The Fable: Manga Build Roguelike
Avec The Fable, je ne partais pas forcément gagnant, étant donné que j’ignorais jusque à l’existence de ce manga de type Seinen (pas tout public donc) créé par Minami Katsuhisaen 2014 et publié pendant 5 ans par Kodansha (merci Wikipedia).
Pour moi Fable(s), ça évoque surtout la trilogie culte de RPG signée Peter Molyneux (le type est à la fois un génie ET un mythomane de génie) ou le magnifique comics de Bill Willingham (que la série télé Once upon a Time n’a pas du tout pompé. Non, non, non).
Bref il va falloir partir de zéro pour chroniquer cette adaptation assez surprenante de ce manga qui raconte les périples d’un tueur à gage insaisissable, véritable légende du milieu, connu uniquement sous le nom de… The Fable. Oui, je suis conscient de la charge émotionnelle de ce twist que vous n’aviez pas vu venir. Ce que vous n’avez pas vu venir non plus, c’est l’option que va choisir le jeu pour adapter ce manga qui compte tout de même 22 volumes reliés.
A la base, l’histoire de Fable, c’est celle d’un « tueur professionnel craint de toute la pègre japonaise. Hommes politiques, mafieux, personnalités publiques… Ce génie de l’assassinat peut envoyer n’importe laquelle de ses cibles six pieds sous terre. Et en six secondes, si le cœur lui en dit. Sauf qu’un beau jour, son commanditaire lui ordonne de tout mettre en pause et de mener la vie d’un citoyen ordinaire, avec Interdiction de tuer ou d’attaquer qui que ce soit pendant une année entière. » (Et encore un beau copier-coller, cette fois en provenance du site de l’éditeur Pika qui se charge de distribuer le manga en France).

Alors que tout prédestinait cette adaptation à devenir un beat ’em up (ben quoi, baffer n’est pas tuer), ses auteurs ont pourtant fait un choix assez radical en en faisant une sorte de puzzle à base de planches de bande dessinée (oui, bon, de manga mais vous avez compris l’idée. Ne soyez pas chafouins).
Oui, c’est un choix qui n’est pas banal et qui va s’avérer assez rafraîchissant tout au long du jeu. Je n’ai d’ailleurs pas souvenir d’avoir vu ce type de gameplay ailleurs, même si Gorogoa ou les deux épisodes de Framed basent également leurs gameplays respectifs sur des sortes de mises en page.

On se rappellera également du très bon et très beau Comix Zone de Sega dans lequel notre personnage déambulait de cases à case au sein d’un comics mais cela restait beaucoup plus traditionnel puisque notre brave héros se contentait de frapper tous ceux qui avaient l’outrecuidance de squatter dans les cases.
Ici, le mécanisme va être nettement plus surprenant puisqu’il vous appartiendra de défaire vos ennemis dans un délai limité en créant des pages de manga. Ainsi, le jeu vous donnera un deck de plusieurs vignettes illustrées qu’il faudra assembler sur une page de façon à créer une séquence complète et, surtout, cohérente.

Vous aurez ainsi des vignettes montrant votre héros en train de donner un coup de poing, de recharger son arme à feu, de se retourner brutalement, de donner un coup de coude (Double Dragon Style !) ou encore de courir vers l’ennemi. Bien évidemment, les vignettes auront des formes différentes et les pages ne vous permettront de n’en placer qu’un nombre réduit.
Il faudra donc assembler ce puzzle de manière stratégique en calculant les meilleurs manières d’abattre l’ennemi sans rompre la séquence. Pour vous donner une idée de la chose : la première posée permettra à votre personnage de donner un coup de poing à l’ennemi situé à votre droite tandis que la seconde lui permettre de faire usage de son pistolet dans la même direction et que la troisième fera qu’il donne encore un coup de point dans la même direction. Si l’ennemi meurt après le coup de feu, le second coup de poing sera inutile puisque plus personne n’occupera l’espace directement situé à sa droite.

Et la réflexion sera d’autant plus intense que chaque combat devra s’achever en un nombre limité de pages. Et, comme vous pouvez vous en douter, vos ennemis ne resteront pas inactifs durant ces combats. Chaque coup de poing ou tir reçu sera donc sanctionné par une déchirure plus ou moins aléatoirement placée sur votre page et limitera donc vos actions suivantes et les possibilités de placement des actions suivante.
L’emplacement de votre personnage à la fin d’une séquence aura également des conséquence puisque les ennemis vous attaqueront de tous les côtés. En gros, il faudra essayer de se placer hors de portée des plus dangereux. Les icônes au dessus de chaque ennemi vous donneront d’ailleurs des indications sur leurs intentions (coup de poing, tir etc.) et sur leur force de frappe tandis que leurs points de vie seront affichés à leurs pieds.

Comme les plus sagaces pourront le constater, le jeu deviendra rapidement une sorte de jeu d’échecs dans lequel il conviendra de calculer au mieux vos actions futures et de maximiser les dégâts provoqués par votre personnage. Entre chaque séquence de combat, le jeu proposera des intermèdes plus ou moins variés permettant d’accéder à divers mini-jeux et/ou à une boutique dans laquelle il sera possible de dépenser les précieux jetons que vous aurez gagnés en plus on moins grand nombre, déterminé en fonction de votre efficacité lors des combats.
Et, bien évidemment, qui dit deck, dit également possibilité de l’améliorer en y ajoutant progressivement différentes pièces aux formes et aux effets variés. Choisirez-vous ce rectangle qui permettra à notre personnage de donner des coups des deux côtés à la fois et d’enlever 6 points de vie à chacun des ennemis touchés ou lui préférerez-vous cette pièce biscornue, forcément plus difficile à placer, mais qui causera des dommages bien plus importants ?

Et puisque l’éditeur parle d’un Rogue like, sachez que les combats sont parfois sujets à des altérations d’état ou des conditions de victoire aléatoires et plus ou moins injustes. Vous l’aurez compris, The Fable vous donnera maintes occasions de faire chauffer vos neurones, ce qui n’est guère le cas de la majeure partie des adaptations de manga ou d’anime (je vous renvoie à mon test de Fairy Tail 2, disponible sur ce site, pour une parfaite illustration).
Vendu à un prix très modeste, avec plusieurs chapitres à compléter, des boss à combattre, divers personnages à débloquer et plusieurs modes de jeu, The Fable s’avère être une très chouette et rafraichissante expérience que je ne peux que recommander, que vous soyez fans ou non du manga, à condition toutefois de passer outre une réalisation technique assez basique.
Genre : Puzzle / Roguelike
Développeur : MONO ENTERTAINMENT
Editeur : Kodansha
Date de sortie : 5 novembre 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

