Wonder Boy: Asha in Monster World
Ironie du sort, je me retrouve à être en retard pour tester ce remake de Wonder Boy Asha: in Monsterland (ce nom est étrange), également connu en son temps sous le nom de Monster World IV ou Wonderboy VI. Vous suivez toujours ? Quelque part, c’est ironique puisque, la première fois que j’ai mis la main sur ce jeu, c’était en 1992 sur Sega Megadrive et en import japonais.
Si j’avais déjà bien galéré sur Wonder Boy V (ou Monster World IV) avec son passage du Sphinx et ses énigmes à la noix et en japonais dans le texte, autant vous dire que la barrière a été purement infranchissable avec ce sixième et dernier épisode de la saga Wonder Boy (à moins que ce ne soit WONDERBOY… les voies de SEGA sont parfois impénétrables).
Un peu plus de 30 ans plus tard, je me rends compte que j’aurais peut-être pu faire sans comprendre l’histoire et les dialogues… Quoi qu’il en soit, l’heure est enfin arrivée (spoiler : je mens) de savoir ce que ce dernier opus de la célèbre série créée par Westone et Sega a dans le ventre. Avant de s’y mettre un très bref rappel historique s’impose. Après un premier épisode sortie en arcade qui était un pur jeu de plateforme, la saga Wonder Boy s’est rapidement orientée du côté de l’action RPG.
Je vais éviter de m’éterniser et vous renvoyer au test scandaleux de la compilation Wonder Boy qui avait été publié en ces lieux de perdition. D’ailleurs, je constate qu’on a perdu nos annonceurs mais je m’égare. On ne parlait pas forcément d’un truc très complexe mais un jeu d’action plateforme saupoudré d’une légère dose de gestion d’inventaire, de diverses régions plus ou moins inhospitalières à traverser et de boss mignons mais à terrasser quand même, un peu comme dans certains passages de Golvellius de Compile.

Après moultes aventures, notre brave Wonderboy avait finalement décidé que l’heure de la retraite avait sonné et c’est avec surprise que les joueurs de l’époque avaient découvert Asha. C’est que notre jeune héroïne avait, en cette époque très boys club, la lourde tâche de succéder à ce qui était tout de même une des mascottes les plus emblématiques de SEGA.
Lara Croft n’étant pas encore passée par là , Asha faisait alors un peu figure de précurseur (y a-t-il seulement un féminin à ce mot ?) au côté de Valis, qui officiait du côté de la PC Engine de Nec, ou de la Psycho Soldier Athena Asamiya qui allait devenir un des personnages récurrents de la série King of Fighter de SNK… Pour être tout à fait honnête – une première en ce qui me concerne -, ce sixième épisode de la saga Wonder Boy n’en est pas à sa première sortie sur notre territoire puisqu’une version originale mais traduite avait déjà eu la bonne idée d’intégrer les dernières compilations consacrées à la série (notamment sur Xbox 360).

Cela dit, cette nouvelle version, qui débarque sur consoles quatre bonnes années après sa sortie PC, se démarque avec une nouvelle réalisation en 3D. Reste à savoir si c’est réellement une bonne idée. Contrairement au sublime remake de Dragon’s Curse (quatrième épisode de la série. Faut suivre, les gens !) signé des français de Lizardcube, ce nouveau Wonder Boy: Asha in Monster World est une toute nouvelle création qui ne permet malheureusement pas de switcher entre l’ancienne et la nouvelle version du jeu.
Il faudra donc se plonger dans ses souvenirs ou dans une des récentes compilation sorties sur Xbox, PC, Playstation ou Switch, pour juger le travail effectué sur cette nouvelle mouture. Si la forme a connu une très nette mise à jour avec des décors et des modèles 3D, pas forcément tous réussis d’ailleurs, le fond du jeu est resté pratiquement identique à que les petits japonais ont connu dans les années 90.

