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Black Mesa

Black Mesa, le remake d’Half Life par le Crowbar Collective

Avant Half Life, j’ai des souvenirs assez flous des premiers FPS auxquels j’ai joué dans les années 90. Wolfenstein 3D, Doom, Corridor 7, Duke Nukem 3D, Hexen, Heretic, Redneck Rampage, ou encore Blood, la période était prolifique. Mais ils n’avaient pas remplacé dans mon cœur l’incroyable immersion dans un univers vivant qu’offraient les deux Ultima Underworld.

Passer d’une ambiance rôlesque et épique à un défouloir bruyant n’a rien de honteux. J’ai passé des heures à dégommer démons et cochons policiers avec un grand plaisir. Mais au fond, j’étais plus attiré par l’histoire que me racontait cette descente dans ces souterrains mystérieux et inquiétants.

L’instant émotion.
Et voilà, j’ai encore fait une connerie…

Quand j’ai mis la main sur la démo d’Half Life en 1998, je suis tombé amoureux. Je l’ai finie d’une traite, puis j’ai appelé mes potes pour leur montrer, prenant un malin plaisir à me faire surprendre par les scripts. Je ne vous raconte pas la version complète, vous vous doutez bien que plus rien n’avait d’importance quand j’y jouais. Cette idylle a duré jusqu’à l’arrivée de Deus Ex qui réveilla mon amour pour les immersive sims. Mais c’est une autre histoire.

Dis-donc toi là-haut…
Eux aussi, ils sont revenus.

J’avais entendu parler du projet Black Mesa il y a des années, sans m’enthousiasmer plus que ça. Je ne fait pas partie du troupeau prêt à perpétrer des sacrifices humains pour provoquer la sortie d’Half Life 3. Le groupe de fans à l’origine du projet s’est constitué en Crowbar Collective. Après un travail de longue haleine, ils ont sorti la version 1.0 de Black Mesa en mars 2020. Et je suis retombé dedans.

Remake total de l’original sur le moteur Source avec des graphismes modernes et le gameplay original, ils n’ont pas menti sur la marchandise. J’y ai retrouvé dans Black Mesa les mêmes scènes, les mêmes lieux, les mêmes sensations, mais retravaillées. Mais passé le petit plaisir nostalgique, est-ce que Black Mesa est un bon jeu ? Ou plutôt, est-ce qu’Half Life est encore un bon jeu aujourd’hui ?

Ils ne savaient pas qu’ils n’avaient aucune chance.

La modernisation graphique m’offre une toute autre vision de la découverte du centre de recherche, avec ces scientifiques qui s’engueulent, se draguent et se promènent. C’est d’autant plus sympathique que maintenant les personnages ressemblent à quelque chose.

Lorsque tout part en vrille, j’ai été frappé par un aspect qui était resté très secondaire dans ma mémoire : l’ambiance film de zombies. Les headcrabs ne se contentent pas de squatter les corps de leurs hôtes mais les transforment physiquement en monstres aux corps difformes.

Encore un qui mange la bouche ouverte.

Pour le reste, le rythme est bien huilé, on alterne des passages bourrins, des « puzzles » à résoudre et des moments de répit souvent ponctuées par des rencontres avec des survivants, le tout dans une linéarité très étroite qui évite la plupart du temps de se retrouver perdu. Un FPS couloir avec quelques « arènes » qui sont l’occasion de vider son arsenal sur la gueule des monstres et des <spoiler alert> marines venus « régler le problème », celui des témoins.

J’attends qu’ils s’entre-tuent, je finirais les survivants.

Alors qu’on soit bien d’accord, certains passages sont rentrés au chausse-pied, le retour à la surface un film de Michael Bay. La logique « bouton A mène au bouton B qui mène à la suite du niveau » montre très vite ses limites. On frôle la lassitude à force de voir le gameplay se répéter. Mais on rigole avec les aliens, on défouraille contre les marines, alors on essaie de vite passer les moments pénibles parce qu’ils ne sont pas si nombreux que ça.

Ils font moins les malins là.

Mais tout ça c’est avant Xen. La découverte de Xen, c’est une autre dimension, un beau roman, une belle histoire. Des décors bluffants, de nouvelles idées, une vraie respiration, un moment de grâce. Surtout pour qui, comme moi, a vécu ce passage comme une purge sur la version originale.

C’est encore plus beau en jeu.

Bon, après on retombe dans la production de puzzles à rythme industriel et le sulfatage d’aliens au format familial (par rouleaux molletonnés de 24). Mais l’ambiance graphique psychédélique à forte dose de violet reste pour moi la plus belle réussite de Black Mesa. Une récompense méritée pour celui qui arrive jusqu’ici. J’étais tout de même content d’en venir à bout parce que la dernière ligne droite est trop longue pour son propre bien.

Le comité d’accueil laisse à désirer par contre.
Je les nargue parce que je suis hors d’atteinte.

Black Mesa, c’est un long couloir de nostalgie, avec tous ces sons caractéristiques qu’on a retrouvé dans toutes les déclinaisons du moteur d’Half Life, son scénario qui tient sur un post-it et ses moments marquants qui réussissent même parfois à contrebalancer les longueurs. J’ai passé mon temps à faire des captures d’écran et je me retiens d’en inonder cet article.

Black Mesa, c’est un hommage respectueux aux origines du FPS narratif, un jeu honnête malgré le poids des ans qui pèsent lourd sur des mécaniques maintes fois sublimées depuis. Mais était-ce un remake nécessaire ? Pas sûr de répondre positivement à cette question. Black Mesa restera quand même un bon moment passé avec mes souvenirs d’adolescent, Half Life sans souffrir du décalage technologique. Et rien que pour ça, ça valait le coup.

Genre : Half Life

Site officiel

Développeur : Crowbar Collective

Éditeur : Crowbar Collective

Plateforme : Steam

Prix : 17,99€

Date de sortie : 6 mars 2020

Version offerte par #IndieSelect

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.

6 réflexions sur “Black Mesa

  • Je me rappelle très bien la période dont tu parles : Heretic, Redneck Rampage, moins connus que Doom ou Duke Nukem mais assez rigolos ! Et puis la démo de Half-Life qu’on a tous fait 20 fois. 1998 ?

    • Alors après vérification, la démo en question c’est Half-Life: Uplink qui aurait été distribuée en 1999, après la sortie du jeu.

      J’ai donc dû jouer à Half-Life en 1999, pas en 1998.

  • J’ai lancé et fini Half Life pour la première fois en avril (excusez ma jeunesse). Sans m’être intéressé à Black Mesa, je savais que c’était un jeu de fan mais pas un remake à l’identique !
    Marrant de voir exactement les mêmes scènes retapées.

    • C’est bien de s’intéresser à l’histoire du jeu vidéo, même quand on est jeune ! Black Mesa est un remake « quasi-identique », avec quelques modifications et variations de certains passages.

      J’espère que tu as joué au premier Deus Ex ? Ne t’inflige pas le 2 par contre, personne ne mérite une telle punition.

  • Non, mais en ce moment sur gog la franchise est bradée…j’étais parti sur le dernier, mais si tu me dis que le 1er est encore jouable (et sûrement plus simple à appréhender) alors j’hésiterai pas !

    • Honnêtement je ne sais pas si le 1er est encore jouable ; j’avais testé des mods il y a une dizaine d’années, ça tournait. Par contre visuellement il doit piquer aujourd’hui…

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