Chains of Freedom
Quel plaisir pour moi de voir enfin, ces dernières années, la revanche des jeux tactiques au tour par tour ! Qu’elle aura été longue cette période où l’on ne jurait que par le temps réel qui faisait croire faussement que l’on était au cœur de l’action avec des décisions à prendre comme dans la réalité du combat alors, qu’hypocritement, on abusait de la pause tous les quarts de seconde pour changer frénétiquement d’ordre à nos sbires. Heureusement, tout ça est derrière nous et bon nombre de jeux proposent maintenant d’être au tour par tour sans rien enlever à la dynamique de jeu. Chains of Freedom est de ces jeu-là.
L’intro vous met tout de suite dans l’ambiance avec une courte séquence qui vous présente sommairement la situation où, comme vous en avez l’habitude maintenant, vous allez devoir encore une fois sauver le monde. Sobre et efficace, ce début va vous permettre de vous familiariser pas à pas avec votre escouade militaire d’élite et vous plonger dans des batailles tactiques au tour par tour de plus en plus complexes où il vous faudra vous adapter aux chalenges sans cesse renouvelés.
Dans une Europe de l’Est dystopeek, pardon dystopique, où une météorite s’est écrasée, propageant maladies et mutations, vous êtes des Pacificateurs sous commandement direct de la Souveraineté, seule entité capable de se protéger contre ce fléau. Vous êtes chargé, comme votre nom l’indique, de ramener le calme dans ces contrées hostiles. Il vous faudra donc bien choisir les équipements de vos soldats et quelles compétences leur assigner selon la tournure que prendra l’histoire. Car oui, ici pas d’expérience à gagner pour augmenter les compétences mais des artéfacts à récupérer qui donneront des bonus/malus et des avantages à qui les portera dans 5 emplacements à débloquer en cours de jeu.
Je ne rentrerai pas dans les détails du scénario pour ne pas trop divulgâcher ce qui est une partie importante de Chains of Freedom car en plus de vos actions et de celles de vos hommes sur le terrain, une trame narrative vous amènera à déjouer un complot de grande envergure mais chut… je n’en dirai pas plus !

Sur le terrain donc, tout est fait pour vous faciliter la vie mis à part les ennemis bien sûr ! L’interface sobre mais efficace vous rappellera par exemple les touches importantes au clavier ou à la console et basculera immédiatement si vous changez de périphérique. Pratique pour les indécis ! En revanche pas de possibilité de changer les affectations des touches/boutons mais pas de problème avec un clavier azerty.
Des images avec textes ponctueront les passages importants de la narration, qui reste malheureusement en anglais. La trame de Chains of Freedom se dévoile ainsi au fil de la progression de vos hommes puis vous ramène sur le terrain avec une nouvelle mission et des objectifs à accomplir. Les graphismes et les sons achèvent de vous plonger dans cette ambiance particulière, dans un état fictif hostile que vos hommes connaissent peu où il vous faudra pourtant progresser pour pouvoir survivre et découvrir la vérité car, c’est bien connu la vérité est ailleurs.

Lorsque vous êtes en phase de progression, vous pouvez basculer d’un soldat à l’autre d’une simple touche et toute l’escouade le suivra. Vous pouvez interagir, utiliser votre inventaire et surtout faire du crafting en fonction de ce que vous ramasserez pour fabriquer des munitions, pansements, explosifs ou autres. Les éléments sont aisément repérables sur le terrain par une icône lorsque l’on passe à proximité, ce qui vous évitera de tout vérifier un à un ou de passer à côté lors de votre progression. Vous basculerez en mode combat (en tour par tour donc), soit automatiquement lorsque des ennemis apparaitront, soit de votre propre chef pour une embuscade par exemple.
De manière générale, console oblige, seules les touches activables (autres que celles habituelles pour les déplacements, tirs et inventaires ou regroupements) seront indiquées l’écran ce qui facilitera la prise en main, au détriment d’une certaine profondeur de jeu que certains pourront regretter. En effet, si le crafting est bien présent, il reste limité à la création d’éléments déjà connus et ne permet pas d’amélioration et de personnalisation des équipements comme dans d’autres jeux ; la gestion de l’inventaire avec ses armes et cartouches appropriés, nourriture, et autres sont de la partie, les ordres donnés à nos soldats sont minimalistes : avancer, courir, se séparer et regrouper et… c’est tout !

Il y a aura bien des interactions avec le décor mais c’est au système de définir à quel endroit sauter une clôture par exemple. Pas de tirs d’opportunité ou de suppression possible (sauf encore si le système l’autorise sous certaines conditions et pas pour tout le monde). De même, pas de réaction adverse lorsque l’on leur passe à proximité !
La progression est donc bien scriptée, renforcée par des dialogues vocaux se déclenchant aux moments clés de la progression. Très bien pour l’immersion mais sans doute moins pour la rejouabilité.

On peut déplorer également le fait de disposer d’une vision élargie dès lors que l’on est en mode combat (on peut déplacer la caméra sur tout le champ de bataille) alors même qu’il est réduit au plus strict en mode progression (sans pouvoir dézoomer ou incliner la caméra, mais juste la tourner à 360° autour du soldat sélectionné). Vous n’aurez pas non plus le loisir de choisir votre position à l’issue d’une altercation suite à une image scénarisée avec dialogue. Pas de zoom possible, que ce soit pendant les progressions ou les batailles.
Tout cela concourt à donner, certes une image bien léchée et maitrisée, mais renforce dans le même temps l’impression de progression très scriptée et guidée que l’on a moins dans par exemple dans Jagged Alliance 3. Pas de possibilité non plus de conserver des points d’action d’un tour sur l’autre sauf si l’on possède l’artéfact adéquat.

Car dans Chains of Freedom comme dans de nombreux autres titres du même genre, chaque protagoniste à des points d’actions permettant de se déplacer, recharger, changer d’arme ou fouiller dans son sac. Encore une fois, l’interface est sobre mais efficace et l’on n’aura aucune autre indication sur ses adversaires que leurs points de vie et quelques renseignements sur leur façon d’opérer et leur état du moment (Hémorragie, sonné, paniqué, brulé, enragé, etc…).
L’IA semble correcte (sauf à foncer dans le feu en oubliant que ça brûle !) et réagit différemment en fonction de chaque propre mode opératoire des ennemis mais aussi de nos actions et sera assez coriace pour mettre en péril nos soldats s’ils n’ont pas été assez prudents, ingénieux ou tout simplement mobiles. Trois modes de difficulté sont là pour varier les plaisirs.

Vous l’aurez compris, Chains of Freedom n’est pas aussi fourni qu’un Jagged Alliance 3 par exemple (moins de personnages, avec moins de caractères et hauts en couleurs, moins de personnalisation du matériel et tout simplement moins de possibilités dans le gameplay) mais il ne prétend pas non plus être dans la même catégorie, à commencer par son prix.
C’est pourquoi, je vous le conseille malgré tout, car ses défauts restent mineurs et il saura vous occuper à la fois pour l’intrigue et les défis tactiques qu’il propose.
Genre : Stratégie
Développeur : Nordcurrent
Editeur : Nordcurrent Labs
Date de sortie : 15 Avril 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur