Fairy Tail 2
Une fois n’est pas coutume, nous n’allons pas parler d’un obscur jeu de simulation ou d’une compilation retrogaming. Aujourd’hui c’est, Fairy Tail 2 qui est à l’honneur. Reste à savoir si c’est une promotion amplement méritée pour mes services exceptionnels ou une nouvelle purge que je vais devoir subir. Pour ceux qui l’ignoreraient encore, Fairy Tail, signé Hiro Mashima, est un des shonen les plus populaires de ces dernières décennies, derrière les mastodontes que sont Naruto, Bleach et One Piece.
Pour faire très simple, le manga raconte les aventures de Natsu Dragnir, chasseur de dragons et magicien doté d’une puissance de feu tout à fait exceptionnelle mais à débit variable qui va intégrer la guilde de magiciens dénommée Fairy Tail et vivre, comme vous vous en doutez, de nombreuses aventures qui, comme dans tout bon shonen qui se respecte, lui donneront l’occasion de se frotter à des adversaires de plus en plus costauds tout en faisant de nombreuses rencontres.

Comme dans tout manga de ce type, la progression est donc extrêmement classique et va crescendo de combat en combat, tout en étant ponctuée d’interludes plus ou moins humoristiques, le personnage principal étant un gros bourrin encore plus décérébré que Naruto.
Bien entendu, le fan service est bien présent dans cette adaptation et pousse tous les potards à fond avec des poitrines démesurées, des postures limites et un paquet de costumes pour Lucy Heartfilia, la jeune « constellationniste » (magicien capable d »invoquer des esprits à l’aide de clés magiques correspondant chacune à une constellation. Voilà, voilà. CQFD) qui accompagne notre héros partout et fait un peu office de Monsieur Loyal du manga.

Oui, le développeur japonais lambda semble encore assez peu concerné par le mouvement #MeToo en 2024. N’est manifestement pas Naughty Dog qui veut. Sur le papier, Fairy Tail, avec ses combattants surpuissants dotés de pouvoirs magiques des plus variés, se prête parfaitement à une adaptation en jeu de combat. Et c’est un peu ce que nous avons là avec un titre qui multiplie les affrontements en équipe, les protagonistes principaux de la guilde Fairy Tail (Ezra, Grey, Mirajane, etc.) étant appelés en renfort pour soutenir notre personnage principal.
La première chose qui surprend en installant cette nouvelle production Gust, éditée par KOEI Tecmo, c’est son poids plume. En effet, alors que nous avons là une grosse production japonaise vendue à 70€ en version basique sur PlayStation 5, le titre ne prend pourtant que 16 petits giga-octets de votre disque dur. Bien évidemment, cela s’explique par une réalisation que l’on dira gentiment dépassée, comme bon nombre des productions japonaises de cette dernière décennie. Comme je le disais plus haut, Gust n’est clairement pas Naughty Dog.

Si le jeu reste agréable à l’œil avec son cell shading qui rend les personnages très proches de leurs homologues anime ou manga, il faut bien reconnaître que nous sommes plus en présence d’un jeu qui fleure bon la PS3 ou la PS4 que d’un titre qui exploite réellement la puissance de la dernière console de Sony. Pas la peine d’attendre un patch PlayStation 5 pro donc. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de constater que le jeu sort également sur Playstation 4.
Si le jeu propose des effets de lumière plutôt agréables et des angles de caméra dynamiques, il n’en reste pas moins que les décors restent plutôt rudimentaires derrière leur couche de polish et manquent singulièrement de vie. De même, si les personnages restent très reconnaissables, le cell shading fait un peu office de cache misère devant des modèles 3D qu’on imagine assez peu évolués.

Cela dit, ça fait, hélas, bien longtemps qu’on ne joue plus aux jeux japonais pour leurs prouesses technologiques. Côté fan service, les fans du manga ou de l’anime ne seront pas déçus puisque le jeu multiplie les poitrines qui défient aussi bien le réel que les lois de la physique et les angles de vue qui peuvent laisser quelque peu perplexe un joueur en 2024.
A tel point que le premier scénario additionnel du jeu, qui sortira le 9 janvier prochain, s’intitule, en toute simplicité, « Les sources chaudes de Fairy Tail ». Autant vous dire que #MeToo n’a laissé que peu de traces dans le paysage vidéoludique japonais. A prendre en compte si ce fan service, déjà très présent dans l’œuvre d’origine, vous rebute.

Voyons donc ce que le jeu a dans le ventre. Et de ce côté là et pourvu qu’on soit amateur du manga et pas trop regardant sur le gameplay, on va être servi. Fairy Tail 2 adapte, en effet, l’arc final du manga, à savoir l’invasion du royaume de Fiore par Zeleph, l’Empereur Spriggan d’Arbaless. Humm, j’ai l’impression que je vous ai un peu perdus, là.
Bon, pour faire simple (et recopier subrepticement le texte du site officiel), le jeu va s’atteler à vous faire vivre, manette en main, fesses sur le canapé et chips en option, le combat de Natsu et de la guilde Fairy Tail contre l’empereur Zeleph, sa garde d’élite, les Douze de Spriggan, et le destructeur des mondes, le dragon noir Acnologia. Autant vous dire qu’il va y avoir de la baston. Ce qui, dans les faits, va se traduire par un martelage vaguement stratégique des boutons de votre belle manette Playstation 5.

Manette dont les fonctions spécifiques ne seront absolument pas mises à contribution, ce que je ne peux que regretter. Les phases de combat s’appréhendent en groupe, avec un des membres (Natsu le plus souvent) directement dirigé par le joueur tandis que ses alliés gèrent eux-mêmes leurs actions (attaque, défense, coups spéciaux, défense).
Votre personnage dispose d’attaques basiques (baffes dans la tronche) et de plusieurs coups spéciaux à choisir dans une liste de coups qui se débloquent au fur et à mesure de votre progression (C’est le petit côté RPG du soft).

Les combats se déroulent en suivant une sorte d’ATB (Active Time Battle, bande d’ignares) propre à Final Fantasy. Ce n’est d’ailleurs pas le seul emprunt à la série de Square (Enix) puisque le jeu reprend également à son compte le système de garde qu’il faut préalablement briser avant d’infliger des coups particulièrement dévastateurs à l’ennemi. Ainsi, lesdits ennemis disposeront ainsi d’une à quatre barres de garde (en haut à gauche de l’écran) qu’il conviendra de réduire à néant avant de les mettre en état de choc et de pouvoir leur exploiser la tête en bande organisé et de leur infliger une bonne correction.
Ajoutons qu’il sera également possible, en fonction de la progression des barres de charge, de lancer des attaques coordonnées avec un de vos alliés ou une super attaque dès lors que l’ennemi sera suffisamment affaibli. Bien entendu, il sera possible à tout moment, en se privant toutefois d’une attaque, d’utiliser divers objets ou de faire appel à des alliés (qui agissent comme des strikers) disposant de pouvoirs plus ou moins passifs (abaissement des barrières défensives, réduction des pouvoirs offensifs, pouvoirs curatifs mais également baston généralisée avec Elfman et l’une de ses sœurs etc.).

Vu comme ça, ça semble assez stratégique mais, dans les faits, vous allez surtout bourriner votre manette comme un forcené, en espérant que l’ennemi craque avant vos troupes. Bien évidemment, certains ennemis et notamment les lieutenants de l’empereur, seront de véritables éponges à coups qu’il conviendra de latter particulièrement généreusement avant d’espérer en venir à bout.
Le scénario du jeu ne surprendra personne puisqu’il faudra affronter un à un les douze sbires de l’empereur qui seront, comme vous pouvez vous en douter, toujours plus impitoyables, forts et terrifiants et qui forceront, bien entendu, nos héros à puiser dans leurs dernières forces pour réussir à les vaincre. Vous ai-je déjà dit que nous étions en présence d’un shonen ?

À l’arrivée, malgré une réalisation un brin vieillotte et un scénario cousu de fil blanc, le jeu n’est pas désagréable à jouer avec son petit aspect RPG, ses combats ultra dynamiques, son déluge d’effets pyrotechniques et sa progression classique mais efficace. Il serait probablement très excessif de considérer qu’il s’agit d’un excellent titre mais, pour les fans de Fairy Tail, il reste tout à fait satisfaisant à jouer et c’est toujours un plaisir de retrouver Natsu, Lucy, Ezra, Grey, Jubia et toute la bande de bras cassés du manga.
Pour ceux qui se sont sagement tenus à l’écart du manga et/ou de l’anime, il serait probablement plus opportun d’attendre une sérieuse réduction du prix avant de se lancer à l’aventure. Et même là, je ne suis pas certain qu’ils y trouveront leur compte.
Genre : Action RPG
Développeur : Gust
Éditeur : KOEI TECMO GAMES
Date de parution : 12 Décembre 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur