments.
Nous ne sommes certes pas dans Baldur’s Gate 3 (oui, je sais ce que vous pensez et j’ai déjà essayé : les personnages gardent leurs sous-vêtements, quoi que vous fassiez) mais la réalisation est d’excellente facture malgré les évidents problèmes d’optimisation qui restent assez compréhensibles vu que nous somme en présence d’une version en accès anticipée.

En dehors du recours plus ou moins contestable à l’IA pour la conception des portraits, le jeu semble, techniquement tout du moins, tout à fait recommandable à ce stade de développement et je n’ai pas rencontré le moindre crash ou retour intempestif au bureau.
Je ne me suis pas amusé à le tester sur un Steam Deck ou un Rog Ally et je ne vous le conseille carrément pas puisque les sous-titres seront, dans ce cas, pratiquement illisibles (edit : j’ai testé sur un portable et un Rog Ally Extreme et les deux ont failli découvrir les secrets de la fusion nucléaire en tentant de lancer le jeu).
Voyons ce qu’il en est de l’histoire et du gameplay. Dans New Arc Line, votre objectif principal sera de trouver le remède au mal qui ronge votre famille. Oui, c’est vraiment mystérieux et complètement repompé sur la fiche du jeu. Votre dernier espoir se trouver quelque part au cœur de cette cité à l’avant-garde du progrès technologique : New Arc.
A peine extirpé du crash de votre zeppelin (ou dirigeable, aéronef, avion, montgolfière… je ne sais pas trop vu que tout cela est TRES TRES MYSTERIEUX…. t’entends, Alain ?), vous vous dirigerez donc vers cette ville où semblent résider tous vos espoirs. Le hic, c’est que les dorures cachent des secrets moins avouables et que l’édifice qui, à l’horizon, semblait parfait va vite révéler des fêlures nettement moins attrayantes et chatoyantes. Bienvenue à Paris… ahem… à New Arc.

Votre première mission va donc être de rejoindre votre contact en ville, ce qui vous donnera ainsi l’occasion de rencontrer Mick, colosse boxeur et, à ses heures perdues, homme de main endetté du parrain local. Mick va alors bien gentiment vous amener chez son patron, un nain rouquin au tempérament orageux qui, en bon entrepreneur philanthrope, vous donnera diverses missions à accomplir avant de daigner vous aider.
Car oui, le steampunk croise sans cesse l’heroic fantasy dans ce New Arc Line et il ne sera pas rare de voir des nains ou elfes en costard dans les beaux quartiers de la ville tandis que des goules, des fées des dents (si, si) et autres racailles sans beauty privilege auront tendance à glander dans les bas-fonds et dans la cour des miracles locale.

Bref, la première mission qui vous sera donnée consistera à vous rendre chez le superviseur de la ligne de chemin de fer afin de le convaincre de réembaucher la taupe – passablement imbibée – du mafieux qui a le bon goût d’être en charge du contrôle des marchandises. Et bien évidemment, notre mini mafieux serait ravi de voir un type pas trop regardant et porté sur la gnole se charger la besogne.
Et globalement, les premières heures de New Arc Line se dérouleront de manière assez similaire : un type vous donne une mission / un marqueur sur la mini-map vous indique votre prochaine mission sur la carte / vous vous y déplacez plus ou moins aisément en évitant les types qui voudraient raccourcir sérieusement votre espérance de vie / vous discutez avec un nouveau PNJ qui vous confiera une nouvelle mission et une nouvelle destination, lesquelles vous amèneront bien souvent à découvrir un autre PNJ qui, ô divine surprise, vous confiera une autre mission. Et bis repetita.

Bref, on a toujours l’impression d’être sur des rails et on garde la désagréable sensation que la grande aventure promise n’est, en réalité, qu’une sorte de leurre que les développeurs agitent devant vous. Alors oui, l’univers semble chouette et le visuel est très agréable, du moins tant que le manque d’optimisation de l’ensemble ne transforme pas votre balade en séance diapo.
Mais j’ai quand même du mal à accrocher à l’ensemble pour une raison qui m’échappe et dont je n’arrive pas tellement à déterminer si elle résulte de ma perte progressive d’intérêt pour ce genre de jeux, d’une patience amoindrie due à mon grand âge ou d’un manque de profondeur dans l’univers qu’on essaye de dépeindre.

Autre problème majeur, les combats m’ont paru assez fastidieux avec un taux conséquent de ratages (merci le RNG), une difficulté relevée et des commandes qu’on qualifiera charitablement de perfectibles ou, moins aimablement, de bordéliques. Pour conclure, j’aurais tendance à vous suggérer d’attendre gentiment sur le bas-côté le temps que le développement de New Arc Line progresse, histoire de voir si on a affaire à une jolie coquille vide ou à un vrai successeur à Arcanum.
Pour l’instant, mon impression reste assez mitigée avec, d’un côté un univers qui me plait beaucoup et des dialogues pas mauvais et, de l’autre, une intrigue, des quêtes et des combats qui ont tendance à me faire décrocher. On se revoit dans quelques mois pour voir comment les choses auront évolué.
Genre : C-RPG
Développeur : Dreamate
Editeur : Fulqrum Publishing
Date de sortie en Early Access : 26 novembre 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur