Jeux vidéoJouer

Humankind

Amplitude Studios revient avec un nouveau Civ-like après Endless Legend (leur 4X précédent qui n’avait pas vraiment réussi à me convaincre ). Avec Humankind, nous entrons en concurrence directe avec le sacro saint Civilization puisque on doit ici aussi suivre une tribu, de l’Antiquité à l’ère moderne. Alors, qu’en est-il de ce 4X comparé à tant d’autres qui ont tenté de s’attaquer à la license phare de Sid Meier ?

Réservez votre merveille !

Si je suis toujours impressionné par la qualité de l’interface et la simplicité de prise en main offertes par les jeux Amplitude, je leur ai aussi souvent reproché leur manque de profondeur comparé à des titres certes moins sexy mais beaucoup plus riches (Distant Worlds restant ma référence au niveau 4X spatial par exemple). Tout cela pour dire que je n’attendais pas spécialement le titre. Cependant, Humankind arrive dès les premières minutes à vous impliquer dans la sélection de votre première tribu. Vous pouvez créer votre propre leader, qui ici ne sera pas directement lié à une civilisation.

Avoir des unités c’est bien mais il faut encore les ressources nécessaires (en plus de la technologie)

Car la grande particularité du titre est que vous n’allez pas jouer qu’une seule civilisation. Le jeu est divisé en plusieurs ères et, lors du passage de chacune, vous pourrez choisir entre rester avec votre civilisation actuelle, ce qui vous rapportera plus de points de gloire mais vous obligera de faire impasse sur les nouvelles unités uniques et autres particularités de civilisations plus modernes ou passer à une autre.

Au fil de la partie, vous pourrez donc devenir Egyptien, polonais, Indien afin de continuer à toujours étendre votre empire sur le monde. Cet élément de gameplay, s’il casse peut-être un peu le côté « historique » (déjà très léger dans le genre), permet vraiment à la partie de se renouveler en cours de route et de donner envie d’essayer une autre civilisation lors d’une partie suivante (même si les différences outre cosmétiques pour le centre ville sont surtout au niveau des bonus).

C’est moi la star

Pour atteindre une nouvelle ère, il faudra faire progresser votre civilisation en accumulant des « étoiles » qui permettent de montrer le progrès que vous faites dans tel ou tel domaine (guerrier, construction, expansion, rechercher…). A vous donc de décider si vous voulez vous focaliser sur un élément ou l’autre en particulier et si vous préférez passer à l’ère suivante afin de bénéficier de nouveaux avantages et recherches, ou si préférez patienter encore un peu pour profiter de l’ère en cours. Ce changement peut parfois être perturbant si vous ne faites pas attention à ce qui se passe chez l’ennemi comme lorsque vous êtes en guerre contre les Hollandais et puis que vous réalisez que vous négociez maintenant avec les Mexicains parce que l’IA a progressé entre temps, la couleur du joueur sur la carte restant heureusement la même.

Chaque choix va non seulement apporter des bonus différents mais aussi impacter vos relations extérieures.

Mais Humankind offre d’autres éléments de gameplay particuliers. Déjà la carte est divisée en territoires (chacun avec ou sans ressources), comme dans tous les 4X vous décidez où placer votre ville mais vous ne pouvez avoir qu’un nombre limité de villes sans malus. Il faudra donc idéalement créer des postes avancés pour les territoires environnants et puis les rattacher à vos villes pour assurer l’expansion de celles-ci. Ce système a bien sûr un coût en « influence » qu’il faudra accumuler et qui pourra aussi servir à assimiler des tribus neutres ou faire des changements de lois civiques.

Ces lois permettent au fur et à mesure du jeux de positionner votre faction sur le spectre politique et d’influencer vos relations avec les autres civilisations. Le système de ressources va lui se révéler en cours de partie au fur et à mesure des avancées technologiques et il faudra vous assurer de la disponibilités suffisantes de certaines (soit via les échanges commerciaux soit via la conquête) pour construire les bâtiments et les unités les plus puissantes.

L’accès aux ressources stratégiques est crucial.

La religion a aussi son importance et est un autre moyen d’augmenter sa main mise et son influence sur les peuplades environnantes. Placer des lieux de culte, choisir des bonus spécifiques et voir votre religion s’étendre sur des territoires étrangers est satisfaisant. Malheureusement, une fois le maximum atteint ou votre civilisation passée officiellement athée, le système perd un peu de son intérêt. Même chose pour la recherche, cruciale en cours de partie : une fois l’arbre totalement recherché (souvent lorsque vous continuez une partie malgré une victoire), vous remarquez qu’il n’y a ensuite plus de réel intérêt à toute la quantité de recherche qui s’accumule et les bâtiments que vous avez construits pour l’encourager.

On perd un peu en lisibilité au bout d’un moment même si ça correspond assez bien à l’évolution humaine.

C’est selon moi, le point faible du titre, le « end-game » n’a pas un intérêt énorme et risque de limiter la rejouabilité, un mécanisme de décadence ou de rébellion dans vos territoires aurait été bienvenu. Aussi une fois la dernière ère atteinte la carte perd un peu en lisibilité avec des immeubles partout qui se ressemblent trop, au point que j’ai parfois dû activer les informations d’hexagones afin de savoir où se trouvait mon aéroport ou port tellement les différents districts de mes cités se ressemblaient. Les ères en fin de partie se succédant assez vite, je pense que la dernière ère aurait bénéficié d’être découpée en deux afin d’éviter les zéros japonais remplacés en quelques tours par des avions de chasse modernes. D’ailleurs la modernisation des unités va paradoxalement en limiter la variété (et donc l’intérêt).

Mélange typique du genre, ce n’est pas sale !

Les développeurs ont tenté d’augmenter l’intérêt des combats, plus question ici de stacker un max d’unités sur un hex (ou autour) afin de massacrer l’ennemi. Ici lorsqu’un combat se déclenche, une zone de combat est déterminée, sur laquelle vous pourrez vous déplacer de manière tactique. Le terrain a alors toute son importance (parfois trop parce que la déclivité donne un très sérieux avantage mais handicape parfois la lisibilité de la bataille) et vous pourrez jouer au général avec vos troupes en trois phases avant de voir passer au tour de jeu suivant, ce qui permet au besoin d’apporter des renforts de l’extérieur s’ils sont assez proches pour pénétrer dans la zone de bataille. S’ils sont plaisants à regarder et faciles à prendre en main, il faut reconnaître que les combats peuvent aussi prendre un temps non négligeable à résoudre, heureusement il est bien sûr possible de les résoudre automatiquement.

Le jeu est aussi plaisant visuellement.

Les mouvements ne peuvent pas être accélérés mais la résolution de tour est assez rapide et le jeu n’empêche pas de commencer celle-ci alors qu’un mouvement est encore en cours (en tout cas s’il s’agit d’un déplacement simple). Aussi d’autres mécanismes manquent encore un peu d’impact et de profondeur (la pollution par exemple). Ce n’est pas pour autant que l’on doit bouder le plaisir de jeu, car Humankind est agréable à jouer, plaisant à l’œil, assez fun avec une musique de très bonne qualité qui reprend beaucoup de thèmes anciens remis au goût du jour. Il est rare que je m’arrête sur une bande son vidéoludique, Humankind est une exception à ce niveau et la musique (outre celle en combat) ajoute réellement au plaisir de jeu.

Nan mais fallait pas me pardonner, vraiment pas.

Si l’IA ne représente pas un réel challenge en mode normal, le jeu promet quelques bonnes parties en multijoueur, car il n’est pas question de déclarer la guerre à tout va ( si c’est possible, cela entachera sérieusement votre réputation). Pour mener une guerre à bien, il vous faut le soutien de votre population et pour cela il aura fallu rencontrer des frictions et avoir des phases de crise avec vos voisins. Celles-ci se déclenchent surtout suivant les différences entre nations donc on est parfois un peu indécis lorsqu’on est plus puissant qu’un ennemi, qu’on aimerait bien l’attaquer sans s’attirer l’ire de tout le monde mais que l’IA est bien consciente qu’elle va se faire atomiser et tente donc par tous les moyens de désamorcer les différentes crises. Bref, le système est ingénieux et fonctionne assez bien car il n’est pas question de mener une guerre d’extermination si votre peuple est fatigué de la guerre, il faudra donc parfois accepter de faire la paix même lorsque tout est à votre avantage.

Kaboom !

Humankind est donc un bon jeu et qui plus est, un bon 4X, très agréable à jouer. Le syndrome du « encore un tour » est clairement présent et on se retrouve vite à ne plus voir le temps passer ce qui est bon signe (sauf pour votre sommeil). Si j’ai quelques réserves sur la rejouabilité à long terme et le end game (qui n’est pas horrible loin de là mais aurait pu bénéficier d’un peu plus de profondeur), je sais aussi qu’Amplitude Studios fait un suivi solide de ses jeux. J’ai donc bon espoir de voir celui-ci continuer d’évoluer. C’est donc une bonne surprise, qu’il est aisé de recommander et un titre que j’espère voir continuer de grandir afin qu’il s’installe sur le long terme.

Développeur : Amplitude Studios

Editeur : SEGA

Genre : Civ like, 4X

Date de sortie : 17 aout 2021

Prix : 49,99€

Page Steam

SA_Avenger

Le Belge taciturne du groupe, pas fan de quoi que ce soit mais touche-à-tout aux goûts éclectiques, amoureux du cinéma, de littérature et de chanson française à texte, bref un nostalgique invétéré. Ancien beta testeur hardcore, je joue encore régulièrement à des jeux obscurs aux règles complexes que je termine d'ailleurs rarement.