Early Access: Ale Abbey
Comme tous les geeks qui se respectent, j’ai une barbe grisonnante et du bide, principalement dû à une consommation abusive de bière (d’après mon épouse, mais je reste intimement persuadé que j’ai choppé un virus lors d’une virée avec Baalim, le bougre m’amenant dans des endroits bien peu fréquentables). Un sujet sensible donc, auquel il m’a fallu faire face lorsque l’on a reçu une version Early Access d’Ale Abbey, dont la démo a été brièvement testée il y a quelques mois par notre Mouton des Enfers.
Vu le retour positif de notre ovin local, je me suis lancé confiant dans ce nouveau titre et… je dois dire que je n’ai pas été déçu tant la thématique est parfaitement exploitée : vous n’avez au départ qu’une petite abbaye qu’il va vous falloir aménager afin non seulement d’y faire vivre des moines et nonnes dans un confort maximal – parce qu’il faut quand même les garder heureux ces pauvres petits – mais aussi et surtout de développeur la brasserie qui vous permettra de vous enrichir pour recruter plus de religieux qui vous permettront de produire plus pour que vous vous enrichissiez encore plus pour…
S’il suffisait de gérer la bière comme un produit comme les autres, Ale Abbey serait intéressant mais ne tiendrait pas sur la longueur. En effet, s’il dispose d’un arbre de recherche bien touffu, le faible nombre de bâtiments différents ainsi que le thème lui-même font que l’on aurait vite fait le tour. Heureusement pour nous, les développeurs se sont dit qu’il serait intéressant de brasser la bière que l’on veut, c’est-à-dire choisir les dosages exacts des ingrédients nécessaires.
Pas de QTE ou jeu d’adresse pour ce faire, mais de simples jauges pour l’intensité, la saveur, la couleur et la mousse. Selon le type de bière ces jauges auront des valeurs à obtenir différentes, ce qui nous obligera à jouer avec non seulement la quantité d’ingrédients à ajouter mais aussi leur nature. Vous pouvez très bien vous contenter de faire de la bière basique mais vous vous apercevrez bien vite que plus une bière est unique, plus elle se vend cher.

Et de toute manière, vous aurez régulièrement des commandes exotiques pour débloquer de nouvelles villes, dont les habitants sont plus ou moins riches et recherchent différents types de bières. Il va donc falloir, et c’est là la relative difficulté d’Ale Abbey, essayer de trouver le fragile équilibre entre gestion des commandes, création de nouvelles recettes et brassage de ces dernières.
Parce que brasser coûte de l’argent : il faut payer les nonnes et moines et surtout acheter les ingrédients. Sachant qu’en plus, les premières tentatives de brassage sur une recette seront bien souvent décevantes, jusqu’à ce que le brasseur maîtrise son sujet. Et comme on l’a vu, plus la bière est de qualité plus on la vend cher. Créer une nouvelle bière est donc financièrement peu profitable et il faut avoir les reins assez solides pour arriver à développer l’abbaye – en achetant du meilleur matériel par exemple – en même temps que vous ouvrez de nouveaux marchés.

L’économie de l’abbaye sera donc en dents de scie, avec des moments où l’argent coulera à flot avant de le réinvestir en vidant les caisses. Toutes ces opérations seront à faire avec patience, car vouloir tout faire en même temps mènera bien souvent à la ruine, même s’il y a fort heureusement la possibilité de souscrire des prêts.
Créer de nouvelles recettes, rechercher de nouvelles techniques et autres équipements, aménager les locaux afin de rendre heureux vos travailleurs, payer les brigands (avec de la bière ou de l’argent) pour qu’ils n’attaquent pas vos livreurs, satisfaire les requêtes de l’évêque, faire vieillir les fûts – sans bien entendu oublier d’en garder pour la consommation des religieux – il y a de nombreuses choses à faire lorsqu’on découvre Ale Abbey. Ce sont des débuts intéressants et on ne voit pas les premières heures passer.

Le souci est qu’on se rend très vite compte qu’il suffit de brasser le même type de bière pour générer de bons profits et que les bières spéciales qu’on nous demande de créer ne sont qu’un one shot et qu’on peut jeter la recette juste après les avoir brassées pour honorer la commande. Il y a donc encore un peu de travail pour rendre le titre intéressant sur le long terme, mais Ale Abbey étant en Early Access, nul doute que les développeurs vont implémenter de nouveaux mécanismes.
Techniquement, Ale Abbey est parfait : la vue de côté permet un graphisme simple et épuré, très mignon et surtout permet de faire tourner le titre sur n’importe quelle bécane. La musique est parfaite et colle parfaitement au thème et même après plusieurs heures de jeu je n’ai pas eu envie de la couper, ce qui n’est pas rien.

Ale Abbey est donc un titre intéressant, notamment grâce à son thème original. Créer de nouvelles recettes est marrant – même si un générateur de noms de bière va tout de même s’avérer nécessaire – tout comme essayer de satisfaire les diverses demandes des villes alentours. Certes une fois le concept maîtrisé il est facile de boucler sur ce qui rapporte le plus, mais j’ai bon espoir que les développeurs rajoutent du contenu, et pas seulement de nouvelles recettes.
Pourquoi ne pas pouvoir faire pousser soi-même les ingrédients ? Ou offrir plus de variétés dans les pièces constructibles et la décoration de celle-ci ? Quoi qu’il en soit, Ale Abbey vaut déjà largement ses 15€ et offre déjà une bonne douzaine d’heures de jeu, à consommer par petites touches. Reste tout de même à travailler sur la profondeur du titre qui pourrait devenir un petit chef d’œuvre avec des mécanismes plus profonds.
Genre : Gestion de brasserie
Développeur : Hammer & Ravens
Éditeur : Shiro Unlimited
Date de sortie en Early Access : 18 Février 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur