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L’Expédition Perdue

Il y a des jeux où les planètes s’alignent pour ne pas les prendre. Le boss sortant un « tu vas te lasser très vite » (sa mémoire l’ayant occulté avec le temps), une direction artistique qui me rappelle des mauvais souvenirs (j’y reviendrai dans la partie idoine) et les retours sur un jeu trop difficile ont été les principales raisons de ne pas craquer pour L’Expédition Perdue de Peer Sylvester, édité par Nuts! Publishing avant aujourd’hui. Et pourtant, le jeu reçoit un Dystoseal bien mérité après une dizaine de parties.

Pour commencer, le thermoformage est fonctionnel à savoir qu’il est possible de ranger les cartes du jeu de base d’un côté et celle de l’extension de l’autre. Rien de fastueux, mais la possibilité d’ouvrir le jeu comme un livre sans faire de bruits étranges en ouvrant la boîte.

Tout rentre dans la boîte de base.

Le matériel est de qualité avec des cartes au format tarot pour mettre en avant la direction artistique et rendre les cartouches très lisibles. Les aides de jeu sont simples et claires. Pour un jeu de ce format, c’est très agréable. Ajoutons à cela que la règle du jeu est limpide avec un petit historique sur les influences qui ont permis au jeu d’exister et nous ne sommes pas loin du sans faute.

Il existe trois modes de jeu : le mode coopératif, le mode solo et le mode compétitif. A mon sens, le jeu donne sa pleine mesure dans un esprit des joueurs contre le jeu, mais l’aspect compétitif peut plaire à certains. Le but du jeu est simple : atteindre l’Eldorado. Pour éviter un pavé indigeste et fort peu compréhensible, je vais essayer de donner les grandes lignes de gameplay. Une manche se passe en deux phases principales : la matinée et la soirée.

La matinée consiste à poser six cartes dans l’ordre croissant et la soirée à faire de même sauf que les cartes seront à poser soit à gauche, soit à droite pour le mode solo et seulement à droite pour le mode coopératif sans prendre en compte leur numéro. A la fin de la matinée et de la soirée, il faut dépenser une nourriture sous peine de perdre des points de vie. Facile en apparence et ô combien hasardeux sauf que le jeu est beaucoup plus subtil que « je pose et advienne que pourra ». Le joueur est toujours impliqué dans le choix des cartes puisque la main de cartes est disponible dès le début de la manche et sa gestion fait partie intégrante du jeu. Trois cartes de la main du joueur seront jouées en mâtinée et autant en soirée. Les trois autres pour chaque phase seront issues de la pioche.

Six cartes à poser en matinée et en soirée avec des choix cornéliens entre prendre des ressources, avancer, risquer la mort à chaque instant ou poser la carte au mauvais moment. La couleur des cartouches permet de savoir ce qui nous attend : Jaune c’est obligatoire, rouge il faut choisir et bleu c’est optionnel. L’iconographie est claire dès la première manche : blanc = dépense; noir = gain.

C’est une belle matinée qui s’annonce !

Il est rare de voir un jeu qui ne demande aucun retour à la règle après sa première lecture et l’Expédition Perdue en fait partie. Je n’ai pas eu besoin de m’y référer après la première manche. J’ai même pu expliquer le jeu rien qu’avec les cartes aides de jeu en appui. Et c’est vraiment appréciable quand tes joueurs sont peu enclins à t’écouter plus de cinq minutes sans râler.

La soirée qui envoie du rêve.

La direction artistique sublime la mécanique du jeu avec ses graphismes inspirés de la bande dessinée franco-belge, notamment Blake et Mortimer. Bande dessinée que je n’ai jamais aimée et qui m’a fait beaucoup hésiter avant de prendre le jeu. Pour l’anecdote, j’ai des parents dont la culture bande dessinée est limitée (Tintin et Astérix) et qui, pensant me faire plaisir, m’ont offert un volume de Blake et Mortimer à Noël. Je pense que mon visage en a plus dit sur ma joie immense de recevoir ce cadeau toujours au fond d’un placard et jamais lu que toutes les paroles du monde.

Dès que j’ai lu un retour de joueurs parlant de l’influence Blake et Mortimer pour l’Expédition Perdue, je n’ai même pas eu envie d’aller voir plus loin. Et pourtant, j’ai fini par céder aux sirènes du jeu. Autant dire que j’ai regretté d’avoir attendu si longtemps tellement les graphismes sont de toute beauté et favorisent grandement l’immersion dans cette quête pour atteindre l’Eldorado.

Ce qui n’arrivera pas souvent.

Conscient de la difficulté du jeu initial dans un sens comme dans l’autre, l’extension Fontaine de Jouvence ajoute des modules pour faciliter ou au contraire, augmenter la difficulté du jeu. Pas de grandes évolutions de gameplay venant alourdir le jeu, les nouvelles cartes s’insèrent dans le jeu de base grâce à une numérotation décimale bien trouvée et les cartes où les joueurs se déplacent peuvent gagner quelques petites contraintes. La direction artistique est toujours aussi réussie et l’apparition du fantastique redonne de la fraîcheur au jeu.

Merci William !

A noter qu’il existe quelques cartes goodies disponibles sur le site Nuts ! Publishing. Deux des trois paquets sont actuellement en rupture, mais devraient revenir un jour. Dispensables, mais ils ajoutent un peu de nouveauté pour qui a déjà poncé le jeu. D’autres goodies existent, mais ils sont difficilement trouvables, ou à un prix déraisonnable. Il existe aussi un mode campagne disponible sur BGG. L’auteur a aussi fait une version Judge Dredd qui n’a pas été localisée en français. Peut être un jour…

Ma Dream Team.

En résumé, L’Expédition Perdue et son extension parviennent à retranscrire aussi bien mécaniquement qu’artistiquement la recherche de l’Eldorado. Facile à prendre en main, mais difficile à maîtriser. Le jeu mérite amplement son Dystoseal.

Genre : Survie en en milieu hostile sans fard à fossettes.

Auteur : Peer Sylvester

Illustrateur : Garen Ewing

Editeurs : Osprey Games et Nuts! Publishing

Prix : 19,90€ le jeu de base et 13,50€ l’extension.

Test sur une version achetée par mes soins et les goodies offerts par Nuts!

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.

2 réflexions sur “L’Expédition Perdue

  • Jean-Christian

    Chouette petit résumé qui contient malheureusement une erreur.
    En soirée on n’a pas le choix, on pose les cartes toujours à droite (et non à gauche ou à droite)

    • Machiavel

      Je vais ajouter une petite précision puisque la règle de poser les cartes toujours à droite sont pour la variante coopérative alors qu’en solo tu peux poser à gauche ou à droite.

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