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Tour de France 2019

Has-been le cyclisme ? Visiblement pas, puisque le titre réalisé par Cyanide continue sa carrière débutée il y a de nombreuses années, avec une attente annuelle de la part de la communauté dans la catégorie des simulations sportives.

Vous trouvez le vélo pénible ? Rébarbatif ? Mais non ! 

Prologue

On peut tout d’abord se demander si le jeu n’est pas victime de son nom, qui ne permet pas d’entrevoir la véritable richesse du contenu. Jeu officiel du Tour de France 2019, la course reine est en effet modélisée avec l’intégralité de ses étapes, mais … d’autres épreuves sont accessibles. Le joueur a la possibilité de participer à des courses d’un jour (le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, le Championnat du Monde), ou bien à d’autres épreuves de plusieurs étapes comme Paris-Nice, le Critérium du Dauphiné, et d’autres compétitions réelles ou fictives.

Dossards numérotés, marques, sponsors, comme en vrai.

Vous l’avez deviné : TDF 2019 offre la possibilité de vivre cette succession de courses en mode carrière, grâce aux modes Pro Leader (gestion d’un coureur) ou Pro Team (gestion d’une équipe). A noter que ces deux modes ont beaucoup en commun (transferts, calendrier, gameplay).

Les niveaux de difficulté sont assez nombreux pour satisfaire aux besoins différents du vrai spécialiste ou du débutant qui découvrirait la série. Des mini-jeux de descente et de sprint en mode défi permettent aussi de s’amuser si on manque de temps pour se lancer dans une étape longue, tout en donnant l’occasion de s’améliorer techniquement dans ces secteurs parfois décisifs.

Podium à la Planche… bien nommée !

Il est possible de jouer à deux en écran partagé, ou bien en ligne jusqu’à 4, une des nouveautés de cette édition 2019.

L’ensemble fournit donc un contenu qui satisfera les fans de course cycliste simulée.

Sucer les roues

Rappel pour ceux qui ne connaissent pas le jeu : le principe est de gérer les niveaux d’énergie d’un coureur, ainsi bien entendu que sa position dans la course. Il est donc important de se placer dans les bons groupes d’échappés tout en gardant assez de jus pour bien terminer l’étape, et ne pas entamer trop les réserves pour les jours suivants. Les paramètres sont classiques : le tracé, la protection par rapport au vent, les spécificités des coureurs, etc.

Les infos sont bien présentes à l’écran

La stratégie consiste à bien gérer l’intensité du pédalage du coureur, tout en donnant les bonnes directives aux autres membres de l’équipe grâce au mode oreillette : tenter une échappée, augmenter ou diminuer le rythme, protéger un autre coureur, participer ou pas aux relais, attaquer, attendre tel coureur, s’accrocher ou pas, gérer l’écart… Ces consignes sont nombreuses et précises, vous mettant dans la peau d’un véritable directeur sportif ! Profiter de l’aspiration des autres et minimiser ainsi ses efforts est toujours aussi jouissif.

Les informations disponibles à l’écran sont nombreuses, plus que dans d’autres jeux de sport : profil du tracé, distances, vitesse, jauges d’énergie, informations de course, vent, classement virtuel en temps réel, rien à voir avec un jeu de foot par exemple. Il est donc important de balayer ces infos régulièrement pour une bonne analyse de la situation.

Maillot Jaune

Dans les simulations sportives, l’habillage est pour moi un point important. Un jeu de foot avec des chants réels, des tifos spectaculaires, des spectateurs réactifs, c’est super… à condition bien entendu que le gameplay soit bon. Tour de France 2019 est dans le vrai sur ces aspects.

En plein contre-la-montre, des fans sur la route ! Police !

Même si certains notent peu d’évolutions par rapport à l’opus 2018, le bond réalisé dans l’habillage en quelques années est énorme. Oui, certains sons comme les phrases du directeur sportif (Jean-Michel Jeblague ?) sont recyclés à vie depuis 2013 au moins. Mais de nombreux détails amènent un plus à l’ambiance : la voiture rouge du directeur de course qui ouvre le chemin, les spectateurs qui s’avancent au milieu de la route (et qui reculent dans un moonwalk attendrissant de maladresse), spectateurs qui portent eux-mêmes des maillots distinctifs du tour comme le Jacky moyen, euh le fan de l’épreuve, et d’autres aspects graphiques apportent un plus à l’immersion.

La foule se masse aux endroits clés.

Vous vous retrouvez dans une France virtuelle fleurie, propre, variée, parsemée d’éoliennes gracieuses et de tracteurs rutilants garés juste au bord de la route. Vous traversez des villes et des champs, sur des routes peintes de slogans d’encouragement aux coureurs. Et le tout sans aucun rond-point : pas de regrets.

Le peloton des clones.

Le studio est attentif à ce cadre visuel que je trouve fondamental. Car il faut reconnaître que la vue classique de la course affiche à l’écran des casques, des dos et des postérieurs en peloton. Cela explique sans doute pourquoi les coureurs ont tous le même visage. Peter Sagan, Thibaut Pinot, Egan Bernal, Richie Porte sont ici des clones. Les développeurs iront-ils plus loin ? Verra-t-on un jour les motos ? Le célèbre El Diablo qui courait un temps au côté des coureurs ? Les dessins en bottes de foin ? Les hélicos ?

Un jeu pas bidon

Un replay des derniers kilomètres est accessible après la fin de chaque étape. Sa manipulation est intuitive et vous donne la possibilité d’adopter le point de vue de chaque coureur, de varier les angles et la vitesse pour ne rien rater des actions de chacun des participants. C’est particulièrement bienvenu car le sprint est un moment de bourrinage coordonné qui ne permet pas de se concentrer sur l’action générale. Ce replay a permis d’observer Julian Alaphillippe semblant se masser les cuisses à quelques kilomètres de l’arrivée. Sachant que se décontracter les jambes en course constitue un tic du coureur français, si cet élément de personnalisation est placé là volontairement, alors qu’il ne peut être observé que par hasard et qu’il n’apporte rien au résultat, ce serait un signe d’amour passionné du détail de la part des développeurs chargés de cet aspect.

Au sprint, jeter le vélo sur la ligne est décisif

On voit aussi les attitudes varier, et il est facile de reconnaître un coureur qui peine en montagne, il “pioche”, baissant alternativement ses épaules pour accompagner le pédalage. Le cycliste que le joueur dirige modifie sa posture en fonction de l’intensité de l’effort. Les coureurs réputés bons en chrono adoptent parfois en pleine étape la position aérodynamique du contre-la-montre. Ces détails sont super pour l’immersion.

Chute à l’avant

Les situations de course sont réalistes. Pour remporter une étape avec un coureur au potentiel moins élevé (Sonny Colbrelli par exemple), il faudra faire appel à la ruse et à la chance. Le réalisme et la difficulté sont adaptables. Les grimpeurs se retrouvent entre eux dans les pentes du col du Tourmalet, Quintana se fait décrocher, la fatigue s’accumule entre les étapes. Attaquez comme un fou et vous serez victimes de la fatigue, vous ne suivrez pas le peloton et vous ne figurerez pas dans les bons coups.

Comme dans la réalité, les étapes de montagne sont les plus délicates.

Dans les courses à étapes, certains coureurs sont hors délais et éliminés. En revanche, pas d’abandons… ce qui serait potentiellement frustrant pour le gamer, mais cependant réaliste. Le Tour arriverait ainsi sans Tejay Van Garderen, comme c’est généralement le cas.

Coup de moins bien ?

Le jeu offre donc une expérience intéressante et plaisante, sans offrir les victoires en mode open bar. Le challenge est réel et demande un apprentissage des bonnes stratégies de course, en particulier dans les épreuves à étapes. Il est dommage de remarquer ici et là quelques comportements incohérents de l’IA : un coureur qui stoppe brusquement son effort juste devant vous au moment du sprint, c’est moche. Autre point à améliorer, les chutes du coureur ne sont pas visuellement réalistes. Et on n’observe pas de chute collective. C’est un fait de course qui a sa place (hélas) dans la réalité.

En immersion dans le peloton

Tour de France 2019 fait donc bien le boulot, sans en garder sous le pied. L’ambiance est au rendez-vous, les sprints sont massifs, l’échappée est belle, les spectateurs enthousiastes, les cols sinueux, les descentes vertigineuses. Oui le poncif est parfois une attente.

Je remercie pour cet article le spécialiste de cyclisme et grand amateur de simulations de ce sport, qui est devenu sur ce coup-là mon Ghost Writer.

Et pour le vélo, on pourrait dire Ghost Rider.

Qui est le pseudo d’un leader des gilets jaunes…

maillot jaune… La Grande Boucle est bouclée.

Cette canicule fait des ravages.

Genre : Simulation sportive

Éditeur : BigBen

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Une réflexion sur “Tour de France 2019

  • RomTaka

    En cette période post-Tour de France, tu me donnerais presque envie d’essayer…

Commentaires fermés.