Builders of Egypt
Décidément, les sorties frustrantes s’enchaînent ces temps-ci. Après un Exfil pour lequel je n’ai toujours pas d’avis tranché, voilà qu’un titre que j’attendais depuis longtemps, comme la communauté d’ailleurs, me fait le coup de souffler le chaud et le froid. Frustration, espoir, vers où penche mon cœur lorsqu’il observe ce Builders of Egypt qui vient tout juste de sortir.
Je le suivais sur Twitter. Je lisais les news que le développeur solo livrait régulièrement. Il me faisait envie, il nous faisait envie avec ses airs de Children of the Nile, ses relents de Pharaon et ses jolis paysages égyptiens accompagnés d’une recherche historique sérieuse. La signature chez PlayWay aurait pu, aurait dû, être une bonne chose mais n’a fait que précipiter la sortie d’un titre qui n’était pas prêt.
Voilà, je l’ai dit : malgré toute la bonne volonté de Strategy Labs, malgré leurs efforts, Builders of Egypt est sorti bien trop tôt et souffre de tares qui pourraient bien lui coûter très cher. Alors oui, vous allez me dire que le développeur continue à patcher son titre pour colmater les brèches mais le mal est fait, surtout qu’il n’y a guère de place pour l’échec dans cette catégorie saturée et dominée par Manor Lords.
Mais en attendant Anno 117, n’y aurait-il pas moyen de quand même s’amuser sur ce Builders of Egypt ? Et bien tout va dépendre de votre patience et votre capacité à fermer les yeux sur des détails qui peuvent très vite ne plus en être.

Builders of Egypt est ambitieux : une quarantaine de missions, une centaine de bâtiments, gestion de l’économie et du militaire, il est évident que le développeur avait des ambitions et sûrement les yeux plus gros que le ventre. La campagne solo vous permet d’explorer tout cela, pas à pas, en visitant en même temps les bords du Nil.
Le souci d’avoir une campagne courant sur autant de missions, c’est qu’on dilue inévitablement le gameplay. Ce qui veut dire que les différentes mécaniques sont amenées une à une : une carte pour introduire la religion, une autre pour le commerce… Les habitués auront du mal à maintenir la flamme, les débutants apprécieront d’avoir le temps de faire les choses.

Mais pour cela il leur faudra quand même pas mal de patience car l’interface n’est pas un modèle du genre et il y a encore un nombre de bugs et autres détails énervants bien trop importants. Je pourrais parler des textes (en anglais) qui débordent des cadres, rendant le tout illisible, ou de ce fameux écran de chargement tout noir… Je ne blague pas, vous jouez et paf, écran noir pendant quelques secondes. C’est normal, c’est le jeu qui charge. Ai-je mentionné la caméra qui refuse parfois de bouger ? Des entrepôts dont les stocks restent inexplicablement inutilisables ? De cette économie qui s’effondre d’un coup sans que l’on sache pourquoi ?
Pourtant il y a – sur papier – tout ce qui fait un bon jeu de gestion : des filtres permettant de voir les édifices à risque, des bâtiments variés, des chaînes de production vous obligeant à importer et/ou exporter certaines ressources, des petits villageois qui se promènent un peu partout, c’est mignon tout plein et on peut, entre deux soupirs d’exaspération, profiter d’un jeu certes classique mais tout de même intéressant.

Parce que tout n’est pas à jeter dans ce petit Builders of Egypt, loin de là. Bon c’est sûr, si vous avez joué à un city builder lors de ces dix dernières années vous savez déjà y jouer mais quand même, tout est réuni pour vous faire bâtir des villes majestueuses et c’est un plaisir de débloquer la centaine de bâtiments les uns après les autres. Je n’ai pas encore réussi, bien entendu, car je suis bien trop occupé à… attendre que les patches sortent pour pouvoir continuer ma partie.
Parce que je sais que le développeur ne va pas laisser son bébé dans cet état-là. PlayWay a précipité la sortie après avoir signé le titre, c’est une évidence. L’éditeur polonais sort les jeux par dizaines, dont beaucoup de clones. Mais parfois au beau milieu de son catalogue il y a une gemme en devenir.

Et je reste persuadé que Builders of Egypt avait (et a encore, si on reste optimiste) un énorme potentiel et que son avenir n’aurait pas du tout été le même en étant chez un autre éditeur, comme Hooded Horse (complètement au hasard), qui lui sait donner le temps et les moyens à ses développeurs. Non non, je ne pense pas du tout à Manor Lords, Norland ou Workers & Resources: Soviet Republic en disant ça…
Mais voilà, Builders of Egypt a fait les frais d’un démoulage bien trop prématuré et de la politique foireuse de son éditeur. Est-ce la faute du développeur d’avoir voulu assurer son avenir en signant chez eux ? Je vous laisse juger. Mais les bases du city builder sont là, le contenu est monstrueux mais la réalisation technique catastrophique les fait passer en arrière-plan. Aurez-vous la patience – et 20€ – d’attendre que le jeu soit fini par son développeur ?
Genre : City Builder
Développeur : Strategy Labs
Editeur : PlayWay S.A.
Date de sortie : 8 Janvier 2025
Testé sur une version presse fournie par l’éditeur