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Regiments

Vous le savez, je suis un grand amateur des jeux Eugen System, même si mon âge avancé ne me permet pas d’en profiter autant que je voudrais. Heureusement pour moi, les développeurs de Bird’s Eye Game partagent ma passion et ils m’ont entendu. Ou alors ils sont eux aussi vieux ou pire, ont des vieux dans leur entourage. Tout ça pour dire qu’ils ont implémenté dans Regiments ce que je réclame depuis des années : une pause active. Un concept tellement révolutionnaire qu’on se demande comment on a pu survivre sans…

Je me moque mais soyons honnêtes : si vous n’êtes pas un poulpe adolescent, il y a fort peu de chances que vous arriviez à gérer tout ce qui se passe dans Warno. C’est joli tout plein, c’est du military porn comme on aimerait en voir plus souvent mais c’est aussi très frustrant.

C’est pourquoi quand Regiments a été annoncé, j’ai gentiment poussé du haut de l’escalier demandé à SAAvenger si je pouvais me réserver le test. Des manœuvres de chars, une opposition OTAN – Pacte de Varsovie comme on la fantasmait dans les années 80, une modélisation des unités au rivet près, que demande le peuple ? Plus bien entendu et Bird’s Eye Game l’a bien compris et s’est exécuté pour notre plus grand plaisir.

Au menu ? Une grande campagne découpée en opérations, elles-mêmes divisées en journées. Ce découpage permet d’avoir des missions ne durant pas des plombes avec de nombreux renversements de situation. C’est malin, même si la narration est très loin d’être optimale, ce qui pousse plus à cliquer sur Next que de se fader un pavé de texte. Parce que soyons honnêtes, on se fiche de qui a commencé, ce qu’on veut c’est casser des chenilles !

Et de ce côté, on est servi. Tout démarre bien entendu par la sélection des troupes qui seront disponibles à chaque phase d’opération. Comme on gagne des points de XXX entre chaque mission selon le niveau de réussite des objectifs, on peut choisir d’améliorer l’équipement de ses troupes, d’étoffer son ordre de bataille ou d’avoir plus de soutien (artillerie, raids aériens…).

Ce système oblige d’une part à s’appliquer pendant les missions pour accomplir un maximum d’objectifs et d’autre part à judicieusement dépenser ces points selon les faiblesses de son armée. Enfin je dis armée mais comme son nom l’indique, Regiments se joue à l’échelle du… régiment.

Vous alors donc n’avoir que peu de troupes sous vos ordres, du moins en début d’opération, et devoir y faire gaffe. Le coup de lasso autour des chars puis clic droit à l’autre bout de la carte n’est clairement pas une technique viable et le jeu vous le fera vite savoir. Chaque carte, de plusieurs kilomètres carrés, représente en effet la riante campagne allemande avec ses villages, ses collines et ses forêts.

Dans lesquelles se cachent beaucoup de monde… Et ce petit monde ne sera visible que si vous envoyez vos éclaireurs reconnaître le terrain. Il va falloir beaucoup micro-manager, trouver les failles dans les dispositifs défensifs, contourner, se préparer aux contre-attaques…

Le tout avec des explosions dans tous les sens, des soldats alliés gérés par l’IA qui dépasseront vos lignes pour aller accomplir leurs missions sur lesquelles vous n’aurez aucune prise, des contacts furtifs d’unités camouflées, des avertissements d’arrivées de renforts ennemis… C’est le bordel, on croit qu’on va être dépassé et on… presse espace.

Et là, c’est le miracle : on a le temps d’analyser. De donner tranquillement ses ordres, d’identifier la menace et de préparer ses troupes. Et comme il n’y a pas tant de troupes que ça, la pause ne dure pas des plombes ce qui ne casse pas le rythme.

Vous l’aurez compris, Regiments est un STR extrêmement dynamique qui reste accessible grâce à sa pause active. Le rythme des opérations est vraiment très soutenu et on ressort de chaque mission en tirant un peu la langue, mais sans la moindre frustration grâce à cette pause active.

Les pertes sont parfois élevées mais ça ne sera jamais la faute du jeu mais plutôt celle du joueur qui n’aura pas été attentif. Certes le joueurs humain est souvent en infériorité numérique mais ça ne rend pas le jeu trop difficile pour autant.

Mais même si je lui colle une bonne grosse étiquette STR sur le coin de la tourelle, Regiments n’est pas pour autant casual : il faut gérer les angles d’attaque pour attaquer les unités blindées sur leurs flancs ou dans le dos, surveiller les stocks de munition, ne pas hésiter à faire retraiter ses troupes pour qu’elles aillent se refaire une santé et surtout épargner le sang de ses hommes.

Les troupes gagnent en expérience et donc en efficacité, veillez à les conserver en vie ! Cela oblige à faire des pauses dans ses offensives ou à toujours garder une réserve pour intervenir sur les points chauds (oui, comme en vrai).

Une autre excellente idée est que même si vous êtes limité en points dans le nombre de troupes déployables en même temps (une section d’infanterie coûtera 50 points par exemple, tandis que des chars en coûteront 100), vous pouvez parfaitement appeler une unité sur la carte puis la renvoyer en arrière, récupérant ainsi ses points de déploiement, pour enfin en déployer une autre qui aura eu le temps de refaire le plein ou qui serait plus utile.

Je pense notamment aux unités anti-aériennes qui une fois la menace aérienne éliminée, n’ont plus trop d’utilité sur le champ de bataille. Ce système offre une grande flexibilité tactique, pour peu que l’on ait bien préparé son ordre de bataille en amont, bien entendu.

Regiments est donc un jeu qui se prend en mains en quelques minutes si on a déjà tâté un de ces STR modernes sans construction de base, mais qui demande beaucoup de concentration et qui sera sans pitié avec le joueur trop imprudent. L’IA est parfaitement à la hauteur bien qu’un peu prévisible, le découpage des opérations permet de faire de courtes sessions et le jeu est techniquement très propre.

S’il fallait vraiment chercher des défauts je vous parlerais de l’austérité de la narration ou du manque de multi-joueurs. Mais franchement, si vous voulez jouer à plusieurs, prenez vous Warno. C’est donc une excellente surprise venue de MicroProse et surtout une bonne pioche que d’avoir signé ce tout jeune studio qui, je l’espère, nous offrira encore d’autres bons titres guerriers. Allez hop, Dystoseal !

Genre : Stratégie Temps réel pausable

Développeur : Bird’s Eye Games

Editeur : MicroProse Software

Date de Sortie : 16 Août 2022

Prix : 25€

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Harvester

Collectionneur compulsif et un peu trop passionné, accumule jeux et livres en essayant d'entraîner un maximum de gens dans ses vices...