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Another Brick in the Mall

J’avais déjà fait le tour de ce jeu l’an dernier dans cet article, durant l’Early Access. Another Brick in the Mall (que j’appellerais ABM parce que je ne suis pas payé à la ligne) est sorti en version 1.0 le 30 avril 2020. C’est l’occasion de remettre les mains dessus, histoire de voir comment il a évolué et comment les principaux défauts que j’avais relevé à l’époque ont été traités, points sur lesquels je vais concentrer mes remarques.

Petit résumé tout de même : comme son nom ne l’indique pas, ABM est un « centre commercial tycoon ». On construit des magasins pour y vendre des produits aux clients pour faire un max de bénéfices, en gérant les stocks, les places de parking ou encore la propreté des lieux.

Cette version finale n’apporte que peu de nouveautés marquantes par rapport à mes précédentes heures de jeu : on y vend la même camelote et on y propose les mêmes loisirs. De la pâtée pour chien aux bijoux, du cinéma au bowling, la gamme est tout de même assez large et il faudra passer par la « recherche » pour débloquer toutes les possibilités.

La logique derrière cette nécessité de dépenser du temps de travail dans des bureaux pour avoir le droit de vendre des fringues ou d’ouvrir un café m’échappe. Ça sent la contrainte artificielle de progression implémentée à la zob, pas forcément le meilleur choix de game design du jeu, mais je pinaille.

Le début de partie est intéressant : on part avec un capital limité, on ouvre une petite épicerie avec trois rayons et deux caissiers et on engrange lentement du cash pour s’étendre et se diversifier. On connaît toujours un afflux massif de clients lorsqu’on ouvre un nouvel accès à la carte (via la recherche, là aussi…), ce qui augmente d’autant nos revenus tout en nous obligeant à ajuster notre offre en places de parking et en employés.

Les principaux ajouts que j’ai constatés sont les caisses automatiques et les parkings souterrains. Les premiers augmentent notre capacité d’accueil des clients sans nécessiter de salaire, les seconds ajoutent deux cents places de stationnement dans un espace limité. De quoi faciliter la gestion, surtout que ces points sont parmi les plus pénibles à gérer.

J’avais espéré que l’absence de caddies et l’obligation pour les clients de faire leurs courses un article à la fois au mépris de toute cohérence soient réglés, j’ai été déçu. Je peux comprendre lorsqu’il s’agit de smartphones ou de lave-vaisselle, j’ai plus de mal quand un client retourne en rayon prendre un paquet de pâtes après être passé en caisse avec de la viande. Toute la logistique des caddies aurait pu être intéressante à gérer également.

Enfin je regrette le manque d’infos et de statistiques pour comprendre comment attirer plus de clients dans l’ensemble de ses magasins. Lorsqu’une boutique ne pouvait plus gérer le flux et que les clients s’en allaient, énervés par la longueur des files d’attente en caisse, j’en ouvrais un autre similaire plus loin. On peut aussi faire du marketing dirigé sur des produits ou des services, mais honnêtement j’ai eu du mal à en lire l’impact.

Il doit être possible de microgérer ça un peu mieux en calculant combien de caisses étaient nécessaires dans chaque magasin pour maximiser les profits, mais j’avoue qu’au bout de quelques heures en y allant un peu à l’arrache, je croulais sous le pognon. Le rapport temps / bénéfice ne m’a pas paru rentable.

Par contre j’ai atteint une limite en nombre de visiteurs quotidiens que je n’ai pas su dépasser, malgré l’ouverture de quantité de nouveaux magasins, de restaurants et autres centres de fitness. On peut décorer ses bâtiments ainsi que les extérieurs, peut-être que cela augmente l’attractivité de son centre commercial mais encore une fois, en l’absence d’informations claires, ça reste une supposition que je n’ai pas su vérifier.

J’aime bien les graphismes, simples, clairs, avec des personnages à tête démesurée, qui ont la bonne idée de ne pas être gourmands ce qui permet d’en afficher plusieurs milliers sans trembler des genoux. Par contre, les clients (tout comme les employés) ont chacun une personnalité et des préférences dont on se fout éperdument vu qu’ils sont beaucoup trop nombreux pour s’y intéresser.

Pour un jeu réalisé par un one man studio français (The Quadsphere), Another Brick in the Mall est tout de même sympa. La phase de découverte dure une bonne dizaine d’heures avant d’en atteindre les limites et de commencer à tourner en rond. Par contre, la simulation est loin d’être aussi profonde que je l’aurais souhaité, prenant souvent des raccourcis et simplifiant énormément de choses (ne pas avoir la main sur le prix de vente des produits est particulièrement frustrant dans un jeu basé sur le commerce…).

Les mods déjà disponibles en quantité dans le workshop de Steam rajoutent produits et décorations en pagaille, mais ça ne renouvellera pas l’expérience (sans compter que je ne suis pas fan des jeux qui comptent sur la motivation des autres pour combler leurs failles).

ABM reste un petit jeu de gestion que je n’hésite pas à qualifier de casual qui ne comblera pas les amateurs de gestion velue. Mais pour le petit prix demandé, il ne vous fera pas passer un mauvais moment. Je souhaite à The Quadsphere de transformer l’essai dans un prochain titre plus ambitieux et plus cohérent.

Genre : Gestion de centre commercial

Site officiel

Développeur : The Quadsphere

Éditeur : The Quadsphere

Plateforme : Steam

Prix : environ 15€ (prix de l’Early Access : 13€)

Date de sortie en version 1.0 : 30 avril 2020

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.