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L’EA du mois : UBoat

Pour un grand nostalgique de Silent Hunter (ah, ces heures passées à naviguer sur Silent Hunter 3 sans avoir remarqué la compression temporelle…) et amateur des jeux de gestion, il va s’en dire que j’attendais la sortie en Early Access de UBoat depuis un bail.

I’m a poor lonesome submarine!

Comme toujours pour les jeux en Early Access on ne sait jamais trop à quoi s’attendre. Un jeu déjà fini dont les devs attendent un retour et en profitent pour éliminer les derniers bugs et pour ajouter du contenu ou une ébauche de jeu dont la « finition » nécessitera de nombreux mois. Dans le cas du jeu de Deep Water Studios, je dois dire que c’est prometteur mais que le travail à abattre reste important.

Un event pour lequel vous avez intérêt d’avoir gardé des munitions.

Le jeu (uniquement un mode sandbox actuellement) commence dans un port où vous pouvez ravitailler, recruter et sélectionner une mission (en général une patrouille mais parfois une attaque portuaire ou le relocalisation de votre base). Vous partez ensuite vers le cadran à patrouiller. Vous aurez en général une mission spécifique à accomplir sur place tel qu’investiguer un sous -marin abandonné ou couler un navire de recherche. En chemin, vous pourrez bien sûr tomber sur des patrouilles aériennes (très OP pour l’instant) ou navales. Il faudra donc choisir vos cibles et garder un peu de munitions pour avoir la possibilité de mener à bien votre mission et revenir entier (le plus difficile). Surtout que niveau torpilles, on a un peu l’impression de jouer les américains au début de la guerre du Pacifique, entre les duds et les tirs manqués il vous faudra envoyer plusieurs torpilles par cible pour s’assurer de toucher… sans pour autant arriver à couler le navire. Je n’ai pas encore remarqué une très grande variété de missions et de navires mais je suppose que ça viendra avec le temps.

Ambiance de folie à la rédac de Dystopeek!

L’IA par exemple est parfois un peu aux fraises. Bon pour l’amusement j’avais osé nommer mes personnages du nom des vénérables rédacteurs Dystopeek (noms qui n’apparaissaient au final pas dans le sous marin mais uniquement dans l’interface de personnage). Niveau réalisme j’ai été servi. Harvester a passé son temps entre dormir et jouer aux cartes, même lorsque le navire était perdu au milieu de l’océan et qu’il devait calculer la position de celui-ci. Pour avoir un résultat, j’ai dû forcer l’affectation du personnage à la tâche. Mais pendant ce temps, personne n’a réagit au fait qu’on fonçait droit sur une île. Pas grave, une fois échoué tout le monde a continué à travailler à sa tâche favorite : taper le carton (Nd’Harvester : Ah ouais c’est carrément la rédac ça. Réalisme total ce jeu !).

Ce sale personnage est aussi utile en jeu que dans la réalité.

Et c’est un peu comme ça pour tout, officiellement les personnages ont une liste de tâches à accomplir que vous pouvez court-circuiter à votre guise. Dans les faits, ils sont tellement mauvais dans ce qu’ils font que vous devez presque tout faire vous-même et changer le rôle de chacun continuellement ou en prendre le contrôle direct. Vous assignez un personnage au canon de pont et la moitié de ses tirs arriveront autour de votre sous marin ou il se mettra à tirer de tellement loin qu’on se demande ce qu’il vise, gaspillant ainsi vos maigres munitions.

92% de calcul de trajectoire… à 98% trois de mes torpilles rateront quand même.

Seulement vous avez très peu de temps pour réagir avant qu’ils commencent leur tâche et utilisent le canon. Pause trop tôt, il n’est pas encore installé, pause trop tard et ça fait déjà deux munitions sur 15 qui sont parties. Evidemment l’IA ennemie n’a pas ce problème et vous snipera joyeusement à distance.  Bon après un sous marin n’est pas censé combattre en surface donc ce n’est pas vraiment catastrophique mais c’est juste pour souligner la disparité de comportement.

Une seule torpille ne suffit en général pas pour une cible… seulement votre stock est très limité.

