Early Access: 9 Kings
Oyez oyez ! L’ennemi se trouve à 300 pieds de nos portes, notre château est attaqué ! Préparez la grille, les cartes et la catapulte. Nous combattrons jour après jour jusqu’à la mort de tous les rois adverses. 9 kings est plutôt du genre direct. Sans artifices, sans fioritures, avec ses graphismes rétro(p), une bande son qui côtoie celle de Pong et un concept général aussi rapide à comprendre qu’addictif : survivez au fil des tours (des années) aux assauts des rois ennemis jusqu’à ce que tous abdiquent ou périssent.
Comme de nombreux roguelites, après avoir choisi votre roi et tiré au sort ceux contre qui vous entrez en guerre, le jeu alterne entre deux phases, jouées ici sur un seul et même volet. D’un zoom vers le nord il vous place dans votre château, représenté par une grille de 3×3 vouée à s’étendre au fil de la partie. Durant cette phase active, le but consiste à jouer des cartes (en général une seule par tour) depuis votre main pour placer sur la grille des unités ou les améliorer.

La sélection se veut variée, avec des unités mobiles, des tours, des pièges et surtout des supports,.qui améliorent par exemple à chaque phase les statistiques des unités adjacentes. Dans l’idée, au vu du faible nombre d’actions et d’emplacements sur la grille, il faut veiller à optimiser ses placements pour créer les synergies les plus efficientes.
Le jeu continue ensuite par une phase de combat automatique face à des ennemis qui chercheront à atteindre votre donjon. Il s’agit d’une phase semi-passive, durant laquelle vous pouvez assister vos troupes en lançant frénétiquement votre attaque spéciale, différente selon le roi joué. L’un balancera des rochers grâce à une catapulte, un autre lancera un éclair depuis le ciel, quand d’autres écraseront une large zone ou invoqueront des unités sur le champ de bataille.

Une défaite vous coûtera une vie, quand une victoire vous enverra au tour suivant avec comme récompense de l’or, la pioche d’une carte parmi une sélection, puis parfois l’activation d’un évènement (arrivée du marchand de cartes, agrandissement de votre grille, gain de bonus tactique..). Et près de 30 jours plus tard, le dernier roi ennemi en lice viendra combattre en personne aux côtés de ses troupes pour une ultime bataille.
Si votre aide représente un avantage non négligeable au combat, le pan majeur du jeu réside dans la construction de votre deck et dans l’agencement de votre grille. Les assauts des rois adverses gagnent en intensité chaque jour. Sans une bonne évolution vous ne tiendrez pas la cadence même avec une bonne gestion de l’attaque spéciale.

Soyons aussi directs que le jeu. 9 Kings est un titre amusant, vite compris et expéditif (20 minutes le « run », sauf en mode endless). Il offre de plus une profondeur acceptable qui donne envie de relancer une partie pour essayer différents builds. Mais il ne possède pas le contenu nécessaire pour se renouveler et devenir aussi addictif souris en main que sur le papier. Les différentes contraintes évoquées (espace restreint, une seule carte à jouer par tour…) donnent au jeu un inévitable aspect puzzle et créent à terme une certaine redondance.
Une grande sélection de cartes aiderait à minimiser ce ressenti, malheureusement 9 Kings s’avère chiche sur ce point avec 67 cartes seulement (9 par roi + 4 bonus). Si l’on peut changer de roi (actuellement 7, bientôt 9) pour commencer avec un deck de départ différent, l’impact sur la variabilité reste faible car les cartes des rois affrontés envahiront le panel de cartes récompenses disponibles à chaque tour. Fidèle à ses racines de roguelite, le jeu intègre une progression méta qui vous octroie à chaque niveau des atouts, bonus à choisir parmis une belle sélection.

Bref, à moins d’être un féru des modes endless, un grimpeur de difficultés ou un théorie-crafter prêt à essayer les moindres variations de build, on fait le tour du jeu en 3h. Enfin, le jeu semble victime de soucis d’équilibrage entre les différents rois mais je ne m’étendrai pas dessus. Ils sont en effet peu gênants en dehors des difficultés supérieures et probablement en cours de correction au vu du suivi sérieux dont semble bénéficier le jeu.
Pour finir, à titre personnel j’éprouve aussi des difficultés à accepter un côté rétro aussi poussé, tant au niveau visuel que sonore, où le minimalisme frôle le minimum syndical. Le plus comique dans l’histoire : 9 Kings se permet des baisses de framerate sur les parties bien avancées.

Avec un tel choix technique, le rendu devient brouillon et l’on suit les batailles grâce aux compteurs d’unités, partiellement aveuglé par les milliers d’indicateurs de dégât qui recouvrent de façon frénétique le champ. Un peu plus de détails n’auraient en rien dénaturé le charme minimaliste du jeu…
Bref, en l’état la base est bonne mais même s’il s’agit d’un jeu à petit prix, 9 Kings nécessite un sérieux ajout de contenu pour devenir autre chose qu’un passe-temps éphémère ou un jeu mobile qui se serait égaré. Tout n’est pas perdu, le jeu commence à peine son accès anticipé et se trouve de plus entre de bonnes mains puisqu’il est édité par Hooded Horse, qui a jusque là toujours démontré son sérieux. Pour ma part, je m’installe avec ma chope dans la douve et j’attends de voir.
Genre : Stratégie
Développeur : Sad Socket
Editeur : Hooded Horse, Instinct3
Date de sortie : 23 mai 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur
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