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Windward Horizon

Je l’avoue, j’ai allègrement fait l’impasse sur Windward premier du nom, et ce bien qu’il traîne dans mon inventaire Steam depuis des années. A ma décharge, il y a plein de trucs suspects qui s’y décomposent. Cela dit, cette modeste production indépendante avait, à priori tout pour me plaire.

On y retrouvait ce qui faisait le sel de l’antique et cultissime Pirates de Sid Meyer. Des aventures au long cours, des pirates, des affrontements maritimes, des chasses au trésor, des décors paradisiaques et un peu de commerce (avec pas mal de trucs tombés du camion, certes, mais c’est dans la feuille de route). Le jeu proposait tous les éléments qui me font généralement cliquer compulsivement sur le bouton acheter.

Pourtant, j’avoue que le visuel mignon mais un peu simpliste et la vue de haut avaient tous deux fini par me dissuader et il n’avait pas fallu longtemps pour que j’oublie jusqu’à l’existence du jeu. Tout était fait pour que Windward finisse dans les oubliettes mémorielles de Dystopeek (un lieu encore plus abject que mon inventaire Steam mais une clause de confidentialité m’empêche d’en dire plus) mais c’était sans compter l’équipe canadienne de Tasharen Entertainment Inc. qui, revigorée par le petit succès critique du premier volume, s’est décidé à offrir au monde ce Windward Horizon. Alors, s’agit-il d’une suite en bonne et due forme ou bien d’une vulgaire extension ?

La réponse se trouve – probablement – dans les lignes qui suivent.  De prime abord, ce nouveau titre ne révolutionne clairement pas la formule. On y retrouve les graphismes plaisants mais relativement simplistes du premier opus, les mignons petits bateaux et comptoirs commerciaux ainsi qu’une jolie mer des Caraïbes qui invite au dépaysement et à l’exploration de ce petit monde semi ouvert que nous propose Windward Horizon.

Il a pas la classe, mon bateau ?

L’avantage, c’est que le jeu tourne comme un charme sur presque toutes configurations ainsi que sur les Steam Deck et autres Rog Ally. Et comme il supporte le cloud save, il vous accompagnera un peu partout. Lentement certes (on y reviendra) mais partout.

Rembobinons : Au début du jeu, vous n’êtes qu’un modeste et jeune capitaine sans expérience, aux commandes d’un rafiot plus ou moins miteux et à la tête d’un équipage réduit à sa plus simple expression. La situation n’est donc pas particulièrement glorieuse, d’autant que vous êtes bien évidemment fauché comme les blés et que votre capacité de stockage est tellement misérable qu’il ne vous permettra de stocker que quelques malheureux poissons qui ne vous rendront clairement pas millionnaire.

Quand on arrive en ville

Sans un kopeck en poche et des moyens de piraterie qu’on qualifiera de risibles, il va donc falloir sillonner les différents archipels, vous rendre dans les différents comptoirs pour voir si, par hasard, il n’aurait pas un brave homme avec un petit job pas trop louche à vous refourguer.

Accessoirement et si vous aimez les nombreux allers retours, il vous restera toujours votre canne à pêche. Dans un premier temps, ça paiera peut-être le rhum, voire un timonier aviné mais guère plus. Les choses s’amélioreront heureusement par la suite. Lentement (je vous jure que je vais y venir).

Je m’approche LENTEMENT mais sûrement de l’extrémité de la carte

Fort heureusement, les différents comptoirs commerciaux et villes regorgeront de personnages plus ou moins douteux qui ne rêveront que de vous confier des missions pas du tout suspectes contre moultes espèces sonnantes et trébuchantes. Oui, jusque-là, je pourrais tout aussi bien être en train de tester le début de Dredge. Avec plus de rhum et moins de Cthulhu mais les choses vont évoluer après les premières heures de jeu.

Notre brave capitaine pourra rapidement s’improviser Donald Trump des mers (commerçant, quoi. Vous pensiez à autre chose, bande de mesquins ?), Pirate ou encore justicier des mers (Pirate donc mais avec un permis à points). Vous pourrez également vous rapprocher des différentes factions et gouverneurs.

Ok, TL;DR. De toute façon, j’irai le buter.

Alors, c’est bien ? Et bien, il faut avouer qu’il m’a fallu un certain temps pour le déterminer… Il faut, en effet, bien avouer que j’étais, cette fois-ci, passé complètement à côté du jeu. Je m’apprêtais à laisser une critique très mitigée après les premières heures de jeu qui m’avaient semblé particulièrement fastidieuses, d’autant que la lenteur générale du gameplay n’aidait pas particulièrement.

J’avais un peu l’impression d’être un pirate sur une pirogue tellement mon pauvre Sloop se traînait lamentablement. Yarr ! certes mais au ralenti et en Twingo des mers. Pourtant, lorsque le déclic a fini par se produire, je me suis rendu compte que le jeu, s’il restait toujours aussi lent dans son déroulement (mon royaume pour un moteur !), s’avérait être finalement très plaisant. 

Oui, je me la joue un peu petit bras à côté de mes concurrents

Un des principaux reproches que je pourrais, en effet, faire à ce second opus de la série est que certaines mécaniques sont parfois particulièrement cryptiques et que les développeurs n’ont pas fait particulièrement d’efforts pour rendre les choses plus compréhensibles pour les nouveaux venus.

J’ignore si c’est un problème de pédagogie ou une volonté de ne pas s’embarrasser d’explications inutiles pour ceux qui ont déjà joué au premier volume. 

Je ne vous cache pas que j’ai pris cher.

Le fait est que certains aspects du jeu, tels que l’optimisation du bateau, ne brillent pas particulièrement par leur clarté. Ce qui explique vraisemblablement mes premiers affrontements un peu douloureux pour mon navire et mon amour propre. 

La carte n’est pas non plus particulièrement lisible et on pourrait largement critiquer le fait que les voyages rapides – fast travel – sont limités à quelques rares occasions alors que certaines traversées peuvent s’avérer assez fastidieuses. Vous ai-déjà dit que le jeu était assez lent dans son déroulement ?

Je veux un GROS bateau…mais j’ai pas de thunes. Saleté de capitalisme

Le gameplay se répartit essentiellement entre quelques activités qui reviennent régulièrement et qui vous amèneront soit à escorter certaines personnes ou navires, traquer des pirates plus ou moins méchants, délivrer un certain nombre de colis comme un vulgaire postier (mais sans shooter dedans) ou encore salir la réputation des gouverneur rivaux comme tout bon machiavel au rabais. 

Les batailles navales, bien qu’assez basique, sont amusantes. Vous disposez d’un tir de base et de deux tirs spéciaux qui ne pourront être réutilisés qu’après un cooldown et tout l’enjeu consiste à tourner autour de l’adversaire tout en essayant d’échapper à ses tirs et boulets de canons en se tenant le plus possible hors de portée (laquelle est matérialisée à l’écran). Ça devrait rappeler des souvenirs aux vieux qui ont joué à Overboard !

Ça ne sent pas bon.

Bien évidemment, vous trouverez, au fur et à mesure de votre aventure, des marins et des équipements qui vous permettront d’améliorer considérablement votre force de frappe et votre résistances aux coups. Les étapes de plongée sous-marines ou de pêche, sont l’occasion de mini jeux qui ont, au moins, le mérite de vous rapporter des sous à défaut d’être particulièrement palpitants. Le commerce fera le bonheur des experts comptables en herbes et des fétichistes de tableurs Excel.

Alors, c’est du tout bon ? Ben non, pas complètement. Outre le côté logiquement assez répétitif du jeu, il y a des défauts qui sautent aux yeux et qui étonnent pour un second jeu. Déjà, il y a un manque de tutoriel et de mode d’emploi qui m’énerve au plus haut point. Où est donc passé un truc aussi basique que l’affichage des touches ? 

l’IA n’est pas forcément au top. Ou alors, tout le monde navigue raide bourré.

C’est bien sympa de m’expliquer comment mouvoir mon magnifique rafiot mais quid des touches qui permettent d’afficher l’inventaire, les stats etc. ? (NB : en fait, elles existent mais je maintiens que c’est vraiment mal expliqué). Et on en parle de ce fast travel ? Il existe ou pas, hein, hein ?

Bizarrement, il est disponible quand on sort d’une carte et qu’un de nos matelots nous propose de suivre une quête FedEx quelconque mais, en dehors de ça, je cherche encore comment m’en servir malgré les guides de la communauté Steam. Ô rage, ô désespoir !

La carte du monde. Pas super sexy.

Et cette absence de prise en charge d’un clavier AZERTY ? Vous vous dites que passer en WASD n’a rien de bien gênant ? Certes mais c’est tout de suite beaucoup moins rigolo pour interroger les locaux vu que tout se fait via une interface textuelle. « qlors, Bqltringue, il est où, ;on rhu ;? » Je passe également sur la gestion de l’inventaire et de l’armement des navires que je qualifierai très poliment de cryptique.

Alors que j’avais enfin économisé suffisamment pour acquérir un navire un peu moins pourri que mon Sloop de départ, je découvre avec surprise que mon premier navire et ses marins ont tout bonnement disparu après la transaction. Ont-ils sombré en mer, été bouffés par un kraken ou bien sont-ils encore en train de glander dans la ville où j’ai réalisé la transaction ?

Le mini jeu de pêche. On n’est pas loin d’un game & watch.

Impossible de le savoir même si le fait que je puisse vendre mon embarcation actuelle dans le port où je me suis arrêté me laisse penser qu’ils sont probablement encore disponibles quelque part (NB : j’ai fini par remettre la main sur ces ruffians après avoir inspecté l’interface). 

Vous aurez compris que la chose manque encore d’un certain polish pour rendre l’expérience nettement moins fastidieuse alors que le jeu est, dans le fond, très sympa et chill. Yarr ! donc mais en slow motion. A l’arrivée, c’est un chouette jeu pour glandouiller mais qui se trouve toute même un peu desservi par une absence de fil rouge (une intrigue principale), une interface pas vraiment user friendly, et une lenteur généralisé qui ne plaira pas à tout le monde. Perso, j’y retourne et, cette fois, je vais trucider cette ordure de Roger le Rouge !

NB : Une démo du jeu comprenant les 10 à 20 premières heures du jeu est disponible sur sa page steam. N’hésitez pas à tester, d’autant que la sauvegarde est compatible avec le jeu complet.

Genre : RPG indé

Développeur : Tasharen Entertainment Inc.


Editeur : Tasharen Entertainment Inc.


Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.