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Let Bions Be Bygones

Les premières secondes de Let Bions Be Bygones sont trompeuses. Ce visuel, ces gros pixels qui vous agressent la vue, ce défilement horizontal, ce personnage qui bouge au ralenti et refuse obstinément de courir, mais c’est bien sûr !

Et mes gros pixels ? Tu les aimes, mes gros pixels ?


Tout indique au joueur éclairé qu’il vient de mettre la main sur un énième point & click rétro dont la valeur ajoutée semble, cette-fois, tenir à son ambiance cyberpunk.

En d’autres termes, on se croirait dans une version relookée et blindée de filtres de l’antique Neuromancer (PC, C64, Apple II etc.), adaptée de vous savez qui (sans blague, si vous ne savez pas, sortez tout de suite de ce site et précipitez-vous dans une librairie pour acheter Neuromancien de William Gibson).

Les minutes suivantes vous démontreront que cette production, sortie en plusieurs épisodes, développée par l’équipe Bohemian Pulp et éditée par Microprose (oui, ce sont bien les mêmes ou presque et ça ne nous rajeunit pas) nous a bien feintés.

Si le jeu arbore les atours d’un traditionnel point & click, la mécanique de jeu est, en réalité, bien différente et s’apparente, dans les grandes lignes, à une sorte de Visual Novel (vous savez, ce genre de jeu étrange en provenance du Japon dans lequel vous vous contentez de lire des murs de texte et où vous n’avez, en apparence, que très peu d’influence sur le déroulement de l’intrigue).

Dans Let bions by Begones, tous les textes et dialogues s’affichent à droite. Le jeu est donc inutilisable sur Steam deck.

En effet, dans Let Bions Be Bygones, point d’inventaire, d’objets à ramasser ici et là et à assembler de manière improbable, voire même de puzzles. Le jeu délaisse tout le superflu et ne s’encombre que d’un glossaire et d’un carnet de notes (à prendre soi même). Ici, vos neurones seront essentiellement mis à contribution par les très nombreux échanges qui interviendront entre notre brave détective sans-le-sou et les différents personnages qu’il sera amené à rencontrer au fil de son enquête.

La promesse du jeu tient justement à ces nombreux dialogues et aux choix que vous opérerez, lesquels influeront sur le comportement futur de vos interlocuteurs et même sur la personnalité de votre personnage.

Ne cherchez pas, il n’y a strictement aucun objet à ramasser dans cette scène

Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, rembobinons quelque peu et revenons-en à l’intrigue. Et comme toute bonne intrigue cyberpunk post Sterling/Gibson, Let Bions Be Bygones suit les pas d’un détective has been, noyé dans sa bouteille d’alcool bon marché et, bien évidemment, sans la moindre perspective de job.

Ceux qui ont lu la trilogie Altered Carbon de Richard Morgan, récemment adaptée sur Netflix, ou les écrits des pères fondateurs du mouvement cyberpunk ne seront donc nullement surpris par cette transposition de roman noir à la Chandler dans un futur dystopeek. Ahem. Nous sommes donc dans une sorte de thriller passé la moulinette no future millésime 80’s.

Que vous soyez fan ou non de pixels, admettez tout de même qu’il y a une vraie recherche esthétique

Le jeu débute alors que vous, Cooper, jadis détective réputé et aujourd’hui éponge à gnole au chômage, vous éveillez difficilement d’une énième nuit de cuite.

A partir de là, les évènements vont s’enchaîner rapidement puisque vous allez rapidement vous faire baffer par les sbires de votre créancier, qui ne goûte que moyennement le rallongement non contractuel des échéances de paiement, faire un petit somme après un KO bien mérité et vous réveiller en présence d’une femme fatale qui n’a décidément pas sa place dans votre bureau sordide.

Le jeu est blindé de filtres pour accentuer encore l’aspect Cyberpunk

Cette dernière, manifestement suffisamment désespérée pour s’adresser à vous, est à la recherche d’une jeune fille des beaux quartiers venue s’encanailler dans les bas-fonds et disparue sans laisser d’adresse.

C’est à vous qu’il appartiendra donc de remuer la fange locale et de découvrir ce qu’il a pu advenir d’elle.

Quoi ? quelque chose vous choque dans cette scène ?

Comme je le disais un peu plus haut, le jeu ne propose que très peu d’énigmes et tire essentiellement sa force de sa dépiction de ce futur désenchanté (ouais, j’aime Mylène Farmer. Et alors ?) et de cette humanité quelque peu moribonde.

Heureusement, les dialogues sont suffisamment percutants et bien écrits et les différents personnages bien campés pour que cette exploration des turpitudes de ces humains 2.0 vous donne régulièrement envie de progresser dans l’intrigue.

Que serait donc un thriller cyberpunk sans bar à striptease ?

Pour peu que le visuel très spécial ne vous rebute pas et que vous ayez des affinités avec cette branche spécifique de la science-fiction, vous ne devriez clairement pas regretter cette virée cyberpunk, sous réserve d’avoir bien compris que le gameplay était ici réduit à sa portion la plus congrue.

Un jeu pour public averti donc mais une vraie bonne surprise dont le troisième et dernier acte vient justement de paraître. Une bonne raison de s’y mettre et de revoir le logo Microprose illuminer votre écran.

Genre : Point & Click sans click

Développeur : Bohemian Pulp

Editeur : Microprose

Date de Sortie : 30 avril 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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