Robin Hood: Sherwood Builders
C’est marrant de voir comment parfois, quand on vous donne un titre de jeu, votre esprit va s’en faire une image. Vous aurez une vision fantasmée basée sur vos envies et goûts. Par exemple, quand j’ai entendu parler de Robin Hood: Sherwood Builders pour la première fois, j’ai imaginé un jeu de gestion/stratégie en vue du dessus, dans lequel on construirait un village de brigands pour les envoyer rançonner les riches dans la forêt de Sherwood. Il y aurait eu plein de personnages avec de belles fiches et des spécialisations, des fonds à gérer, une chaîne de production pour les ressources de base…
Bon ben dans les faits, ça n’est pas ça du tout mais j’avais quand même quelques détails corrects : il y a bien une forêt, des brigands et un village à construire. Pour la forme, on est aux antipodes de l’idée super originale que j’avais (que je vais m’empresser d’aller breveter d’ailleurs) et on se retrouve devant un jeu à la troisième personne en Open World dans lequel Robin (vous) doit taper les sbires du méchant shérif (eux) afin d’aider la population (eux aussi, mais gentils) de 4 régions différentes.
Cette aide vous apportera à chaque fois un gain de popularité qui, arrivé à un certain seuil, offrira la possibilité de libérer la région de l’infâââââme shérif (lui donc). Ouais ça fait rêver hein, un open world avec des missions à remplir pour libérer des régions… Franchement mon idée avait quand même plus de gueule !
J’ai un problème avec Robin Hood: Sherwood Builders. Comme vous pouvez le voir, son scénario et son but sont d’un classicisme effarant. Mais fort heureusement les missions à remplir ne s’arrêtent pas à un bête « va dans le camp des méchants et tue tout le monde ». Elles existent c’est sûr, mais les développeurs ont quand même fait un petit effort en nous proposant des sauvetages, de la résolution de puzzles, de l’infiltration ou du bourrinage. On voit qu’ils ont essayé de varier et cela fait plutôt bien le boulot pendant un moment. Mais pour chaque bonne chose, on trouve bien vite un défaut.
Comme tous les jeux maintenant, Robin Hood: Sherwood Builders propose du crafting et une pseudo fiche de personnage pour avoir le droit de mettre RPG dans la fiche. Alors entre deux sauvetages héroïques de pécores sur le point d’être pendus, on coupe des arbres et on ramasse des cailloux pour se confectionner un arc.
Ou pour avoir assez de ressources pour construire le village des bandits en plein milieu de la forêt. Et comme bien souvent, cela devient vite lassant. Heureusement pour Robin (vous), il est possible d’affecter des villageois recrutés à une grande majorité de ces tâches ingrates.
Cela soulage donc le joueur qui peut se consacrer à l’obtention des ressources les plus rares et l’exploration. Et c’est là que Robin Hood: Sherwood Builders donne le meilleur de lui-même, avec des environnements variés et surtout une végétation d’une densité rarement vue, avec de hautes herbes qui ondulent au gré du vent. Il y a des passages beaux comme tout, avec des effets de lumière à pleurer… gâchés quelques minutes après par une clairière quelconque aux textures bien moches.
Les combats sont du même acabit. Il y a différentes manières de vous débarrasser de vos adversaires : soit furtivement, en vous approchant par derrière pour faire une attaque vicieuse qui les tuera instantanément, soit de loin à l’arc soit au corps à corps avec votre épée en mousse. Sur papier, cela donne envie. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que parfois les ennemis vous repèrent de très loin alors que vous êtes dans de hautes herbes et dans l’ombre. Et que dès qu’ils vous voient, ils vous foncent dessus en ligne droite.
Il suffit donc de sortir votre arc et de leur coller autant de flèches que nécessaire dans la figure. Et si vous avez l’idée de vous la jouer épéiste, sachez que vous pouvez très vite vous retrouver encerclé sans possibilité de vous défendre. Le comportement idéal sera donc d’en trucider un ou deux de loin avant de vous jeter joyeusement dans la mêlée. C’est dommage que plus d’attention n’ait pas été apportée au combats car il y avait moyen de faire quelque chose de très bien.
Et tout est comme ça dans Robin Hood: Sherwood Builders. C’est bien… mais. L’histoire, pas originale pour deux sous, se laisse suivre grâce aux doublages de qualité mais comme dans tous les open worlds, on peut se lasser des sempiternelles missions à recommencer à chaque région. La construction du village est aussi sympa au début mais il faut encore et toujours perdre un temps fou à trouver les ressources. Chasser est marrant cinq minutes, tout comme résoudre les puzzles, souvent à base de miroir devant refléter les rayons du soleil jusqu’à un point précis.
C’est ça le problème de Robin Hood: Sherwood Builders : il est fun à jouer, il n’y a aucun doute là-dessus, mais il manque quelque chose. A chaque phase de gameplay on se dit que tel autre jeu le fait quand même mieux, ou qu’il aurait fallu implémenter ci ou virer cela. La soif et la faim par exemple.
A part faire perdre du temps au joueur, à quoi servent elles ? Pourquoi ne pas avoir travaillé un peu plus sur l’IA, qui est décevante ? Et pourquoi est-ce qu’à chaque fois que je le lance, je prends malgré tout du plaisir ?
Si je récapitule : bancal, manquant de finition, classique mais aussi original et distrayant, Robin Hood: Sherwood Builders va diviser le public. D’un côté vous aurez ceux qui, habitués aux open worlds AAA, vont très vite se lasser de toutes ses concessions et défauts, et de l’autre vous aurez ceux qui (comme moi sûrement) sont moins difficiles et qui s’amuseront avec ce que le jeu leur offre, et il y a de quoi faire.
Dans tous les cas, testez le prologue gratuit pour vous faire une idée de la maniabilité du titre, de son ambiance. Il y a des chances que cela vous plaise quand même.
Genre : RPG en Open World
Développeur : MeanAstronauts
Editeur : PlayWay S.A.
Date de sortie : 29 Février 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur