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Unholy

Je vais vous l’avouer dès maintenant : j’ai eu peur, en voyant les premiers avis sur Unholy, qu’on soit repartis pour un flop à la Agony. Heureusement pour moi, pour vous, pour les développeurs, la réalité est plus nuancée et il s’avère qu’Unholy n’est pas vraiment – du moins en ce qui me concerne – ce que l’on pouvait croire.

Allez, avouez que vous aussi vous pensiez qu’Unholy était un FPS horrifique dans lequel vous incarniez une mère à la recherche de son gamin. Oui comme dans Through the Woods, qui se jouait cependant à la troisième personne. Mais non, la production de Duality Games n’est pas à classer dans la catégorie horreur, où alors je deviens vraiment insensible.

Non, si vraiment on veut mettre des étiquettes à Unholy, on va dire que c’est un jeu d’infiltration et de puzzles à la première personne, le tout dans des décors beurk dégueu un peu gores. Mais attention tout de même, n’allez pas espérer un jeu à la Thief, bien touffu et difficile. Non là c’est plutôt grand public au niveau des mécaniques. Oui, malgré le thème horrifique. Qui ne fait pas peur du tout.

L’histoire se passe dans une réalité où une secte semble avoir pris le pouvoir. Une femme, vous en l’occurrence, l’a rejoint avec son gamin mais, pif patatras, ce dernier est enlevé pour servir de sacrifice au grand prophète qui espère devenir un demi-dieu. Mais c’est sans compter avec notre héroïne qui s’associe avec une petite vieille qui l’envoie dans un monde parallèle où… Et là j’ai décroché.

Les histoires alambiquées et tirées par les cheveux, il y en a des tonnes dans les jeux et habituellement j’arrive à passer outre. Through the Woods par exemple s’appuie sur la mythologie nordique et son héroïne est constamment en train de douter, idem dans Someday You’ll Return, le héros ne prend rien pour acquis. Dans Unholy non, votre personnage accepte tout sans quasiment broncher après avoir vu son gamin brûler vif. Autant vous dire que niveau immersion, ça n’est pas trop ça…

Une fois cela mis de côté et accepté, l’histoire est déroulée de manière fluide et on progresse en alternant entre le monde réel et le parallèle, dans lequel il faudra lutter contre des humains mais aussi des créatures bien dégueulasses. Coup de chance pour nous, tout le monde est un peu con et en plus on a des super jouets pour nous aider.

Tout d’abord, vous disposez de masques : un pour respirer dans les milieux viciés, un pour détecter les ennemis et un pour voir en surbrillance tout ce que vous pouvez manipuler. Ensuite, vous avez une fronde avec quatre types de projectiles. Les rouges détruiront certains éléments du décor, les bleus serviront à alimenter certaines machines mais aussi à en faire exploser d’autres. Puis vous avez les projectiles créant un dôme vous dissimulant et ceux qui attireront les ennemis à l’endroit où ils atterriront.

Cette variété est très plaisante et permet de gérer chaque situation comme vous le voulez, même s’il y a quand même un souci, principalement dû à la faiblesse de l’IA : vous pouvez facilement bourriner pour vous en sortir. Y aller furtif fonctionne aussi, même pour un impatient comme moi, mais il est bien plus drôle de vous débarrasser des ennemis en les attirant dans un piège. Du moins les premières fois, l’exercice devenant un peu lassant à force.

Heureusement qu’à ces phases se rajoutent une composante puzzle, très légère pour ne pas frustrer les joueurs occasionnels. Leur principale difficulté viendra du fait qu’il faut souvent les gérer tout en s’occupant des ennemis. Mais rien d’insurmontable, les solutions étant très simples à obtenir. Oui, les combinaisons des coffres sont écrites en gros sur le mur de la pièce d’à côté ou traînent sur un bout de papier…

Donc on progresse facilement, très facilement même peut-être, les différents éléments étant rajoutés petit à petit. L’expérience semblera frustrante aux plus exigeants, personnellement je la trouve agréable. Tant que bien entendu on ne compte pas sur Unholy pour nous faire peur. Parce que non, malgré les décors gores, rien ne fait peur : pas de scare jump, pas de course-poursuite effrénée. Juste une promenade dans un monde horrifique.

Techniquement, si le jeu est très beau – si on peut qualifier ce qui est montré de beau – et dispose d’une excellente direction artistique. Le monde réel, véritable ode au bloc soviétique, est déprimant au possible et le monde parallèle est délicieusement torturé et crados. Sur cela, rien à dire les graphistes ont fait de l’excellent travail.

Par contre, il y a parfois des soucis dans le moteur physique ou même de déclenchement de scripts, obligeant à relancer depuis un checkpoint. Même si ceux-ci sont assez fréquents, il n’y a cependant rien de bien frustrant. Mais c’est quand même dommage ce léger manque de finition.

Unholy est donc un titre étrange. Il ne fait pas peur malgré son histoire et sa mise en scène. Il a de bonnes idées, ne les exploite pas à fond, dispose d’un scénario indigeste qui pourtant se laisse tranquillement suivre. C’est une énigme, un de ces jeux que vous lancez parce que vous voulez voir le bout, devant lequel vous vous posez pour franchir des obstacles et, une fois cela fait, dont vous regrettez la facilité et le côté prévisible.

Vous êtes sur des rails, guidés, pris constamment par la main, sans possibilité de laisser libre cours à votre imagination, un comble dans un jeu soi-disant d’horreur. Mais vous le relancez jusqu’à en voir le bout une petite dizaine d’heures plus tard. C’est bancal, imparfait au possible et pourtant attachant, je ne me l’explique pas.

Si vous cherchez un jeu parfait, un jeu sur lequel vous prendrez votre pied, passez votre chemin. Si vous êtes bon public, en manque de jeu offrant une grosse ambiance, alors là envisagez de vous le prendre. Mais n’allez pas faire des plans sur la comète avec ce Unholy dont on attendait quand même beaucoup plus.

Genre : Infiltration horrifique

Développeur : Duality Games

Editeur : HOOK

Date de sortie : 20 Juillet 2023

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...