Après niveau ambiance, on est dedans, le sous marin est modélisé superbement et les voix allemandes sont excellentes. La possibilité de se balader en vue première personne est un plus agréable et les animations sont assez bonnes en général. Le jeu fourmille de détails et d’étapes de préparation qui devraient ravir les fans de guerre sous-marine.

Touché mais pas coulé.

Niveau gestion, les personnages ont une barre d’XP qui leur permettra d’acheter des compétences mais à part ça c’est leur rang et leur spécialité qui détermine leur capacité à faire tel ou tel job. Il sont donc interchangeables jusqu’à un certain point. Perdre un personnage clé peut vous empêcher complètement de mener votre mission à bien. Les simples marins en revanche ne sont pas contrôlables, uniquement leurs officiers.

L’interface portuaire fait le boulot mais n’est pas très sexy

Le sous-marin pourra quant à lui être amélioré au port grâce à la notoriété acquise en réussissant vos missions ou en coulant des navires et en rapportant par radio leur statut.

Naviguer sous l’eau ne peut se faire très longtemps, naviguer en surface c’est s’exposer aux attaques aériennes.

Le côté assez organique des événements en mode sandbox fait que deux missions ne seront jamais identiques, en revanche, le jeu laisse assez peu de place à l’erreur et celles-ci sont très rapidement fatales. Surtout que l’IA va parfois agir de manière déraisonnable. Je repense à la fois où mon navire en surface s’est fait touché par un coup de canon et s’est mis à prendre l’eau de manière catastrophique. Plutôt que d’aller vers les canots de sauvetage, tous les membres de l’équipage se sont enfermés dans le sous-marin comme lors d’une plongée normale et ont coulé avec le navire. Aucun moyen d’être capturé ou de « recommencer » avec une perte de renommée. Ici c’est navigue ou crève.

Par défaut le périscope n’est pas orienté sur les cibles, donc si vous voulez tout faire vous même vous allez devoir chercher vos petits bateaux.

Comme dit plus haut, l’attention aux détails et la profondeur du jeu est présente, de nombreux mécanismes seront invisibles lors de vos premières heures de jeu et il en faudra probablement de nombreuses pour bien maîtriser la bête. C’est probablement ce qui complique la prise en main du jeu. Mais il faut avouer que malgré tout ses défauts, on sent que les développeurs ont envie d’offrir une réelle expérience riche et difficile. Avec un peu plus de boulot on pourra je l’espère mieux profiter de ce jeu plus que brut sur les bords.

Suivre votre sous-marin en vision externe est loin d’être une sinécure.

Après cette même difficulté rend vos succès plus appréciables mais comme dit plus haut, vous aurez souvent l’impression de vous battre avec l’interface plus qu’avec l’ennemi. Niveau graphismes en mer, le résultat est plus qu’honorable pour un jeu de gestion et à nouveau, il y a pas mal de détails qui rajoutent à l’immersion mais ce n’est pas non plus Silent Hunter.

Petit détail sympa, les canots de sauvetage

Reste qu’il faut bien l’avouer, dans la version que j’ai pu tester, le jeu prend un peu la tasse et il lui faudra de nombreux mois pour offrir une expérience moins frustrante et plus riche. Mais malgré tout ses défauts, sa difficulté, ses bugs, son manque de flexibilité pour un jeu vidéo, il y a clairement une base prometteuse et de quoi déjà s’amuser quelques heures avant que vous ne décidiez d’abandonner le navire.

Tout va bien…

On reste cependant assez éloigné d’un Silent Hunter 3: pas de caméra de cible, difficulté de passer d’un événement à l’autre. Ici la gestion de votre équipage, de sa fatigue, de sa résistance au stress et de ses tâches seront votre inquiétude première, la guerre sous-marine viendra ensuite. Les joueurs potentiels doivent donc être conscients que le sous-marin n’est pas l’élément central mais bien son équipage et mine de rien ça fait une fameuse différence.

Insertion tout en douceur

Bref, un titre prometteur mais qui pour l’instant a encore besoin de gros patches pour être accessible à tous. En revanche, les plus motivés d’entre vous apprécieront le retour d’un jeu de gestion axé sur nos Uboot préférés.

Les devs vont devoir mettre les mains dans le cambouis.

Développeur: Deep Water Studio

Editeur: PlayWay S.A.

Date de sortie: 30 Avril 2019

Prix: 24,99

Page Steam

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.