Pax Augusta
Ça ne vous est jamais arrivé de tomber sur quelque chose que tout le monde ou presque encense et qui vous laisse de marbre ? Cela peut-être un film, un album ou même un jeu vidéo. Vous reconnaissez les qualités exposées mais non, vous avez beau faire, la mayonnaise ne prend pas. Si vous avez déjà expérimenté cela, vous compatirez en lisant ce test de Pax Augusta devant lequel je reste dubitatif.
Je sais qu’il faudrait que je sois enthousiaste. Pensez, un titre développé en solo, historiquement très correct, un titre original s’éloignant autant que possible des autres city builders tant à la mode ces temps-ci. Ce serait criminel de ne pas l’aimer et encore plus de le descendre, ce dont je m’abstiendrai bien entendu.
Même si, et on va commencer par les défauts pour une fois, il y aura de nombreux reproches à adresser à Roger Gassmann. Tout d’abord – et je sais qu’il est déjà dessus depuis 7 longues années – pour moi Pax Augusta n’est pas en version 1.0. L’interface est perfectible et prend bien trop de place à l’écran, les bugs très nombreux et potentiellement punitifs, la finition laisse à désirer, avec des textes qui débordent des cadres ou qui se chevauchent…
Quand on voit le niveau de finition d’autres titres aussi développés en solo, on se dit qu’il y a encore de nombreux patchs à sortir avant d’arriver à un résultat propre. Mais passons outre ces imperfections – même si elles justifieraient une demande de remboursement pour les plus exigeants – et essayons de voir comment et pourquoi Pax Augusta conquiert les joueurs.

Après un tutoriel très expéditif qui laisse beaucoup d’interrogations, et permet de s’apercevoir qu’on n’est pas devant un énième city builder générique de PlayWay, nous voilà dans les sandales d’un jeune Romain qui désire acquérir prestige et richesse. Le joueur va donc devoir remplir une série de missions, en gros établir de nombreuses villes, à travers l’Empire Romain pour établir sa réputation.
Ce qui nous amène à la première originalité, à savoir les déplacements de villes en villes à bord de votre chariot, ce qui vous permettra de nombreuses rencontres, pas toujours agréables : voleurs vous détroussant, esclaves en fuite, légionnaires perdus… De quoi vous faire gagner et perdre du prestige et de l’argent selon vos réactions.

Remplir une mission débute invariablement par l’arrivée dans la nouvelle zone où on établira notre ville. On détermine le centre de la ville, d’où partiront les deux axes principaux et où sera construit le forum. Ce n’est pas un choix anodin car nos citoyens veulent tous habiter le long de ces deux routes perpendiculaires et le plus près possible du forum. Il faut donc planifier et imaginer à l’avance l’agencement de votre ville.
Le développement dans Pax Augusta est identique et différent à la fois des autres city builders : vous placez les habitations, leur offrez un accès au marché et à de l’eau, pour débuter, puis aux divertissements et autres temples. Et vous regardez tout ce petit monde vivre en regardant vos caisses se remplir. Bien entendu il va très vite falloir améliorer tout ça en commerçant avec les villes avoisinantes : nourriture, marbre, esclaves ou bois, tout ce qui servira à bâtir une plus belle cité qui attirera des citoyens de plus en plus fortunés.

Le joueur n’aura pas à gérer les flux ou la chaîne logistique, il suffit de construire les bâtiments travaillant ensemble dans une zone réduite, et devra simplement optimiser la place disponible. C’est d’ailleurs un autre reproche que je ferai au jeu : les zones constructibles sont bien trop petites et étriquées, on n’a jamais l’impression de pouvoir voir grand.
Et d’ailleurs cela se ressent au niveau des objectifs : vous devez établie ici une ville produisant du bois, là du marbre et une fois que l’économie et la production sont établies, on vous demande gentiment de passer à la suite et de laisser votre ville. Il n’y a donc pas d’attachement, on construit vite et bien et on passe à la suite. On est donc bien loin d’un Manor Lords ou d’un Foundation qui nous font amoureusement placer chaque chaumière.

Mais quelque part, c’est logique : Pax Augusta n’est pas là pour nous faire construire une ville capable de rivaliser avec Rome. Non, tous ces petits villages créés en Hispania ou Germania ne sont là que pour augmenter notre prestige et notre richesse personnelle, indépendante de celle des villes. On peut d’ailleurs se verser un salaire ou se servir dans les caisses, et surtout jouer avec la corruption pour augmenter son pouvoir. C’est d’ailleurs une composante qui m’a laissé de marbre, avec des demandes de soudoiement incessantes qui parfois sont bénéfiques, parfois non.
Cette composante rôlistique est donc le fil rouge de Pax Augusta et il vous faudra parcourir la carte dans tous les sens pour monter les échelons de la société. Malheureusement, et c’est là que c’est tombé à plat pour moi, l’histoire est balancée via des écrans moches aux textes peu lisibles et ne laisse que très peu de choix. De bonnes grosses ficèles donc, amenées via une mécanique ennuyeuse…

C’est ce qui me fait rapidement décrocher de Pax Augusta : je ne m’identifie absolument pas à ce jeune Romain bouffi d’ambition, les mécanismes de jeu sont grossièrement imbriqués et le manque global de finition est un repoussoir. C’est dommage, la phase de construction est sympathique, avec de bonnes idées comme ces jardins et échoppes individuels ou ce forum omniprésent.
J’aurais aimé prendre du plaisir sur Pax Augusta, le garder au chaud sur mon disque comme quelques autres titres. Son auteur a mis tout son cœur dedans, la communauté est très présente pour le soutenir et on sent le potentiel derrière un titre qui ose sortir des sentiers battus. Mais pour le moment c’est bien trop brut de décoffrage, bien trop buggué – trop Early Access pour son propre bien – pour que je vous dise de vous jeter dessus. Après, si vous voulez vous occuper en attendant Anno en restant dans le thème, pourquoi pas.
Genre : City Builder
Développeur : Roger Gassmann
Editeur : Senatis
Date de sortie : 17 Avril 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur