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Go! Go! PogoGirl

J’ai, par lâcheté, laissé jouer ma chérie à Go! Go! PogoGirl, nouveau titre indé et rétro signé Ohsat Games qui a déjà sorti…humm… bref, un nouveau jeu indé. Ses premiers mots, manette en main, furent « Oh je sens que ça va être chiant ». Ok, je comprends mieux pourquoi notre rédac’ chef bien aimé me l’avait réservé. Ah tiens, j’entends Player One gueuler en arrière-plan : « Ah je suis morte, je suis tombée sur les piques. »

Simple, basique

Suivi, quelques secondes plus tard, de : « Ahhhh je suis morte, je suis encore tombée sur les piques. Oh ben, c’est nul ». Bon, je sens que je vais reprendre la manette et m’essayer au truc. Faut dire qu’elle n’a pas vraiment l’air de prête à se battre pour la conserver. Notez bien que j’hésite un peu. Vu d’ici, le jeu ressemble quand même à un demake 8 bits du premier niveau de Sonic.

Ouaip, Green Hill Zone. Et la musique est bien partie pour me rendre barge. Et, bien évidemment, j’ai la musique de Sonic en tête maintenant.

Non, non, ne me remerciez pas

Va falloir que je négocie une prime de risque si je continue à tester les trucs que me file Harvester. Je sens que je vais aimer ce test. Ready, player two ? Bof, pas trop. Remarquez, on serait encore dans les années 80, je vanterais très vraisemblablement les scrollings multidirectionnels et la belle palette de couleurs (ne nous emballons pas, on reste manifestement sur du 32 couleurs à l’écran).

Le problème, c’est que nous sommes désormais en 2023 et que des jeux de plateformes beaux à pleurer, on en a vu passer quelques-uns comme Rayman Origins et Legends, Heroin Anthem II et, surtout, les deux épisodes du sublime Ori and the Blind Forest (sans même parler de ce qui s’est fait sur console comme le dernier Donkey Kong). Du coup, si on doit revenir sur un truc aussi basique, il faut que l’on ait, au moins, l’assurance de retrouver le gameplay et les sensations d’antan.

Oui, ça tournerait sur votre vieux Amstrad 464 à lecteur de k7

Alors, pour ce qui est du gameplay, pas de problème, notre héroïne juchée sur un Pogo Stick (ou Bâton sauteur) répond au quart de tour. Je passe rapidement sur le scénario de Go! Go! PogoGirl. Un très très vilain lui a volé son beau Pogo Stick et elle est donc obligée de partir à la poursuite du scélérat en enfourchant le Pogo Stick tout pourri qu’il lui restait en stock. Le maniement est tout aussi simpliste que le scénario sans, pour autant, être totalement dénué de finesse.

En effet et contrairement à un jeu de plateforme basique, votre héroïne est tout le temps en mouvement car son Pogo Stick rebondit à chaque fois qu’il touche le sol ou un obstacle. Toute la difficulté consistera donc à tenir compte de ces rebonds plus ou moins intempestifs pour éviter de terminer dans le décor ou de heurter de plein fouet un des ennemis, les deux cas étant synonymes de mort immédiate.

Histoire de corser un peu les choses, vous avez également la possibilité de maintenir la touche enfoncée pour effectuer une charge qui vous permettra de encore sauter plus haut ou d’utiliser le deuxième bouton qui vous permettra de provoquer une attaque en piquet lorsque vous êtes en l’air. La charge présente l’avantage indéniable de stopper provisoirement votre personnage au sol, ce qui vous permet d’anticiper un saut un peu plus risqué que la moyenne (au hasard, au dessus de pics ou vers une plateforme en mouvement).

Jusque-là, tout va bien. On reste dans le classique mais dans le classique correctement exécuté. Le souci, c’est que, très rapidement, vous vous rendez compte que tout cela n’est pas tellement rigolo à jouer. C’est un peu le syndrome classique qui touche n’importe quelle expérience retrogaming 8 bits.

Dans vos souvenirs, c’était génial et vos jeux Nintendo NES ou Sega Master System étaient les plus beaux jeux jamais réalisés (surtout les Sega en fait) et vous étiez persuadé qu’on ne verrait jamais rien d’aussi fou. Pas de pot, on a vu bien plus fou depuis lors. Du coup, le gameplay de ce Go! Go! PogoGirl ne tarde pas à générer une certaine somnolence chez le joueur.

Le premier sous-niveau s’achève gentiment sur un décompte des points. Ouaip, nous sommes bien en présence d’une copie servile d’un jeu des années 80. Alors que débute le second niveau de Go! Go! PogoGirl, j’ai le malheur de constater que le décor est le même, de même que les deux ennemis rencontrés jusqu’à présent (deux blobs). Seul la palette de couleur a changé. Je sens, à cet instant précis, que je vais bien m’amuser.

Je suis désolé mais ce ne sont pas les 90’s dont je me souviens

J’hésite à contacter le rédac-chef pour lui demander de me refiler, à la place, un des wargames pourris qu’il affectionne. La suite me donnera hélas raison. Chaque niveau principal est découpé en plusieurs sous-niveaux, eux-mêmes parsemés de checkpoints, et se termine par un affrontement avec un boss dont il faudra décrypter les patterns plus ou moins simplistes. Et bis repetita. Et bis repetita.

Je continue ou vous voyez où je veux en venir ?

Bref, sans être foncièrement mauvais, le jeu est ultra redondant et limité tant dans son gameplay qu’au niveau de la réalisation. Passé 7 ou 8 sous niveaux, je n’en pouvais plus et j’étais presque tenté de simuler un freeze du jeu pour me donner bonne conscience. « Oh tiens, je suis tombé sur des pics. C’est ballot. Oh, voyez-vous ça, la console s’éteint toute seule. »

Sur une console où je peux jouer à Hogwart’s Legacy, Elden Ring ou Forza Horizon 5, je ne vois pas trop pourquoi je m’acharnerai sur un jeu comme ça qui serait probablement plus à sa place sur une console portable entre deux stations de métro.

En définitive, Go! Go! PogoGirl me fait penser à ces trips rétro-nostalgiques faits par des amateurs qui, bien souvent, n’ont pas connu l’époque qu’ils souhaitent recréer. Là, j’ai l’impression d’avoir affaire à un jeu de plateformes fait par un type qui pense que c’était mieux avant mais sans avoir jamais vraiment connu l’époque des Super Mario 8 bits et autres Alex Kidd.

Même à un prix aussi doux, je ne pourrais vraiment pas vous recommander Go! Go! PogoGirl, surtout quand on peut trouver des Rayman et Ori à 5 €.

Genre : Jeu de plateforme old school

Développeur : Ohsat Games

Editeur : Ohsat Games

Plateforme : Steam – Switch

Prix : 4,99€

Date de sortie : 26 janvier 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.