Sable
Sable est beau. Sable est un hommage appuyé à Moebius (Jean Giraud). Sable est aussi un jeu vidéo sur lequel je me suis engagé à ne pas taper trop fort même s’il le mérite sur certains points. Sable est une aventure particulière qui ne plairait pas à tout le monde dont moi, mais pourquoi ? (« tu n’aimes rien » n’étant pas la bonne réponse)
La première chose qui marque dans Sable est sa beauté visuelle. Le jeu rend un hommage appuyé à l’univers de Moebius période Incal. Si vous êtes sensible à ce genre d’univers visuel, c’est un bonheur pour les yeux et même les oreilles tant la musique se marie bien à l’ensemble. Les développeurs ont poussé le vice jusqu’à insérer un cycle jour / nuit. Surprenant à plus d’un égard quand la nuit s’installe sur ce monde et que les couleurs si chatoyantes en journée laissent place à un monochrome d’une teinte fort peu agréable à l’œil. Par ce parti pris, on retrouve la qualité et le défaut de Sable : il ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il affirme sa personnalité et n’hésite pas à laisser certains joueurs sur le bas côté. En assumant, les développeurs rappellent, consciemment ou non, que les jeux vidéo ne sont pas là pour plaire à tout le monde.
En dehors de sa beauté visuelle, Sable se veut un énième parcours initiatique / passage à l’âge adulte dans un monde où le nomadisme semble la norme. Le personnage principal est invité à faire son glide pour découvrir sa future destinée en aidant au fil de son aventure différents personnages. Ces quêtes sont, pour la plupart, en mode « va chercher objet lambda, reviens me le donner et tu auras un joli badge ». Classique voire surannée la progression de l’histoire par l’intermédiaire de ces quêtes a provoqué quelques soupirs devant la énième quête Fedex/UPS/Colissimo, mais la promesse de parcourir un monde comme celui de Sable avait tout pour me faire retrouver le sourire.
Cette promesse de vivre une aventure est présente dès que la première zone décide de nous laisser partir explorer. Un vaste monde à découvrir avec des décors sublimes, un monde ouvert vide, mais toujours prêt à nous surprendre avec des points d’intérêt qui apparaissent devant le joueur au gré de ses pérégrinations. N’étant pas un grand adepte des mondes ouverts, je me suis surpris à me laisser happer par l’invitation à explorer puis le jeu m’a rappelé que promettre, c’est un peu mentir. Devant cette « montagne » à grimper, la promesse est belle, l’envie de découvrir son sommet est forte sauf que je suis resté à la moitié de l’ascension.
Pourquoi ? Le gameplay et la technique ne suivent pas dans Sable. Le premier est trop souvent approximatif pour rendre les différentes phases de gameplay agréable. S’inspirer de Zelda Breath of the Wild est une chose, mais encore faut-il que l’exécution suive. Trop souvent, les accroches ne se font pas ou mal et plutôt que d’éprouver un moment de satisfaction en réussissant l’énigme ou en grimpant l’obstacle, c’est un soupir de soulagement qui le remplace. La montagne a été la goutte d’eau pour moi et j’ai arrêté.
Le gameplay de l’aerobike m’a fait le même effet. Très lent et à chaque bosse, il s’enfonce dans le sable pour repartir. Anti-immersif au possible. A cela s’ajoute, une technique faite d’apparitions/disparitions de bouts de décor à la volée et d’une caméra trop souvent aux fraises quand le joueur a besoin qu’elle soit justement bien ajustée pour appréhender la situation. Ces défauts dont certains peuvent accepter l’existence pour vivre pleinement ce que Sable propose m’ont sorti définitivement du jeu.
En conclusion, Sable est un jeu avec une belle promesse qui pêche par une progression classique, un gameplay inabouti et une technique faiblarde. Si vous êtes capable de dépasser ces défauts et de vous laisser porter par le monde de Sable, l’aventure promet d’être inoubliable.
Développeur : Shedworks
Editeur : Raw Fury
Plateformes : PS4, Xbox, PC
Prix : 24,99€
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur