Empires Shall Fall
Si j’ai découvert le jeu de stratégie au milieu des années 90, je n’ai pu m’y consacrer que plus tard, faute d’ordinateur en ma possession. Cette période révolue grâce aux millions d’euros de salaire que me reverse Dystopeek, je me sens parfois « nostalgeek » de mes moments de jeu sur Advance Wars, l’un des premiers jeux du genre à me suivre partout grâce à ma gameboy advance. C’était bien, Advance Wars. Tellement bien que j’ai longtemps cherché un équivalent de taille sur PC, loin des quelques ersatz peu engageants croisés ces dernières années. Quelle ne fut pas ma joie en découvrant Empires Shall Fall, sorti en février de cette année et qui, au vu des captures, semble être le parfait candidat pour replonger.
D’un point de vue scénaristique, on ne peut pas dire que Empires Shall Fall vagabonde vers des terres inconnues. Le terrible Empire noir progresse dans sa conquête du monde, appelée ici la Terre Liberté, freiné par les commandants de la légion bleue, bien décidés à mettre un terme à leur entreprise. Un synopsis rencontré 1000 fois sinon plus, qui vous fera tomber de votre chaise lorsque vous apprendrez que l’Empire noir fricote avec les aliens.
Clou du spectacle, les deux factions cessent de s’entendre, générant un triangle belliqueux qui constitue la base du scénario, que je vous laisse découvrir à travers 3 campagnes vous plaçant aux commandes de la légion puis de l’empire. Mais bon, entre nous, on s’en fiche un peu.
Sur le plan visuel, Empires Shall Fall fait en revanche un quasi sans faute. Il réussit à respecter la charte du parfait Advance Wars like tout en apposant la patte de son sympathique univers dieselpunk.
Au-delà d’un graphisme rétro bien lisse et digne de notre ère moderne, le jeu nous offre de jolis modèles détaillés et colorés, qui se dandinent sur la carte en attendant leur tour puis déversent un torrent de feu aux animations convaincantes lors des fenêtres de combat.
C’est exactement comme cela que j’imaginai le clone de mes rêves, une modernisation fidèle à l’original et avec son propre style. C’est également le résultat que j’attends pour un jeu qui cherche à faire du rétro en 2024 (Arc Seed, si tu me lis…).
Du beau travail. Mon esprit chipoteur trouvera l’eau et le brouillard de guerre en deçà, l’un chargeant l’écran et l’autre manquant de lisibilité, ainsi que la faction alien moins recherchée, mais dans l’ensemble c’est très bien.
Empires Shall Fall se débrouille également sur la partie stratégique, en proposant un clone du jeu de Intelligent Software auquel s’ajoutent une poignée de changements mineurs.
Les joueurs y capturent toujours des structures avec leurs fantassins pour augmenter leurs revenus ou développer leurs capacités de production, avant de partir à la castagne et grapiller au fil des tours les possessions de l’adversaire.
Les mécaniques sont exactement les mêmes, avec le soldat qui capture chaque tour à hauteur de ses points de vie, le camion qui transporte et ravitaille les unités en munitions ou les pouvoirs spéciaux de notre commandant.
20 ans plus tard je sais toujours y jouer. Le chausson ludique ultime.
Parmi les nouveautés, on notera la séparation de la base terrestre en casernes et usines de véhicules ou, plus clivant, la possibilité de rattacher des compétences aux unités.
Augmentation des dégâts si l’unité est affaiblie, amélioration de la portée de déplacement, récupération de points de vie à la fin du tour… En effet, si cet ajout élève sensiblement les possibilités stratégiques, l’une des caractéristiques de Advance Wars reste son déterminisme, son côté figé, presque au niveau du jeu d’échecs.
Hormis le choix de nos dépenses, des unités produites aux pouvoirs du commandant utilisés, le reste tourne comme une horloge suisse. Tout se calcule. Si les règles changent, est-ce toujours nécessaire de jouer à ce jeu ? Chacun se fera sa propre opinion sur le sujet.
M’enfin, tout cela ne change pas mon ressenti : Empires Shall Fall remplit sa mission première du parfait clone de Advance Wars (et il n’échappera pas à cette étiquette tellement ses intentions sont évidentes), seulement je ne ressens aucune envie d’y jouer.
C’est terrible la nostalgie, on attend des années de trouver la perle, le clone idéal de notre jeu de cœur, pour au final lui tourner le dos quand il se présente à nous.
Les goûts évoluent, les jeux aussi, et je préfère aujourd’hui m’asseoir devant le pc pour un jeu plus dense. En revanche, Empires Shall Fall convient parfaitement pour des séances de jeu nomade. Si vous possédez un Steam Deck et recherchez un jeu de stratégie calculatoire mais sans prétention, il mérite le coup d’œil.
Genre : Stratégie
Développeur : Weird Penguin Games
Editeur : Weird Penguin Games, Electronic Sheep Games
Date de sortie : 19 Février 2024
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur