Lancelot’s Hangover: The Quest for the Holy Booze
Free-party à Brocéliande
Que reste-t-il du temps des troubadours, des récits de chevalerie, d’amour et d’honneur ? Pas besoin de préparer l’agrégation d’histoire pour répondre à cette question. D’abord, il reste les Monty Python. Puis, en l’an de disgrâce 2020, un esprit malin – et Belge – ajoute à cet héritage un point n’ click artisanal kickstarté à 10 000€ qui refoule la bière : Lancelot’s Hangover: The Quest for the Holy Booze. Pauvre Chrétien de Troyes.
Redemption Slip. Jean-Baptiste de Clerfayt, auteur solitaire du projet, reprend donc le pitch de la quête du saint Graal, mais pour le remplir de gnôle et ainsi célébrer la plus grosse teuf d’Angleterre. Ah, et Lancelot est en slip. Si on parle rarement de la page Steam d’un jeu, celle de Lancelot’s Hangover est intéressante : c’est un bon moyen de tester sur vous l’humour du jeu, qui prolonge de manière assumée l’univers des Monty Python. Avec un goût prononcé pour le blasphème et les anachronismes débiles, que résume assez bien en jeu “Redemption Land”, version chrétienne du célèbre parc à thèmes.
En terme de gameplay, Monkey Island est invoqué. Ne partez pas ! Lancelot’s Hangover est conscient de l’absurdité des associations d’objets proposées par ses aînés. S’il est moins impitoyable que les vieux LucasArts, certaines situations conduisent au traditionnel mitraillage d’objets sur tous les PNJ. Si l’humour vous attire mais que vous n’êtes jamais sorti de l’hôtel dans Grim Fandango, n’ayez pas peur. Le sel du jeu réside dans ses rencontres et dialogues à travers la France. Annoncée comme faisant partie intégrante du jeu, la frustration d’aller chercher une soluce est tout de suite moins grande. Vous vous sentirez moins honteux que d’habitude d’aller quémander de l’aide sur le forum de la page Steam.
L’enrobage du titre est un peu à l’image de notre héro : simple et brute. Point de surlignage des objets interactifs au survol de la souris, mais de grosses croix rouges d’une pression de la barre d’espace. Le curseur est gros, imprécis, mais en forme de crucifix, si c’est un argument pour vous. Le point n’ click est ultra classique et fonctionnel, animé à la hallebarde. Mieux vaut s’équiper d’une cotte de mailles pour affronter cette rugosité médiévale. Si, tel un moine franciscain, vous venez surtout pour lire, ces considérations bassement matérielles ne sauraient vous atteindre (si vous maîtrisez un minimum l’anglais).
Lancelot’s Hangover: The Quest for the Holy Booze dépasse largement un The Procession to Calvary en terme de puissance de frappe sur le clergé. Le ton oscille entre l’espièglerie, avec un Saint François d’Assise dépeint en militant écolo perché, et la grosse satyre plus ou moins fine, lorsque le pape tient sa réunion des actionnaires, flanqué comme assistant d’un jeune garçon transformiste vêtu de cuir.
Ça peut paraître bourrin, même si je n’ai personnellement jamais assisté à un concile du Vatican. Mais l’écriture travaillée des répliques et la naïveté des dessins sont là pour contrebalancer. À l’exception peut-être de quelques instants scatos et de références à la politique Belge, inutile de jouer les pisse-froid : son ton sarcastique et le timing rendent la farce très efficace.
Lancelot’s Quest: The Quest for the Holy Booze est un excellent hommage aux Monty Python, avec une pointe de sel en plus. On sent le soin pris par l’auteur à ciseler ses dialogues, qui font passer outre la réalisation sommaire d’un seul homme. En échange du salut divin, il atteint le noble but de nous faire rire.
Site officiel
Développeur : Jean-Baptiste de Clerfayt (Belgique)
PC (Steam)
Sortie : 1er octobre 2020
12€
Dans le même délire tu as Four last things, pareil monthy pythonesque, loufoque et avec quelques énigmes sympathiques.
Il a cité Procession to Calvary, qui est la « suite » spirituelle de Four Last Things 😉
Content de voir que Jean-Baptiste est allé au bout du projet, je commençais à me demander si je verrais ce jeu sortir avant Star Citizen.
Pas peu fier de l’avoir backé celui-là ! Bon, il a fallu être patient :p