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Sweet Love ou le paradoxe de l’engagement

Sweet Love est un peu le genre de jeux qui, sous couvert d’un message, propose une expérience de courte durée et minimaliste.

Vous avez un message

La page Steam du jeu nous fournit ce petit texte en guise d’introduction :

Un jeu de la série Nuances : des jeux avec un message profond autour du féminisme ou des problématiques LGBT.

Engagement : Sweet Love traite de problématiques féministes importantes qui peuvent être dures. Si vous ressentez le besoin de communiquer suite au jeu, n’hésitez pas à nous contacter ou à contacter directement les associations compétentes.
L’intégralité des bénéfices du jeu sera reversé à l’association Women In Games Fr.

Jeu : Récoltez des objets, validez les objectifs, courrez et évitez les obstacles pour passer avec succès les dix niveaux de cette mini aventure intense.
C’est un jeu que vous pouvez terminer en 15min mais avec un message que vous garderez en tête toute votre vie.

Le jeu qui fait le minimum

Minimaliste ne va pas de paire avec gameplay pauvre, durée de vie famélique et direction artistique naze et pourtant Sweet Love réussit à cocher toutes ces cases avec en plus une musique qui vrille les oreilles (enfin les miennes).

Le gameplay se résume à un jeu de plateformes des plus classiques : un bouton pour sauter et les touches directionnelles pour se déplacer. Ayant testé la version clavier/souris (C/S) et manette, ma préférence va vers la manette pour abréger les souffrances. Le jeu répond bien et ne souffre pas de bugs majeurs. Le level design est d’une pauvreté absolue, même avec le twist qui consiste à passer en mode speedrun quand on joue la princesse.

La durée de vie est à la hauteur du prix, à savoir ridicule. J’ai fait ma première partie en 30 minutes (combo c/s) et moins de 10 pour la seconde (pour les captures d’écran illustrant l’article). Autant dire que dans le genre court, Sweet Love se pose en candidat sérieux pour le titre.

La direction artistique est minimaliste, mais surtout on dirait que ça a été dessiné par un(e) enfant de 5 ans (ou moi) tellement c’est pauvre. Je n’ai rien contre le noir et blanc, mais il y a tellement mieux à faire que ça.

La musique est de celle qui vous font couper le son au bout de deux minutes tellement c’est mauvais et redondant.

Un message qui fait aussi le minimum

Au delà de l’engagement que je respecte, je pense (c’est important) que Sweet Love ressemble à ces actions opportunistes pour se faire un peu de sous (ce qui n’est apparemment pas le cas puisque les bénéfices seraient reversés à une association) ou de visibilité à peu de frais. Le message est manichéen avec le prince pas si charmant qui offre des beaux cadeaux et un aspirateur, puis la princesse qui se décarcasse pour concilier sa vie de femme, amante, mère et autres clichés en mode speedrun pour finir par se libérer du joug d’un homme forcément pas aussi sympa que prévu (révélation : la séduction a sa part d’hypocrisie). Comment est ce possible de véhiculer encore ce genre de clichés pour faire passer un message ?

Et que dire du dropname de fin qui ressemble à une justification un peu facile pour sortir un jeu à pas cher ? Si j’avais été une de ces femmes citées, je n’aurais pas apprécié d’être associée à ce genre de jeux.

Conclusion

Sweet Love est un jeu avec un message aussi pauvre que son gameplay. C’est manichéen, facile et aussi subtil que la marche d’un éléphant. Certains hommes sont des connards (ça c’est de la révélation), certaines femmes décident de fuir ce genre d’hommes pour ne pas finir sur la trop longue liste des femmes battues. C’est beau, c’est profond et sans nuance.

Quitte à défendre une cause, autant le faire avec un peu plus de subtilité et d’intelligence que Sweet Love. A part entretenir des clichés, il me semble qu’il dessert la cause qu’il veut défendre. Même à 0,99€ il ne vaut pas le coup/coût et à choisir, vaut mieux donner son obole directement à une association qui aide les personnes victimes de violences conjugales ou donner de son temps.

P.S. : Tous les profits du jeu sont reversés à Women in games.

Développeur : OtterWays

Editeur : OtterWays

Page Steam

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.