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Sabrina l’apprentie sorcière : Salem, moi non plus.

Netflix propose une nouvelle version de Sabrina l’apprentie sorcière basée sur la nouvelle version comics de Sabrina l’apprentie sorcière qui a connu au moins deux adaptations. Celle avec Melissa Joan Hart qui s’apparente à une sitcom avec un Salem caustique et la version dessin animé. Je connais la première, moins la seconde. Toutes les deux inoffensives et pas trop mal foutues, surtout la première (et non, je ne parle pas (que) de Melissa Joan Hart). 

Fais pas ta goth, t’es pas assez dark ! 

Le personnage existe depuis un certain temps sous l’égide d’Archie Comics. Sabrina est l’enfant d’un sorcier et d’une humaine. En gros, c’est un sang-mêlé comme Harry Potter, mais en blonde. Elle fait partie des deux mondes et ce n’est pas sans occasionner quelques soucis. Son familier est un chat noir (cliché quand tu nous tiens), elle vit avec ses deux tantes (Hilda et Zelda qui n’a aucun rapport avec un personnage qui respire la nature). Elles sont des sorcières âgées de plusieurs centaines d’années, vénèrent Satan et toutes les répliques à caractère religieux sont détournées. Zelda est incarnée par Miranda Otto qui n’aura jamais franchement percée après son rôle d’Eowin dans l’adaptation du Seigneur des Anneaux.

La nouvelle adaptation reprend tout ça avec Harvey le petit ami humain, les ami(e)s de Sabrina, des méchants très méchants. Par contre, l’univers se veut beaucoup plus sombre. Malheureusement, le gore de certaines séquences ne cache pas la superficialité de l’ensemble.

Difficile de ne pas reconnaitre la qualité des effets spéciaux, de bonnes idées de mise en scène, mais que c’est lisse dans le fond. A chaque fois que la série pourrait dépasser le stade de série pour ados inoffensives pour embrasser son propos, elle s’arrête devant la ligne rouge.

Des promesses, toujours des promesses. 

Le début de la première partie de la série est laborieux pour ne pas dire pénible. Le créateur ne sait pas quelle direction prendre : sérieux, comédie, entre les deux, grand guignol…, au point de se demander si les épisodes n’ont pas été écrits entre deux prises (je caricature). Et à un moment, ça décolle. La série se met sur ses rails et ça fonctionne tellement bien que j’ai attendu la seconde partie avec impatience. Le cliffhanger de la première partie promettait une Sabrina badass qui embrasse son côté sombre.

La seconde partie arrive et c’est le drame. La série reprend son petit train train comme si la promesse était oubliée. Pendant la première partie de la seconde partie, la promesse d’embrasser enfin son sujet est déçue. La seconde partie de la seconde partie se décide enfin à pousser les curseurs et ça refonctionne. A croire que c’est le but de faire mariner pendant cinq épisodes pour lâcher la purée sur les cinq derniers. Le cliffhanger est franchement moins intéressant.

J’ai des choses à dire et je le fais savoir 

Sabrina est aussi une série de son temps qui veut aborder des sujets très graves. La première partie était foncièrement féministe sans y aller trop fort. La seconde partie passe la vitesse supérieure et assène sa vision féministe avec une telle subtilité que ça en devient insupportable. Le méchant est un misogyne extrémiste alors toutes les femmes de la série vont être des féministes. Un peu de subtilité aurait été apprécié. Je ne suis pas la cible pour la série qui s’adresse aux jeunes adultes, mais j’ai espoir en la jeunesse. Je la crois suffisamment intelligente pour comprendre le sous texte sans avoir à lui faire rentrer dans le crâne à coup de masse.

C’est d’autant plus étonnant que le sujet du changement de genre est abordé intelligemment. Le personnage n’est pas traité comme une caricature et plusieurs scènes abordent ce que cela implique avec un minimum de subtilité. C’est assez paradoxal d’être en capacité de traiter un sujet aussi sensible avec beaucoup de tact et ne pas l’être avec le féminisme.

Verdict : Enfer ou paradis ? 

J’ai eu beaucoup de mal à écrire cet article parce que la série a le cul entre deux chaises (c’est plus facile pour moi d’écrire quand j’aime ou pas du tout). D’un côté, elle a un casting excellent, de bonnes idées de mise en scène, des sujets de société et une identité visuelle ; de l’autre, elle sombre dans la caricature en traitant du féminisme sans subtilité, ne va pas jusqu’au bout quand elle en a l’occasion, n’assume pas son univers et ses codes. Elle est comme tous ceux qui parlent, mais n’agissent pas.

Est-ce que la troisième partie sera enfin au niveau ? J’ai envie d’y croire et je l’aime bien. Elle a ce petit quelque chose de l’ordre du plaisir coupable. La seule chose qui me manque, c’est de voir la série s’émanciper de son étiquette trop sage.

Et Salem dans tout ça ? La série le zappe gentiment alors moi aussi sauf pour le jeu de mots raté du titre.

Machiavel

Toujours à l'affût de ce qui peut piquer ma curiosité, peu importe le domaine avec une légère préférence pour les jeux vidéo, le cinéma, la littérature, les séries TV, les jeux de société, la musique, la gastronomie, les boissons alcoolisées et quelques autres petites choses . Ma curiosité est telle le tonneau des danaïdes, sans fond.

Une réflexion sur “Sabrina l’apprentie sorcière : Salem, moi non plus.

  • Joli résumé qui relate bien mon ressenti global sur la série. J’ai été hypée à un moment puis pof, ça tombe à plat et on repart sur des choses moins sympa au lieu de pour suivre dans la lancée !
    Et effectivement l’évolution du Père Blackwood n’est pas très fine et parfois agaçante malgré quelques idées intéressantes.

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