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Re:Turn 2 – Runaway

J’aurais dû m’y attendre en lançant Re:Turn 2 – Runaway. Débarquer dans une série sans avoir joué au premier épisode, c’est prendre le risque d’être complètement perdu. Malgré le texte d’intro qui tente de résumer les aventures de Saki et Sen, les deux protagonistes principaux, je me retrouve dans un wagon délabré, en pleine engueulade, sans trop comprendre ce qu’il se passe.

Saki, la demoiselle, encore paniquée et surprise d’être encore en vie, veut fuir cet endroit maudit au plus vite. Mais Sen, son petit ami, se lance dans un argumentaire concernant leurs amis décédés dans Re:Turn – One Way Trip (le premier épisode), qu’il serait encore possible de les rejoindre et tente d’empêcher Saki de partir.

Sen n’est pas très subtil, je devine facilement que l’esprit d’Ayumi, la méchante de l’histoire, l’a corrompu et tente de finir le travail. Si j’avais joué au premier, je l’aurais mauvaise ; retour au point de départ, alors qu’on pensait avoir gagné, il faudra à nouveau affronter ces créatures surnaturelles dans un décor angoissant.

Ce twist étant le moyen scénaristique préféré des auteurs d’histoires d’horreur, je ne suis pas surpris. Déjà que le premier épisode débutait par un groupe de potes qui décide d’aller camper dans la forêt, on ne peut pas dire que tout ça respire l’originalité. Allez, faisons fi de ces considérations, restons ouvert d’esprit et voyons ce que Re:Turn 2 nous propose.

Avec ses graphismes en pixel-art qui fleurent bon les années 90, il réussit déjà à poser son ambiance. Des jeux de lumière, de petits détails partout, des animations propres, la direction artistique est de plutôt bonne qualité si on tolère les portraits de personnages au style JRPG.

Le gameplay a lui aussi vingt-cinq ans ; on court de droite à gauche, on interagit avec des portes, on ramasse des objets, et surtout on joue à cache-cache avec des monstres qui nous poursuivent à travers les wagons du train. Les quelques énigmes sont simples, mais vu que je suis complètement nul à ce genre de jeu, j’ai passé pas mal de temps à me faire coincer entre deux portes par des créatures moches.

Leur apparition est trop aléatoire ; soit elles sont exactement là où on doit aller, soit on va passer les mains dans les poches jusqu’à l’objectif sans encombres après avoir rechargé sa sauvegarde (possible uniquement auprès des bougies, je ne sais pas qui a décidé que le feu aurait une capacité régénératrice dans les jeux vidéo mais voilà un trope bien respecté).

Ces passages sont plus pénibles qu’effrayants, se résumant à une série d’essai / erreur qu’on est content de laisser derrière soi. Non, la vraie flippe, elle se manifeste dans la narration, et notamment ces chapitres qui reviennent dans le temps pour nous placer dans les chaussons d’une fillette, passagère de ce train pas encore maudit.

Dans ces décors colorés, on va comprendre ce qui adviendra de cette jeune fille innocente et enthousiaste, proie de monstres qui ne lui auront laissé aucune chance et qui feront d’elle celle qui, des années plus tard, attirera ce groupe d’ados venu camper dans la forêt voisine.

Le scénario est donc, à ma grande surprise vu le début du jeu, la réussite de Re:Turn 2. Les personnages attachants, la découverte des origines de la menace et les quelques dialogues réussissent à donner du sens à cette histoire et aident faire passer la pilule d’un gameplay qui ne m’a pas convaincu.

Heureusement, le jeu se boucle en un peu moins de trois heures, suffisamment court pour ne pas avoir eu le temps de me lasser. L’ambiance sonore accompagne plutôt bien l’aventure ; même si les musiques manquent de personnalité, les doublages anglais sont propres et renforcent la crédibilité des personnages.

Il existe une traduction des textes en français, qui a le mérite de faire mieux que du Google Trad, mais qui pêche quand même dans l’interprétation. On sent qu’il y a eu un effort de fait mais pas assez pour être tolérable, je suis donc assez vite repassé en anglais. Les Re:Turn sont la première réalisation du studio anglais Red Ego Games qui auto-éditent cet épisode quand le premier l’était par Green Man Gaming, leur permettant une sortie console, ce qui n’est pas le cas de cette suite.

Est-ce que profiter de l’histoire de Re:Turn 2 – Runaway est possible sans avoir joué au premier ? Oui, même s’il faudra rattraper quelques wagons en route et que certains éléments importants restent inexpliqués (je ne sais toujours pas pourquoi le pendentif de Sen fait l’objet de la convoitise d’Ayumi).

Est-ce qu’y jouer était une bonne expérience ? Passé le début poussif et le gameplay d’un autre âge, oui, grâce à l’ambiance réussie. Et est-ce que ça m’a donné envie de jouer à One Way Trip ? Non, parce que je connais maintenant l’histoire et que le concept n’a pas changé entre les deux épisodes.

De ce que j’ai pu voir de One Way Trip, il est plus long et un peu plus cher. Les avis sur le gameplay et l’écriture semblent rejoindre le mien sur la suite, ce qui me donne l’impression que les épisodes de cette série ont les mêmes qualités mais aussi les mêmes défauts.

Je m’avance donc peut-être un peu en vous disant que si vous appréciez le pixel-art, que vous êtes prêts à supporter les allers-retours entre wagons en évitant des monstres aux apparitions aléatoires et que vous voulez qu’on vous raconte une histoire d’horreur qui sait sortir des clichés, les Re:Turn sont des candidats honnêtes qui vous occuperont quelques soirées. Et on peut y caresser un chat.

Genre : Horreur en 2D

Développeur indépendant : Red Ego Games

Plateforme : Steam

Prix : 6€

Date de sortie : 28 janvier 2022

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.