Frostpunk 2
J’ai un avis très mitigé sur le premier Frostpunk. Si la difficulté ne m’a pas trop rebuté et si le concept m’a attiré, les incessants coups de pied dans le bide du jeu m’ont lassé. Dès qu’on arrivait à relever un peu la tête, le jeu nous jetait au sol pour nous rouer de coups. Pourquoi me lancer dans Frostpunk 2 alors ? Est-ce que j’espérais que les gens de 11 bit Studios étaient devenus sympas ? Ou même humains ? Un peu peut-être. Ou alors j’espérais qu’avec l’âge vienne la résilience.
Raté. Enfin, pas raté raté, car je peux vous l’avouer en gardant la tête bien droite et en vous regardant avec mes orbites gelées : je prends du plaisir en jouant à Frostpunk 2. Mais j’en chie toujours autant et je me retrouve régulièrement à me demander comment on peut haïr autant l’humanité pour proposer un jeu pareil.
Frostpunk 2 se déroule plusieurs années après son grand frère. La Terre est toujours glacée, les gens meurent toujours de froid rien qu’en allant chercher du pain et le joueur masochiste va toujours devoir prendre des décisions oscillant entre pires et horribles. Parce que bon, on est pas là pour rigoler.
Contrairement au premier, cet épisode ne vous fait plus construire en cercles autour de votre générateur. Il existe toujours mais vous allez devoir penser en districts : pour la nourriture, le logement, l’industrie, l’exploitation ou l’exploration, chaque district doit être placé sur une série de tuiles préalablement débarrassées de leur gangue de glace.
Mais vous le savez si vous avez joué au premier (ou vous vous en apercevrez bien vite), la gestion de la chaleur est primordiale. Il faut donc se débrouiller pour que les districts s’apportent mutuellement de la chaleur ou divers bonus apportés par différents bâtiments. Cela nécessite donc de planifier à l’avance et de gérer au mieux ses ressources car, Frostpunk oblige, celles-ci sont rares et dispersées.
On dresse son plan, on étend ses districts et on s’aperçoit bien vite qu’il va falloir envoyer des expéditions explorer les alentours pour s’en sortir. On développe donc l’exploration – comme si on avait besoin d’autres sources de gaspillage de ressources – et on se lance dans l’inconnu. Pour s’apercevoir qu’il va désormais falloir fonder d’autres colonies, certes moins grandes que votre ville de départ, mais tout de même conséquentes. Et organiser le flux de ressources à importer et exporter.
Le jeu serait déjà intéressant – et difficile – s’il en restait là, mais Frostpunk 2 est comme son aîné : tant qu’il peut vous filer des coups il va le faire. Vous allez donc devoir gérer les attentes de la population et des différentes factions qui la composent. Si on était dans un monde parfait, ou dans n’importe quel autre Colony Sim, vous seriez un dictateur et tout le monde la fermerait en obéissant.
Mais pas dans Frostpunk 2. Non, non, là vous allez devoir composer avec un Conseil. Des promesses. Des exigences. Vous voulez voter une loi pour envoyer les enfants à l’école, au lieu de les laisser traîner dans la rue où ils se bagarrent sans cesse ? Il va falloir soumettre la loi au vote et éventuellement convaincre les factions récalcitrantes de voter pour. Comment ? En leur promettant des choses.
Cela peut être une autre loi, un développement technologique particulier. Ce qui importe c’est que si vous ne tenez pas votre promesse, votre popularité avec cette faction en particulier va baisser. Mais si vous tenez votre promesse, alors il y a de grandes chances que vous vous en mettiez une autre à dos. Et j’ai pris l’exemple de l’école pour être gentil, mais très vite les décisions à prendre vont être beaucoup moins joviales…
Sacrifier des enfants dans une mine, laisser des migrants mourir de froid, rationner les gens, autant de bons moyens de faire une dépression en s’amusant. Frostpunk 2 est un descendant direct du premier, rien à dire de ce côté-là.
11 bit Studios a donc repris la formule du premier, à savoir un Colony Sim sans concession ni morale, qui vous envoie de galère en galère et qui vous oblige à jouer en flux tendu, les fesses au bord de la chaise, à vous demander comment vous allez vous sortir de ce énième coup dur. Mais il la magnifie avec une plus grande liberté pour le déploiement des districts et la colonisation du monde gelé qui vous entoure.
De plus, si le premier était fort présentable, Frostpunk 2 est quant à lui absolument superbe et deviendra très vite un générateur à fond d’écran, à condition d’aimer le genre glacé… L’interface est très claire et facile à prendre en mains et une fois le tutoriel passé (je vous recommande de ne pas le zapper) on ne se pose plus trop de questions.
Notons enfin qu’il y a de manière classique une campagne solo découpée en plusieurs longs chapitres, qui vous fera découvrir le jeu et enfin (et surtout) un mode bac à sable Utopia qui vous permettra de souffrir tout votre saoul. Parce que même s’il dispose de plusieurs niveaux de difficulté, Frostpunk 2 est un jeu difficile et punitif qui ne vous laissera jamais tranquillement profiter de votre colonie.
Genre : Colony Sim
Développeur : 11 bit studios
Editeur : 11 bit studios
Date de sortie : 20 Septembre 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur