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Contra: Opération Galuga

Nous voici réunis, très chers lecteurs, pour vous éclairer sur la dure vie des testeurs de jeux vidéo et leurs conditions de travail qui laissent fortement à désirer. Car, et vous l’ignorez peut-être, l’ennemi ultime, la Némésis du testeur, c’est le jeu vidéo. Vous savez, ce truc que, d’un côté du décor, le développeur s’acharne à faire, refaire, rebooter, remaker, remasteriser à l’envie. Et bien, de l’autre côté, tapis en embuscade, il y a le testeur. Et il se demande bien ce qu’il va pouvoir raconter.

Vous voyez ce que je veux dire ?

Dans certains cas, il sera aisé de pondre rapidement un test tant le jeu est exécrable et ne mérite guère de considération. Ça, c’est le mode facile. Un paragraphe sur l’indigence de la réalisation, un autre sur l’outrecuidance de ces gueux qui osent vous facturer leur chef d’œuvre à 60 € et hop, c’est pesé.

Dans d’autres cas, la tâche s’avérera plus complexe. Ici, le jeu sera bon et méritera aussi bien louanges qu’explications détaillées sur les subtilités de son gameplay (spoilons : ce sera le cas de l’excellent Unicorn Overlord dont le test apparaîtra en ces pages dans un délai plus ou moins incertain). Il s’agira du mode de difficulté qu’on qualifiera de moyen.

Reste le troisième cas de figure : « Git gud ».

Je ne vous cache pas que le ray tracing est discret…

Ici, le labeur du pauvre pigiste sous-payé (en réalité, pas payé, ainsi que je l’ai très récemment appris (NdHarvester : un contrat ça se lit jusqu’au bout…). Dans ce dernier cas, les choses seront bien différentes parce qu’il faudra se creuser sérieusement les méninges pour avoir de quoi remplir le test. La première étape ayant bien entendu consisté à faire dans le hors sujet complet en introduction.

C’est tout aujourd’hui dans ce cas de figure que nous nous trouvons avec la toute dernière version de la très célèbre série qui a quasiment inventé le run and gun, Contra.

Contra, c’est ce jeu d’arcade sorti par le naguère brillant Konami dans lequel deux gros bras, s’en allait restaurer la liberté et la démocratie à grand coup de flingues. Celui qui a innocemment hurlé Broforce n’a pas totalement tort. Il y a très clairement un lien de filiation entre les deux. Le succès du jeu sera tel qu’il bénéficiera d’adaptations sur quasiment toutes les machines de l’époque et, particulièrement, sur la NES de Nintendo, championne incontestée des ventes.

De l’eau, des plateformes et des muscles. Pas de doute, c’est un Contra.

Bien entendu, le développeur ne résistera pas à l’envie de prolonger le succès du jeu initial avec une première suite, Super Contra, en arcade et un troisième épisode, The Alien Wars, dédié à la nouvelle machine de Nintendo, la SNES, et a son fameux mode 7 qui permettait des effets encore rarement vu à cette époque.

Au fil du temps, la saga Contra verra différent épisodes plus ou moins réussis s’ajouter au trio original, à l’instar de l’excellent Contra Hard Cops: Uprising sorti sur Xbox 360 et PlayStation 3, du très difficile Contra: Hard Cops sorti sur la Megadrive de Sega ou encore du médiocre Néo Contra sur Playstation 2.

Récemment, Konami nous avait gentiment gratifié d’un épisode Rogue Corps particulièrement désastreux qui semblait sonner le glas de la licence. C’était sans compter les développeurs de Wayforward, créateur de la série de jeux de plate-forme aventure Shantae, qui s’était déjà illustré avec une relecture assez réussie de Double Dragon (Néon).

Là, c’est pas évident mais je faire un saut à la Metroid…. ou à la Sonic. Accessoirement, voici le traditionnel niveau en véhicule.

Alors que les carottes semblaient napalmisées après le ratage intégrale qu’avait été Contra: Rogue Corps, Wayforward et Konami jouent la carte du reboot presque servile. Ok, c’est de la 3D (mais sur un plan 2D, comme l’antique Pandemonium de Crystal Dynamics) et c’est moins punitif que l’original mais, manette en main, le retrogamer aura l’impression de se retrouver 40 ans en arrière. On court, on saute dans tous les sens et on flingue tout ce qui a le toupet de bouger.

Tout comme dans l’opus originel, le ou les deux joueurs – car Contra reste l’archétype même du jeu coopératif – pourront utiliser plusieurs types d’armes (laser, triple tir etc.). Tout comme dans la version SNES, ils pourront stocker les armes spéciales en alternant deux types de tir d’une pression de la gâchette droite. Tout comme dans Contra 3 (SNES toujours), vous aurez droit à une séquence à bord d’un véhicule motorisé (le gameplay reste sensiblement le même).

Vous le reconnaissez ?

Allons, soyons beaux joueurs : une touche permet de détruire votre arme pour la transformer en attaque spéciale et le jeu présente un mode histoire (oui, exactement comme dans Expendables). Visuellement, on est sur une production modeste. Ce n’est pas moche du tout mais les textures sont assez pauvres, le character design ultra classique, les musiques oubliables et les effets visuels assez peu nombreux et notables.

Bref, ça fait le taf, comme dirait l’autre, mais sans fioritures. Du côté des contrôles, rien à dire, ça bouge bien et les personnages répondent au doigt et à l’œil. L’animation est également irréprochable (en même temps, ce qui est affiché à l’écran ne risque pas de mettre les PS5 et Xbox Series à genou) et le rythme du jeu ne faiblit jamais. Alors, que dire face à ce qui se présente comme le John Doe du jeu vidéo ?

Des flammes, des flingues et des muscles ? Un célèbre odieux serait ravi.

Optons pour la réponse de Normand. Vous avez une affinité avec le genre ? Vous aimez les jeux d’arcade à l’ancienne ?

Ce nouvel opus, bien punchy, qui revient aux sources de la série, vous plaira très vraisemblablement même si je ne garantis pas que ce soit pour très longtemps. Dans le cas contraire (ou si, comme mon rédac chef, vous n’appréciez que les jeux de simulation les plus obscurs), l’expérience ne sera probablement pas aussi gratifiante.

Qui l’eut cru ? Un mode histoire est bien présent.

Et, en toute honnêteté, je ne suis pas certain qu’elle soit foncièrement supérieure à l’antique Contra III qui fête pourtant cette année ses 32 bougies. J’aurais franchement aimé être plus enthousiaste en redécouvrant une de mes séries préférées mais il aurait probablement fallu pour ça que Konami accepte de débloquer un budget un peu plus conséquent et laisse plus de marge de manœuvre à Wayforward.

On va dire que c’est un premier pas pour nous réconcilier avec Contra. On attendra la suite avec des étoiles dans les yeux en espérant que, cette fois, le grand ancien des run and gun, reprendra son trône.

Genre : Run & Gun

Développeur : Wayforward

Editeur : Konami

Date de Sortie : 21 Février 2024

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Baalim

Vieux joueur, atariste convaincu, collectionneur de trucs bizarres et hétéroclites, geek à ses heures perdues, pratiquement certain de n’avoir rien signé et de ne pas être payé, il se demande encore ce qu’il fait là.

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