Jeux vidéoJouer

Pecaminosa

Le crime pas parfait du tout

L’ancien détective John Souza commence mal sa journée. Alors qu’il était en bonne voie pour devenir un paisible alcoolique retraité, son passé le rattrape. Le fantôme d’un ancien génie du crime apparaît dans sa piaule pour lui confier le salut de son âme. Salut qui passera par l’exécution des anciens associés du monsieur. Drôle d’argument que des meurtres en série pour convaincre Saint-Pierre d’ouvrir les portes du paradis, mais bon.

C’est les méchants

Pecaminosa se présente comme un action RPG dans une ambiance film noir, avec gangsters en Borsalino et bouches d’égouts qui fument. Une ambiance ma foi convaincante pour le chaland moyen que je suis : c’est d’un oui franc que j’accueillis la proposition de test. Si le pixel art n’est pas le plus fin du monde, les détails des tableaux et des images de cinématiques mettent en confiance. À voir le portfolio du studio, Cereal Games semble se faire plaisir avec un jeu de fiction, après un historique constitué de jeux à visées éducatives.

SLC Salut les Capones. On découvre donc un modeste GTA vu du dessus, avec une map et tout. Si les rues sont assez vides à l’exception d’un taxi ou d’un ivrogne ici ou là, tout le soin a été mis sur les bâtiments dans lesquels des interactions sont possibles. Le casino, le cabaret, le prêteur sur gage véreux, le rade malfamé peuplé d’Irlandais, l’épicier raciste et le blanchisseur asiatique : tous les clichés sont réunis. Pour le plus grand plaisir des développeurs, qui se sont fait plaisir dans les dialogues, plutôt longs pour un jeu du genre. 

Sa Thompson est en carton. Le début de Pecaminosa confirme la bonne impression visuelle, classique et soignée à défaut d’être transcendante. Mais c’est manette en main, dès les premiers coups de feu, qu’on sent qu’il ne va pas falloir que la balade s’éternise. En effet, les impacts de tir et les déplacements sentent fort Gamemaker Studio par leur manque de précision et de punch. Heureusement, le jeu enchaîne rapidement les missions et le skill demandé n’est pas immense. Du moins jusqu’à un certain point.

Au début concentré dans un petit quartier, le jeu nous balance dans un désert bien trop grand où l’on va parfois se demander où aller. Sans doute prévue pour farmer de l’argent ou des munitions en dégommant les nombreux ennemis qui s’y trouvent, la zone constitue un ralentissement inutile. C’est après son franchissement qu’apparaissent les boss qui vont commencer à nous faire regretter la rigidité des contrôles et la rareté des munitions.

Entre hit-box approximatives (celle des ennemis comme la nôtre) et sessions de recherche de munitions obligatoires, Pecaminosa nous démotive au bout de 2-3h. On se retrouve à court de balles, on part farmer dans le désert (en réduisant du même coup nos réserves de whisky, potion de vie du jeu), et on revient tenter l’affaire. Ce n’est pas dérangeant dans un jeu agréable à manier. Mais ici, c’est la corvée. J’ai lâché l’affaire après un énième bug d’inventaire qui m’empêchait de boire mon whisky, au fond d’une zone périlleuse du dernier chapitre, alors que la dernière zone de sauvegarde était à 10 minutes.

Pecaminosa souffre d’un gameplay trop rustre et d’approximations techniques trop nombreuses pour avoir l’ambition de nous garder aussi longtemps qu’il le veut, et au prix qu’il affiche. Malgré le fait que les développeurs se soient bien amusés à construire leur petite ville de la pègre et ses habitants. Je ne prends aucun plaisir à dire ça. Ce n’est pas personnel, c’est uniquement les affaires.

pecaminosaDéveloppeur : Cereal Games

Éditeur : Badland Publishing

PC, Switch, Playstation, Xbox

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Bofang

J'écris pour justifier le temps perdu à jouer pendant que d'autres montent des start-up.