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Imagine Earth

Vous en avez marre des city-builders qui vous enferment dans des carrés ? Les hexagones vous sortent par les yeux ? Et même les jeux laissant une liberté totale dans l’agencement et l’orientation des bâtiments comme Foundation ou Ostriv ne vous satisfont pas ? Réjouissez-vous car après des années d’Early Access, Imagine Earth est sorti et vous propose un nouveau format pour bâtir votre petite colonie de l’espace : le triangle.

Concrètement, ça ne révolutionne rien, simplement, c’est… une autre forme. Qui a cette particularité d’avoir trois côtés (je précise pour les moins assidus à l’école), donc trois faces auxquelles coller d’autres bâtiments ou ressources naturelles pour en tirer des modificateurs.

Mais revenons au début. Imagine Earth est un city-builder en temps réel avec des éléments compétitifs. On débarque sur une planète, on exploite les ressources et on essaie de se développer plus et mieux que les petits copains venus faire la même chose.

On peut rester chacun dans son coin ou aller agresser les voisins pour leur piquer du territoire. Voire terraformer son petit chez lui et inonder ses bâtiments en baissant le niveau des terres. Par contre vous ferez ça tout seul, pas d’option multijoueur, l’IA sera votre seul adversaire.

Autre surprise : la campagne scénarisée qui sert de tutoriel (en tous cas au début) est très bonne. Elle introduit les concepts en douceur et si elle raconte une histoire sans relief, elle propose des challenges qui retiennent l’attention. Amis développeurs, voilà à quoi doit servir un tuto : non pas à vous demander de zoomer et de cliquer sur le bouton droit de la souris, mais bien à vous montrer l’intérêt du jeu.

Par conséquent, cette campagne / tuto est longue. Très longue. Certains éléments ne sont présentés qu’après la troisième ou quatrième mission, soit plusieurs heures de jeu si on prend son temps comme je l’ai fait (une preuve que j’ai apprécié l’expérience). Pourtant comme déjà dit, sur le papier rien n’est révolutionnaire.

On commence avec un triangle « centre-ville ». On y accueille des clampins qu’il faut nourrir, leur filer des objets de consommation et de l’énergie pour qu’ils soient contents de rester. Mais comment ? Fermes bio, élevage, pêche ? Utilisation des ressources minières, forestières ? Centrales au pétrole, au charbon, éoliennes ?

Tout est possible… mais pas en même temps (surtout au début). On dispose de jetons distribués chichement pour débloquer les technologies et il faut choisir la plus adaptée à l’environnement dans lequel on a choisi de poser ses valises. Mais aussi peser le pour et le contre entre production massive, pollution et coût de construction.

Dans un modèle très vidéoludique, la pollution salit les triangles, mais surtout augmente le score de dégradation de l’environnement planétaire. Passé un certain seuil, des transformations massives sont à prévoir (montée des eaux, tornades…). Toute ressemblance avec un certain rapport 2021 du GIEC est évidemment volontaire.

Comme vous l’avez également deviné, l’impact de chaque compagnie concerne tout le monde et on pourra infliger des taxes et autres malus aux plus gros pollueurs de la planète lors d’un « conseil de l’ONU » ou encore utiliser cette excuse toute trouvée pour aller casser la gueule au gros dégueulasse qui fait tourner ses 4×4 au pétrole.

On peut aussi acheter le territoire adverse en lui rachetant des parts de sa compagnie, ce qui est la base du scénario de la campagne. Il est un peu inégal, la traduction française n’est pas parfaite mais ça se laisse suivre. Attention quand même, il est très directif et truffé d’interruptions. Ce rythme m’a rappelé d’une certaine façon Frostpunk dans le genre « city-builder narratif ». Je l’ai plutôt bien vécu mais ça ne plaira pas à tout le monde.

Là où le bât blesse, c’est quand on lance une partie bac à sable ou en mode « sans fin ». Même si elles sont finement paramétrables, sur des cartes générées aléatoirement, leur intérêt est de nous mettre en concurrence avec plusieurs IA dans une course à la victoire. Une expérience de mon point de vue moins satisfaisante que la campagne. Le rythme change et on rentre dans une compétition de clics et d’optimisation au poil de pangolin, sans la possibilité de montrer sa supériorité à d’autres joueurs. Devenir meilleur que l’IA n’est pas un challenge qui m’intéresse.

Seuls les « pouvoirs » conférés par les temples autochtones et autres gadgets achetés aux marchands attirés par vos spatioports viennent apporter un peu de variété. Une fois les bases maitrisées, tout l’intérêt du jeu repose sur sa capacité à se renouveler… et c’est là qu’Imagine Earth m’a perdu.

La fameuse maxime sur le voyage qui compte plus que la destination se vérifie à nouveau. On passe un bon moment pendant l’apprentissage, il y a quelques bonnes idées qui mériteraient d’être reprises dans de futurs city-builders mais malheureusement on arrive trop vite au bout du chemin. On sait alors jouer au jeu, libéré de toute narration, on rentre dans un jeu compétitif et on perd le côté chill qui me plait dans le genre « colonisation de planète dans le turfu ».

On peut bien sûr jouer en mode « Endless », mais j’ai trouvé le jeu pensé vers l’interaction et la compétition avec l’IA ; seul sur une planète sans challenge, l’intérêt s’essouffle encore plus vite.

Pour autant l’ensemble n’est pas à jeter. La direction artistique est d’un niveau correct ; elle tend un peu vers une apparence de jeu mobile et certains éléments manquent de lisibilité (même si l’interface fait un bon boulot pour compenser) mais ça n’est pas un frein. La partie sonore est malheureusement plus quelconque.

Développé par le studio allemand Serious Bros et publié après sept années de développement, Imagine Earth ne manque pas d’intérêt et c’est au bout d’une dizaine d’heures de jeu que j’ai atteint certaines limites. Demandez-vous ce que vous cherchez avant de vous intéresser à ce titre tout de même vendu 25€ ; on n’est pas en présence d’un jeu de construction de base classique où chaque partie vous happera jusqu’au petit matin. Mais si vous aimez calculer vos actions avec plusieurs coups d’avance et vous adapter à l’environnement, vous y trouverez un casse-tête malin bien que répétitif.

 

Genre : City-builder

Développeur indépendant : Serious Bros.

Site officiel

Plateforme : SteamGoG

Prix : 24,99€

Date de sortie : 25 mai 2021

Testé sur une version presse fournie par l’éditeur

Ruvon

Chaologue pas encore retraité, traître renommé, survivant accompli. Mon domaine, c'est le jeu vidéo, du FPS hardcore au point&click niais, et depuis toujours amoureux du tour-par-tour.