Early Access: Terraformers
Je suis un grand fan de Terraforming Mars. J’y joue en solo, j’y joue avec des gens, j’y joue même sur Steam avec Machiavel. J’ai acheté toutes les extensions, j’ai un insert pour tout organiser et j’ai même pris Ares Expedition à sa sortie. Alors quand ils ont sorti une nouvelle version du jeu sur Steam, je n’ai pas hésité et je me suis lancé dans ce Terraformers développé par Asteroid Lab. Bizarre qu’ils aient changé le nom quand même, ils y perdent en visibilité. Ah attendez, ça appelle à la régie. « Oui, c’est moi. Non non je n’ai pas confondu, c’est au tour par tour, sur Mars, y’a des projets, faut terraformer, c’est Terraforming Mars. Ah, c’est « seulement » une inspiration ? Non non, ça ne me dérange pas, c’est juste que… Quoi ? Continuer le test en arrêtant ma mauvaise foi ? Mais attendez, qui est en régie là ? »
Dans Terraformers, le joueur va donc, au fil des tours, œuvrer jusqu’à rendre Mars habitable. Pour ce faire, à chaque tour de jeu trois projets vont lui être proposés et il pourra en choisir au moins un à garder dans sa main jusqu’à ce qu’il remplisse les conditions pour le jouer. Ces projets vont du champ d’éoliennes aux logements pour colons, en passant par des dépôts de robots et doivent être judicieusement placés soit dans les cités, soit directement à la surface de la planète.
Je fais le distinguo car le jeu se joue sur deux niveaux : les cités, qui ont une place limitée, et les spots disponibles en surface. La taille de chaque cité va conditionner l’expansion possible à la surface, où il faudra placer mines et autres spatioports pour augmenter la production de diverses ressources. Ces ressources serviront ensuite au développement de votre économie, afin de ne pas trop dépendre des importations. Une fois une économie solide en place, vous allez développer des formes de vie, générer une atmosphère et assurer une température adéquate. Comme dans Terraforming Mars en somme…
Heureusement que Terraformers est plus original et profond que ça. Parce que rendre Mars habitable est bien beau mais le plus important est le bonheur de vos colons. Colonisez loin de vos cités, ils seront malheureux. N’accédez pas à leurs désirs, paf ils bouderont. Et comme pour gagner il faut remplir une jauge de contentement, vous allez bien souvent vous retrouver à mettre en pause vos plans le temps de satisfaire ces messieurs dames. Plans qui, je vous rassure, ne sont pas totalement éloignés de votre but, mais qu’il est parfois difficile de déterminer. Cela doit être moi ou l’interface un peu bancale, je ne sais pas mais toujours est-il que je suis parfois à me demander ce que ces $*ù$ veulent de moi. Heureusement c’est de l’Early Access donc ça sera sûrement corrigé.
Ensuite, la manière d’exploiter les villes et la surface est intéressante. Chaque ville est militée dans son rayonnement par sa population. C’est-à-dire que vous ne pouvez relier autour de votre cité qu’un nombre limité de zones. Mais impossible de ne mettre dans votre cité que des habitations. Il va vous falloir des bâtiments boostant le bonheur, des centrales électriques, des fermes… La place étant limitée, des choix cornéliens sont à prévoir. Pareil pour les lieux colonisables. Voulez-vous construire une mine ou des éoliennes, sachant que ce sera une seule construction par zone ?
Alors on explore, un site à la fois (deux avec les satellites) et on économise pour avoir de quoi coloniser une nouvelle cité. Pour produire plus et contenter plus de gens. Et on s’étend encore, toujours. Et parfois on nous propose de nouveaux projets : des bactéries à développer, des plantes et autres animaux. De quoi rendre Mars habitable. Tant qu’on garde le peuple content bien entendu.
Terraformers est donc un jeu tranquille de planification et de gestion. On récupère un projet, on utilise l’action bonus de son dirigeant, qui est obligatoirement changé à intervalles réguliers, on place si on peut un bâtiment et on passe au tour suivant. Et au suivant. Et… oui, ça peut être long si vous n’avez pas en main le projet qu’il vous faut ou s’il vous faut attendre que votre maigre production vous permette d’avoir assez de ressources. Alors on prend son temps, on réfléchit à ce qu’on va faire plus tard. Et avec le manque de clarté dans les informations fournies au joueur, c’est le plus gros défaut du titre : sa lenteur. On passe beaucoup de temps à attendre, contrairement à un jeu de plateau dont il s’inspire.
Mais cette lenteur peut aussi être une force pour ceux qui n’aiment pas être bousculés. On joue pépère à Terraformers, une main sur la souris l’autre sur un verre de [insérez la boisson de votre choix]. On repère les gisements les plus intéressants, on planifie son développement, le tout très tranquillement.
N’allez pas croire pour autant que le jeu est très facile, loin de là. En bon gestionnaire je me suis focalisé sur la production de ressources au détriment du bonheur de mes habitants, ne leur fournissant que le strict minimum. Si mon développement fut efficace pendant un temps, la spirale négative du mécontentement m’a amené vers une défaite inéluctable. Il faut donc trouver le précaire équilibre entre l’industrialisation et le développement urbain, sachant qu’il peut très vite partir en sucette…
Terraformers est certes en Early Access et souffre de défauts de jeunesse comme une interface peu claire, un rythme mollasson et des informations obscures distillées au joueur, mais s’avère être, à ma grande surprise, très plaisant. Le côté jeu de société, les événements aléatoires, les leaders apportant chacun un bonus différent, tout cela rend les parties uniques et agréables. On est sur quelque chose de moins complexe qu’un Anno sans tomber dans le casual et c’est un bon positionnement, surtout à un tarif aussi doux. Early Access oblige, si vous êtes du genre frileux je vous conseille d’attendre encore un peu que l’interface soit améliorée ou que le tutoriel réponde à toutes les questions. Mais franchement, en l’état, vous pouvez déjà foncer.
Genre : Gestion
Développeur : Asteroid Lab
Editeur : Goblinz Publishing
Date de sortie en Early Access : 21 Avril 2022
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur