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Eden: It’s an Endless World!

Bienvenue dans notre rubrique “un relativement jeune innocent découvre les mangas”. Aujourd’hui, une série culte des années 90-2000 qui revient sur le devant de la scène, comme beaucoup de ses conscrites : Eden: It’s an Endless World!

Le pitch (totalement invraisemblable) d’Eden commence avec la mort de 15% de la population mondiale des suites d’une nouvelle maladie incurable. Le “closure virus” durcit la peau de ses malheureuses victimes, laissant des coquilles vides en guise de cadavres. Parmi la jeune génération de survivants voit naître des individus naturellement immunisés. Enoa et Hannah sont de ceux-là et mènent leur vie d’ados dans un sanctuaire vétuste du wasteland. Agriculture, pêche et flirt balbutiant : s’ils avaient Internet, on les envierait presque.

Mais la série va vite nous sortir du bain chaud de l’autarcie post-apo zadiste tranquille pour nous jeter, nus et sans serviette, sur le trottoir venteux. Une fois brisé ce jardin d’Éden précaire, on ne suit pas un seul protagoniste. Les destins s’entremêlent dans un portrait d’une humanité incorrigible, qui semble bien décidée à se rouler dans la fange jusque sur le pas de porte de Saint-Pierre. 

Eden a une toile de fond d’intrigues géopolitiques, avec ses profiteurs de guerre, ses cartels, ses lobbys. En 2060, rien n’a vraiment changé. Au service de ces intérêts divergeant – ou en dégâts collatéraux – on regarde se débattre ceux qui ne sont rien™. Il y a le mercenaire désabusé, la prostituée, le voyou débrouillard, l’adolescent qui n’a jamais connu le monde d’avant… À leur hauteur, on se mange dans les dents des répliques désarmantes de simplicité sur la vie, la religion, la sexualité. 

Si certaines scènes sont difficiles, ce n’est pas tant pour leur violence graphique que par le réalisme du contexte. Malgré les armes-exagérées-du-futur et les gros robots, l’ambiance générale est lourde et froide. Heureusement, deux choses nous empêchent de justesse de souhaiter que l’épidémie n’ait pas décimé tout le monde. Les rares moments d’humanité, sublimés par une horreur plausible. Et aussi les dessins magnifiques avec plein de petits détails partout, sur la peau des droïdes et les façades des immeubles en ruines. 

edenEden : It’s an Endless World !

Panini Manga

Réédition en cours en tomes doubles, format 15x21cm

Tomes 1 à 4 disponibles, 16€

Déconseillé aux moins de 16 ans



Bofang

J'écris pour justifier le temps perdu à jouer pendant que d'autres montent des start-up.