Kitchen Rush
Je vais m’appliquer à traiter en ces pages deux types de jeux de société : ceux que je pratique avec mon groupe de jeu (ou en solo) et les perles qui plaisent à ma femme. « Perles ? », relève le lecteur averti, l’œil vif et la truffe humide. Oui, perles, car si ma femme aime les jeux de société, trouver un jeu qui lui plaît est déjà un jeu dans le jeu. Un challenge auquel je me frotte à chaque fois avec le plus grand des plaisirs. Car voyez-vous il y a une liste très précise d’ingrédients à respecter pour qu’elle daigne s’asseoir à la table de jeu. Un thème guerrier ? Non merci, pas pour elle. Des coups fourrés ? Nope, oubliez tout de suite. Il lui faut du joli, du fluide. Un jeu dans lequel elle peut vivre sa vie et s’amuser sans se prendre la tête. Difficile donc de l’accrocher, mais quand cela se produit, c’est que le jeu est bon. Très bon. Du moins pour nos critères, et ce sont bien les seuls qui importent.
Quand la campagne Kickstarter pour Kitchen Rush a été lancée en mai 2017, je ne connaissais ni les auteurs, David Turczi et Vangelis Bagiartakis, ni l’éditeur, Artipia Games. Un début classique pour un projet Kickstarter me direz-vous. Certes, mais d’une part ça serait sympa d’arrêter de m’interrompre et d’autre part, cela a bien souvent mené à la revente quasi immédiate des autres projets que j’avais backés. Mais dans le cas de Kitchen Rush, il y avait un point grâce auquel je savais faire mouche : le thème. Ma femme adore cuisiner. Donc forcément, partir sur un jeu où les joueurs sont à la tête d’un restaurant, c’était déjà la moitié du chemin de parcourue. Et oui, j’ai écrit « un restaurant », pas « des restaurants ». Du coopératif pur donc. La fan de Flash Point devrait apprécier. Ce projet me semblait de plus en plus sympathique…
Le piège était prêt, ne restait plus qu’à attendre la boîte qui (miracle !), n’eut pas les 13 mois de retard habituels. A la réception, après les classiques grommellements sur le fait que je « reçois trop de colis, où on va encore mettre ça, t’as intérêt à ce que ça rentre dans la bibliothèque dédiée », je m’empresse de lire les règles, aussi claires que concises et propose le baptême du feu, une légère appréhension au creux du ventre, mais confiant quand même.
A l’installation du jeu, madame se jette sur les composants et les observe d’un œil critique (et vif, à l’instar du vôtre, cher lecteur). C’est pour elle le premier critère, et pas le moindre. Le constat est positif, les morceaux de viande, fromage et autres tranches de pain se voient salués par un hochement de tête approbateur. Les moutons d’Agricola risquent d’être jaloux… Tiens d’ailleurs, il faudra que je vous parle de nos parties d’Agricola un jour, ça vaut son pesant de roseaux. Le jeu installé, je passe à la phase critique : l’explication des règles.
Ma femme fait partie de ces gens qui ne veulent pas connaître toutes les règles, elle veut tester et découvrir au fur et à mesure. Sauf que là cela va être dur… Je lui explique qu’une fois le jeu lancé nous n’aurons pas le temps. Mais elle insiste pour que nous les survolions juste et demande à débuter. Je lui explique les grands principes et croise les doigts. L’attente touche à sa fin et je vais savoir si je dois commencer à rédiger l’annonce pour Okkazeo…
Je règle donc le minuteur, nous nous saisissons de nos sabliers et au bip, nous nous lançons. Elle prend une commande et les assiettes associées, je fais rentrer des clients. Avec l’argent gagné, je file acheter des épices et… wowowo. Quoi ? « Nos sabliers » ? Un minuteur ? Et là je me rends compte que j’ai peut-être oublié de mentionner le gameplay particulier de ce jeu… Vous connaissez Overcooked, le jeu vidéo ? Si oui, dites-vous que Kitchen Rush est ce qui s’en rapproche le plus en version plateau. La partie est divisée en 4 rounds de 4 minutes pendant lesquels les joueurs, disposant chacun de deux sabliers à leur couleur, doivent honorer des commandes pour gagner du prestige (en servant des plats raffinés) et de l’argent. Le fait est que pour effectuer une action (aller chercher des ingrédients dans la remise, cuire un plat ou prendre une commande…) il faut y affecter un sablier, représentant un employé, et attendre que le temps soit écoulé avant de pouvoir le réutiliser.
Le jeu est donc un mélange d’attente, le temps d’avoir un sablier disponible, et de précipitation. Les quatre minutes de chaque round sont donc un ballet incessant de mains plaçant prestement un sablier, d’yeux guettant le lent écoulement du sable et d’échanges brefs : « il n’y a plus de sel » et autres « je vais avoir besoin de trois cuissons, laisse-moi la place ».
Les premières parties de Kitchen Rush sont ardues, limite catastrophiques. Trouver le fragile équilibre entre commandes simples mais rapportant peu d’argent et commandes élaborées (coûteuses, longues à préparer mais rapportant prestige et argent) n’est pas évident et il vous faudra de nombreuses tentatives avant d’arriver à quelque chose.
Gérer les rentrées d’argent pour avoir de quoi payer vos serveurs à la fin de chaque round (sans quoi vous commencerez le suivant avec moins de sabliers) mais aussi les ingrédients ou même les améliorations (plus d’assiettes ou de fours disponibles) tout en essayant d’augmenter son prestige nécessite des phases de planification entre chaque round, entraînant de fait un subtil mélange entre frénésie et réflexion.
Pourtant, cette courbe d’apprentissage assez raide n’a jamais été un souci pour nous tant le jeu est fluide et agréable. Que ce soit grâce à la variété des objectifs (il y a plusieurs niveaux de difficulté) ou des améliorations, il y a toujours quelque chose à faire ou tenter et, à l’instar d’Overcooked, chaque joueur va naturellement trouver sa place afin d’optimiser l’efficacité de l’équipe. Les parties et la mise en place étant rapides, Kitchen Rush est un jeu facile à sortir et vous vous retrouverez régulièrement à en faire plusieurs d’affilée sans même y penser.
Au bout d’une dizaine de parties, le constat est unanime à la maison : oui, Kitchen Rush est un jeu à recommander. Les composants sont de bonne facture (même si des plateaux joueur un peu plus épais auraient été bienvenus), le gameplay est très original et le jeu ne fera jamais doublon dans votre ludothèque. De plus, le contenu (du moins celui de la campagne Kickstarter) est conséquent avec plusieurs mini-extensions, comme celles ajoutant les menus avec vin ou poisson. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Artipia Games vient de lancer un Kickstarter pour une extension, Piece of Cake, rajoutant les desserts. Autant vous dire qu’on m’a demandé de la backer…
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur
J’ai hâte de venir le tester chez toi ! Il a l’air vraiment sympa.
Perso, ça me vend du rêve, mais dans quelques années quand les enfants seront plus grands ^^.
Joue avec ta femme en attendant !
Histoire d’avoir encore plus d’enfants en bas âge ? Complètement con comme idée.
C’est drôle ! On dirait du Fizdol mais on sait tous que ce mec n’était qu’un fane, disparu avec un truc dont j’ai oublié le nom… C’était comment déjà ?
Fane, c’est fake en mounirslave
Cet article me laisse un peu sur ma faim !
J’ai hâte de venir bouffer chez toi ! Elle a l’air vraiment sympa.
Quand tu veux mon poulet !