On y retrouve notre jeune protagoniste, prête à en découdre avec le reste du monde comme au premier jour… et un gameplay qui est resté comme figé dans le temps. Après un bref tour de son village natal, histoire de dire au revoir au villageois et de s’équiper pour l’aventure, Asha s’élance en direction de la tour du temps.
Histoire de la préparer à ce qu’il l’attend, un certain nombre de blobs bien courtois croisent son chemin, histoire de prendre des baffes et de lui apprendre les rudiments du gameplay. Gameplay qui s’avère finalement assez simple puisqu’Asha peut sauter, se protéger avec son bouclier, donner des coups d’épée et, à ce stade, c’est à peu près tout.

Comme dans tout bon Wonder Boy qui se respecte, chaque ennemi dégueulera un certain nombre de pièces d’or en agonisant et ce petit butin permettra alors à notre héroïne, lors de visites auprès des différents marchands, de s’équiper d’armes et d’armures de plus en plus efficace afin de pouvoir progresser dans l’aventure. Jusqu’à là, nous sommes d’accord pour dire qu’on nage en plein classicisme. On va dire qu’on est surtout là pour retrouver l’innocence et la candeur de l’âge d’or du jeu vidéo et pas foncièrement pour réinventer la roue.
La nouveauté surviendra assez tôt dans l’aventure et prendra la forme d’un Pepelogoo, sorte de blob volant doté de quelques caractéristiques étonnantes. En effet, Asha pourra l’agripper pour réaliser vols planés et double sauts. Elle pourra également s’en servir de marche pied (humm) ou lui demander d’appuyer sur certains boutons hors de portée.

Comme vous vous en doutez, le jeu va user et abuser de cet aspect du gameplay lors des multiples phases de plateforme / exploration. L’autre subtilité est que le volatile va grandir au fur et à mesure de l’aventure, ce qui modifiera en conséquence ses capacités et renouvellera un peu le gameplay. Visuellement et sans être aussi moche que je ne l’avais craint à la vue des premiers trailers, ce remake reste quand même assez basique avec certaines modélisations de personnages qui ne dépareilleraient dans un des innombrables sharewares distribués chez itch.io.
C’est un point de vue personnel mais je trouve que Wonder Boy: Asha in Monster World reste assez loin du magnifique hommage à la série de Westone qu’avait été Monster Boy et le Royaume maudit, sortie il y a déjà quelques temps de cela sur Xbox One, PC et Playstation 4. Côté ennemis, le jeu développe un style tout à fait personnel : le kawaiii moche.

On comprend bien l’intention des développeurs mais la transposition des personnages de la 2D vers la 3D leur a donné un sale aspect visuel. A ce petit jeu, seule Asha s’en sort à peu près correctement alors que ses adversaires, boss y compris, arborent tous un visuel que je trouve assez raté. La remarque vaut également pour les différents niveaux qui oscillent entre le franchement laid et le tout juste correct.
Mais le vrai problème du jeu est ailleurs. A l’époque, quand les joueurs étaient friands de jeux de plateforme, Asha in Monster World avait parfaitement sa place. Aujourd’hui, il faut bien avouer que je ne trouve rien de bien passionnant à errer dans ces niveaux sans âme ni relief (arghh, cette grotte dégueu) en sautant de plateforme en plateforme, évitant les boules de flammes et autre obstacles à la mords-moi le nœud et en priant très fort de ne pas me ramasser, ce qui entraînerait l’obligation de recommencer l’ascension.

Et bien évidemment, si quelques maigres ajouts figurent au menu, comme la possibilité de sauvegarder à tout moment ou de revisiter un niveau déjà parcouru, les développeurs n’ont pas jugé utile d’inclure une mini map. Quel bonheur de errer dans un niveau labyrinthique parce qu’on a loupé une plateforme…
C’est bien simple, je n’arrive pas à m’amuser avec ce jeu. Et pour un fan invétéré de la série Wonder boy, ça la fout un peu mal. J’imagine que mes goûts ont changé après quelques décennies et que d’autres joueurs pourront encore apprécier ce type de gameplay mais pour moi, ça sera non. Bon, je retourne de ce pas sur mon bon vieux Wonderboy in Monster land…
Genre : Plateforme / Action
Développeur : Bliss Brain
Editeur : G CHOICE, Monkey Craft
Date de sortie : 2 juillet 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur