L’EA du mois: Ground Branch
Fin 1999, je découvrais le monde du jeu en ligne sur Rainbox Six: Rogue Spear où le jeu d’équipe était essentiel et les possibilités tactiques immenses (le jeu avait d’ailleurs un écran tactique de préparation avant tout lancement de mission). La série, depuis l’épisode suivant Ravenshield, s’est fort éloignée de ce qu’elle était et touche maintenant un public totalement différent. Ground Branch est un FPS tactique créé par l’équipe de BlackFoot studios dont l’un des membre a fait partie de l’équipe qui créa les Rainbox Six et Ghost Recon (un autre jeu qui a évolué dans une direction totalement différente) de l’époque.
Cela fait des années que Ground Branch est en (lent) développement et déjà 2 ans qu’il est en Early Access sur Steam et que je gardais un oeil dessus sans encore m’y plonger. Car il faut bien avouer, ce ne serait pas le premier jeu à se revendiquer digne successeur des anciens Rainbow Six et ce n’est clairement pas le seul FPS tactique du marché alors que c’est encore et toujours un milieu de niche. Début mai, les développeurs ont eu un accord avec Microprose (qui se spécialise réellement dans tout ce qui est simulation ce qui annonce du tout bon) qui prends le relai pour l’édition et nous a fourni une clé pour tester le jeu en l’état actuel.
Comme dit plus haut, le développement de Ground Branch jusqu’ici fut assez lent et n’est pas terminé mais la base est solide et je dois dire que pour une fois, c’est probablement le jeu le plus proche de Rogue Spear qu’il m’ait été donné d’essayer ces vingt dernières années. Déjà, certaines cartes (747, Tanker) sont des copies (non pas exactes mais remises au goût du jour et étendues) des cartes de l’époque, mais le gameplay prudent (pas question de se soigner en cours de partie et c’est souvent un tir un mort) et basé sur la communication orienté sur des engagements à courte (CQB) et moyenne distance correspond assez bien à mes souvenirs de l’époque.
Reste que les premiers instants sont un peu perturbants. Une fois une partie lancée (en solo ou en multijoueurs) vous vous retrouvez dans un bâtiment de préparation, chaque pièce ayant son rôle dédié : le vestiaire pour changer votre équipement, le stand de tir et puis le centre de commandement d’où vous pourrez lancer la mission et voir la carte de celle-ci. Ce système est certes immersif mais demande un temps d’adaptation. Si vous jouez seul ou en coop, le tout est assez simple à comprendre, vous vous équipez parmi les armes disponibles chacune avec une floppée d’accessoires), testez au besoin votre kit d’arme et puis rejoignez le groupe avant que la mission ne démarre. Si vous loupez le démarrage, vous êtes bon pour attendre que l’équipe termine celle-ci ou soit éliminée.
En team deathmatch cependant il faut dès le départ faire attention au couloir que vous empruntez, l’un étant pour l’équipe rouge, l’autre pour l’équipe bleue. C’est important déjà rien que pour savoir sur qui vous allez tirer et pour équilibrer les équipes (pas de système automatique pour s’en occuper). Les couleurs rouge/bleue de votre tshirt (et de celui de vos coéquipiers et adversaires) seront d’ailleurs les seuls indices permettant de savoir si vous êtes face à un ami ou en ennemi en cours de partie, durant celle-ci aucun name-tag ne sera visible. C’est assez à contre courant de ce qui se fait ailleurs mais très immersif et rend encore plus important les accessoires améliorant votre visibilité (lampe torche, lunette de visée adaptée à la bonne distance, laser).
Vous l’aurez compris, on est face à un jeu tactique assez hardcore qui vous plonge suivant le serveur et le mode de jeu choisit dans une chasse au terroristes contre l’IA, à la recherche d’information à récolter ou encore à la poursuite d’un adversaire humain organisé ou non. Car le jeu d’équipe et la communication audio peuvent vite changer la donne.
Techniquement le jeu accuse un peu ses années de développement, si c’est propre on est quand même pas ébloui et certaines animations sont encore un peu lourdes, surtout lorsqu’on passe une porte ou monte un escalier. L’interface aussi est parfois peu pratique et gagnerait à pouvoir mieux utiliser les raccourcis clavier (il faut passer par un menu radial pour activer/désactiver ses accessoires, le passage à la grenade demande de la sélectionner dans l’inventaire) et si on apprécie l’attention aux détails (levée/descente de l’arme pour éviter de la pointer sur ses coéquipiers, possibilité de passer d’un accessoire de visée à l’autre…) on sent qu’il y a encore un peu de travail à fournir derrière (ce qui d’après la roadmap est prévu dans les mois qui viennent).
Le gameplay est cependant le point fort de Ground Branch, on retrouve des sensations qu’aucun autre jeu actuel ne propose. Le fait de devoir patienter jusqu’à la prochaine partie si on meurt oblige aussi les joueurs à être prudents et on sent (littéralement) les yeux de son équipe sur nous lorsqu’on est le dernier en vie. Certes cela veut dire que ça prend plus de temps à enchainer les parties et qu’il faut parfois s’armer d’un peu de patience mais cela permet aussi d’avoir une communauté dédiée et sérieuse. Certains vont même jusqu’à organiser des modes de jeux customs (comme prise d’otage) afin de varier les plaisirs.
Bref, Ground Branch est un jeu qui mérite le détour pour les fans de FPS tactiques réalistes et ceux qui veulent vivre une expérience totalement différente de ce qui existe actuellement sur la scène vidéoludique. C’est je pense un réel successeur à Rogue Spear avec une communauté petite mais motivée, je n’ai eu aucun soucis à trouver des serveurs pour mes parties même si on ne part pas sur du 60 vs 60 comme sur d’autres titres. Il y a certes encore des évolutions attendues (techniques et niveau contenu car j’aimerais aussi voir plus d’armes encore) et il faut avoir une certaine patience pour s’y lancer mais les parties s’enchainent avec plaisir et je suis curieux de voir ce que le titre va devenir dans les prochains mois.
Développeur : Blackfoot Studios
Editeur : Microprose
Genre : FPS Tactique
Prix : 24,99€
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur